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X-Out: Resurfaced

Honnêtement, j’y croyais un peu, cette fois, quand Môssieur le rédac chef de Dystopeek m’avait affirmé et je cite : « J’ai une nouveauté pour toi ! EvilBlackSheep le voulait mais vu le plébiscite des lecteurs après tes derniers tests, le jeu est pour toi ». Là, déjà, j’aurais dû me méfier. Après tout, ma brillante critique de la démo Hangry m’avait valu… 14 lecteurs de passage (ne mentez pas, j’ai vu les stats). Mais bon, la vie ne vaut d’être vécue que tant qu’il reste de l’espoir, comme dirait l’autre. Et bien, autant vous le dire tout de suite, l’espoir s’est bien foutu de ma gueule. Parce que, figurez-vous que la nouveauté en question, X-Out: Resurfaced, est un jeu sorti en… 1989, sur C64, puis l’année suivante sur cette machine du démon qu’était l’Amiga 500 (ne soyons pas bégueules, il est également apparu sur cette magnifique machine qui était l’Atari 520 ST).

Autant vous dire que la dernière fois que ce jeu était une nouveauté, François Mitterrand était encore Président et Jacques Chirac Maire de Paris. Notre Président actuel était probablement en train de faire connaissance avec le corps enseignant. C’est vous dire l’âge canonique de ce nouveau jeu que m’avait promis le patron. Passé une certaine désillusion et parce que je garde le secret espoir de tester un jour GTA 6, je vais donc ravaler mes espoirs déçus et tester vaillamment ce X-Out: Resurfaced.

Je rappelle, pour les plus jeunes, que X-Out est une jeu qui appartient à la catégorie populaire en ce temps des « bute les tous en faisant des pew pew pew » (ce qui peut être traduit par Shoot’em up dans une langue plus barbare).

Développé par Arc Developments et édité par l’excellent Rainbow Arts (Turrican, Simulcra, The Great Giana Sisters, Denaris, ça vous parle ?), le jeu est un shoot’em up à scrolling horizontal qui fait une belle démonstration des capacités des machines de Commodore (croyez-moi, j’assume à peine cette phrase. Si on me cite un jour, je prétendrai que ce passage a été écrit par ChatGPT).

Bien évidemment, et vu le succès du titre, il a été porté un peu partout ailleurs, de la version ZX Spectrum, en monochrome en raison des limitations de la machine, aux versions Atari ST ou Amstrad CPC. Le jeu aura d’ailleurs droit à une suite, Z-Out, dont il ne serait pas incongru, à ce stade, d’imaginer une ressortie.

Bref, fast forward vers l’année 2022 au cours de laquelle l’éditeur INNIN GAMES, spécialisé dans le rétro gaming et déjà évoqué à de multiples reprises en ces pages, annonce, à la surprise générale de la quinzaine de types qui se souviennent encore du jeu, avoir acquis les droits de cette ancienne gloire de l’Amiga (cette version étant plus célèbre que la version C64 originelle). Près de trois ans plus tard, X-Out s’apprête à faire son grand retour. Oui, j’ai accès aux jeux AVANT leur sortie et mes tests sortent des mois APRÈS. J’ai honte.

Les premiers instants vont permettre au testeur en carton que je suis de constater que l’on se trouve ici dans le haut du panier du marché retrogaming. À la manière dont le titre s’affiche sur l’écran de mon beau téléviseur LCD moderne, il est évident que l’on a ici droit à une belle remastérisation et pas une simple repackaging propulsé par un émulateur lambda, comme c’est hélas bien trop souvent le cas. Et le geste est d’autant plus appréciable que X-Out bénéficie, en 2025, d’une aura que l’on qualifiera de modeste.

Bien que magnifié par cette nouvelle adaptation, le jeu reste fondamentalement un shmup (shoot’em up) classique de l’école européenne de l’époque ; celle qui a été traumatisée par l’immense R-Type, essentielle clé de voûte du genre (même si Gradius et les autres classiques de l’arcade ont également laissé des traces). Bref, on navigue ici dans le sillage des Agony (Psygnosis), Apidya (Kaiko), Silkworm, Blood Money (Psygnosis encore et toujours) ou encore Projet X (Team17).

Le gameplay ne surprendra personne : le jeu défile selon un scrolling horizontal et votre petit vaisseau s’échine à dézinguer tous les petits salopards flottants qui rêvent de le voir mourir dans d’affreuses souffrances. Notez que je romance peut être un peu vu que le scénario et la mise en scène ne sont pas forcément le point fort des shoot’em up de l’époque. Ce qui, soit dit en passant, n’a pas foncièrement changé 30 ans plus tard. Ici, les choses sont simples. Ce sera vous ou eux. Et c’est généralement celui qui part avec le plus gros laser a les meilleures chances de survie.

Bien évidemment et tout aussi classiquement, votre vaisseau sera doté d’un tir principal, d’un tir secondaire et d’éventuels satellites. Là où les choses sont un brin plus originales, quoique ce soit très relatif, c’est lorsque le jeu vous offre la possibilité de customiser votre vaisseau, ses armements ainsi que les différents modules satellites. A vous de choisir l’option la plus appropriée pour survivre à chaque niveau.

Bien évidemment, il faudrait faire des choix puisque votre pécule ne vous permettra pas tous les luxes. Ce mécanisme rappellera probablement des souvenirs aux amateurs de Forgotten World ou de U.N. Squadron, tous deux signés Capcom (l’air de rien, il n’est pas si étonnant que l’éditeur ait été le plus friand de ce genre de système). Pour résumer et à l’exception du système d’armement, nous sommes en présence de la lignée la plus orthodoxe du flingue les tous (ou Shmup, c’est selon). Là où les choses prennent, fort heureusement une tournure plus sympathique, c’est au niveau de la réalisation de cette version remasterisée.

Alors que nous avions pris l’habitude de voir débouler sur le marché des éditions bâclées ou des simples repackaging de vieux jeux émulés plus ou moins correctement, on sent que l’éditeur ne nous prend pas pour des pigeons. Manette en main, quatre constats s’imposent immédiatement. Le premier ? Ce remake est décidément très joli avec son nouveau format 16/9, ses effets lumineux qui simulent l’action sous-marine. Le visuel, retapé pour nos télévisions modernes, en jette pas mal sans pour autant trahir le pixel art d’origine et les discrets effets de lumière et de déformation simulent bien l’aspect aquatique du jeu. Ensuite, cette saleté de jeu est toujours aussi dure avec ses reliefs mortels, ses hordes d’ennemis qui tirent dans tous les sens.

Le troisième : la bande son, dont le thème principal était signé du célèbre Chris Huelsbeck, a été bien été retravaillée et sonne agréablement même si elle est un peu trop couverte par les bruits de tir. Et enfin, manifestement mes réflexes se sont quelque peu émoussés au cours des 30 dernières années. Oubliez tout ce que vous connaissez sur les shoot’em up actuels avec leur minuscule hitbox qui permet de survivre aux pires bullet hell de la création. Ici, pas de quartier. Chaque élément du décor veut vous buter au moins autant que les nuées d’ennemis qui déferlent à l’écran.

Mes souvenirs de la version Atari ST sont peut-être émoussés mais il ne me semblait pas me rappeler que le décor était aussi furibard et prêt à vous étriper à la moindre occasion. Bref, le jeu est dur, intransigeant et il mettra vos réflexes à rude épreuve pour espérer en voir le bout. Et comme le jeu n’entend nullement céder aux sirènes de la modernité, ne comptez pas sur la possibilité de reprendre votre partie à partir du dernier stage atteint. Idem pour les crédits supplémentaires.

Chaque niveau remporté de haute lutte vous octroiera – potentiellement – un submersible complémentaire et il faudra vous contenter de ça pour espérer voir l’écran de fin. A vous de voir si vous êtes prêts pour un gameplay aussi old school et sans pitié. Au chapitre des regrets, il est quelque peu décevant que la version d’origine n’ait pas été intégrée en tant que bonus, histoire devoir le chemin parcouru avec cette remastérisation.

Au final, on a droit avec ce X-Out à une ressortie de belle qualité mais qui ajoute quelques complications supplémentaires aux aspérités d’origine, histoire de vous rappeler que le gameplay à l’ancienne, c’était pas pour les rigolos.

Genre : Shoot’em all

Développeur : KRITZELKRATZ 3000 / Rainbow Arts

Editeur : ININ Games

Date de sortie : 20 février 2024

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.