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Reynatis

Alors que le monde du RPG n’a d’yeux que pour la nouvelle production réalisée par les créateurs de Persona (il s’agit de Metaphor: ReFantazio d’Atlus pour ceux qui ne suivent pas), il semblerait qu’un jeu réalisé par Natsume Atari et édité par Furyu et Nippon Ichi Software (NIS), qui ne sont pourtant pas des débutants, soit passé complètement à la trappe (et il semble que les tests recensés sur open critics ne soient pas très chaleureux). Ce jeu, c’est Reynatis et son scénariste, Kazushige Nojima, a notamment bossé sur Final fantasy VII et X. Excusez du peu.

Je comptais vous parler du jeu Il y a un bon mois et demi de cela mais c’était sans compter ma bonne vieille PlayStation 5 qui a décidé de me lâcher. Pour avoir déjà testé à l’époque de la Playstation 2, le SAV Sony, ce n’est toujours pas idéal. Bref, j’ai enfin pu récupérer ma machine et lancer cet Action RPG qui, sur le papier, me semblait plutôt prometteur.

Dans le monde de Reynatis, la magie est omniprésente mais peu acceptée par la société. Une police spécifique, la MEE, a été spécifiquement créée pour traquer les magiciens et combattre les crimes et délits de ceux qui se découvrent subitement des pouvoirs magiques.

À l’opposé de l’échiquier, on trouve la guilde, une coalition de magiciens qui refusent de se soumettre au pouvoir des simples humains qu’ils considèrent leur être inférieurs. L’histoire vous fera alterner entre deux groupes que tout devrait opposer mais, comme vous vous en doutez probablement, rien ne sera aussi simple.

Vous suivrez les aventure de Sari Nishijima, une ancienne policière, qui a trouvé la mort lors d’une interpellation et qui s’est relevée d’entre les morts subitement dotée de pouvoirs magiques. Elle exerce désormais au sein de cette Task force dédiée à traquer toutes sortes de magie. Son histoire n’a rien de particulièrement originale puisqu’il s’avère que bon nombre de magiciens ne prennent possession de leurs pouvoirs qu’en passant de vie à trépas.

Lors d’une mission de routine, elle tombera nez à nez avec notre second personnage principal, Marin Kirizumi, un pur magicien qui a décidé d’opérer en solitaire et dont l’objectif semble, assez prosaïquement, de devenir le plus fort de tous les magiciens.

Sans déflorer particulièrement l’histoire, je me contenterai d’indiquer que le déroulement des événements est assez dynamique et que l’intrigue principale, qui alterne les aventures de nos deux héros au gré des chapitres qui la composent tient suffisamment en haleine pour que le joueur gavé de JRPG ne sombre pas dans la narcolepsie devant sa manette, ce qui, en ce qui me concerne, semble être de plus en plus courant. 

C’est donc avec plaisir qu’on suit le cheminement des différents personnages qui viendront se greffer à Sari et Marin (tout en se doutant bien que leurs fils narratifs respectifs finiront à un moment ou un autre par se croiser).

En dehors de son scénario pas désagréable et plutôt bien rythmé, Reynatis dispose d’autres arguments de poids à faire valoir sur un marché aussi saturé qu’à bout de souffle (c’est un avis personnel mais si vous voulez envoyer des insultes, je vous communiquerai avec plaisir l’adresse email du rédac’ chef). Le jeu, qui se veut une sorte de Beat’em up / RPG propose un système de combat particulièrement bourrin et rapide. 

Nos personnages, qui se battent souvent en groupe, peuvent libérer leur puissance de magicien ou rester sous forme humaine. Dans les deux cas de figure, ils disposent de coups spéciaux qui se rechargent avec un traditionnel cooldown. Bien évidemment, le jeu reprend tous les poncifs du genre : touche d’esquive, ennemis protégés par une armure qu’il faut détruire préalablement, coups imparables qu’il faut éviter à tout prix, mécanisme de ciblage etc.

La subtilité du système de combat tient au fait que les esquives sont essentielles car elles permettent de charger une jauge qui, une fois chargée à bloc, permet de libérer un super coup ou des attaques rapides particulièrement dévastatrices. Ok, ça aussi, c’est classique. Ce qui l’est moins, c’est que ce système de contre-attaque est essentiel pour venir à bout des boss tant ils semblent insensibles aux coups normaux.

Or, l’esquive doit être parfaitement chronométrée pour permettre de lancer une animation destinée à recharger la jauge de magie. L’air de rien, ça me rappelle un peu le système du sublime Shadow Hearts II créé par Sacnoth et sorti sur Playstation 2. Comme vous l’aurez compris, le jeu incite donc à la prise de risque puisqu’il faut se mettre en danger pour pouvoir déclencher ces contres et recharger ainsi sa barre de magie.

Plus classiquement, le gameplay propose d’alterner, lorsqu’ils sont disponibles, entre plusieurs membres de l’équipe qui, bien entendu, disposent chacun de coups spécifiques. Tout aussi classique, il existe un certain nombre d’items utilisables en combat ou lors des phases d’exploration. Un conseil, ne négligez pas les stocks de potions avant de partir en expédition.

L’autre point fort du jeu tient à son character design très soigné avec des artwork parfois magnifiques (sérieusement, regardez l’image en tête d’article) et des modèles 3D qui, bien que largement en deçà, ne sont pas vilains à regarder. 

Au niveau de la réalisation, nous sommes, comme dans toute bonne production japonaise, dans une moyenne relativement basse qui évoque plus un jeu PS3 lissé avec des modélisations plutôt sommaires, des décors qui bénéficient toutefois d’effets graphiques réhaussant le niveau, et des personnages qui, fort heureusement, se trouvent largement magnifiés par le cell-shading et leur chouette character design (oui, je me répète).

Si la modélisation reste très perfectible, le jeu présente au moins l’avantage de tourner particulièrement bien et en 60 images par seconde. Je n’ai pas noté de ralentissement ou d’effets de tearing, ce qui hélas de plus en plus courant de nos jours. L’aliasing est également très discret, de sorte que le jeu paraît graphiquement très propre en dépit d’éléments qui ont tendance à apparaître ou à se complexifier à la dernière seconde. 

Alors que je m’étais pas mal ennuyé sur certains JRPG récents (comme le dernier Trail of Steel. Oui, j’ai un peu honte), j’ai trouvé Reynatis très engageant. Au chapitre des regrets, on pourra reprocher une caméra assez capricieuse qui rend difficilement lisible et assez bordéliques les combats à plusieurs.

Contenu de l’importance de chronométrer le bon moment pour contrer une attaque ennemi, c’est assez regrettable et ça force parfois à compter essentiellement sur la chance pour déclencher les phases de contre.

Globalement, le système de jeu est aussi dynamique qu’il est entravé par des problèmes de lisibilité durant les phases de combat. Il est parfois compliqué d’éviter les tirs ennemis tout en se concentrant sur un adversaire au corps-à-corps. De la même manière, le système de contre trouve assez vite ses limites lorsque deux adversaires sont quasiment superposés l’un sur l’autre pour vous taper dessus.

Autre reproche assez classique, les musiques sont assez redondantes et tapent assez vite sur le système. Il me semble, par ailleurs, qu’elles ne sont pas forcément raccords avec le thème et le visuel du jeu. Un peu dommage quand on sait qu’elles sont l’œuvre de Yoko Shimomura, compositrice attitrée des Kingdom Hearts et d’un paquet d’autres jeux célèbres (comme Street Fighter II, Final Fight ou encore Front Mission).

Sans demander forcément du Nine Inch Nails ou du Perturbator, Il me semble qu’un style un peu plus Rock Indus n’aurait pas fait de mal mais j’imagine que c’est plus une question de goûts personnels. Autre sujet légèrement problématique, le jeu n’hésite pas une seule seconde à vous faire zapper des dialogues et les cinématiques sans proposer d’un journal de bord (vous savez, ce truc très utile dans les Visual Novels qui vous permet de retracer tous les dialogues passés).

En bref, évitez d’appuyer un peu trop compulsivement sur les boutons au risque de vous priver des cinématiques et d’un certain nombre de pans du scénario. C’est tout con mais on regrette rapidement les jeux où il faut maintenir le bouton appuyé pendant quelques secondes pour zapper une cinématique. Du côté des regrets, on pourra déplorer un bestiaire assez peu varié, des décors un peu vide et une carte assez limitée qui se concentre sur un quartier Shibuya imaginaire.

Note : l’artwork juste au dessus se trouve, avec beaucoup d’autres à l’adresse : https://www.creativeuncut.com/art_reynatis_a.html

Les PNJ se souvent les mêmes et on trouve parfois plusieurs clones dans la même rue. Enfin, le jeu fait purement et simplement l’impasse sur l’équipement. Ici, vous n’influerez que sur le choix de « Wizart », sortes de magies développées au fur et à mesure de votre progression. Il est assez facile de supposer que le budget allouée au jeu n’était pas énorme. Petit détail amusant, les coéquipiers discutent souvent via leur messagerie téléphonique.

Je vous suggère de vous en servir car les dialogues sont parfois rigolos et servent à créer une cohésion au sein de votre groupe. Au final, Reynatis est une excellente surprise que je ne peux que recommander vivement aux amateurs de JRPG malgré ses évidentes limitations.

Genre : JRPG

Développeur : Natsume Atari / FuRyu

Editeur : FuRyu / NIS AMERICA

Date de sortie : 27 septembre 2024

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.