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Wonderland Nights: White Rabbit’s Diary

J’aurais vraiment voulu vous parler de Wonderland Nights: White Rabbit’s Diary. Oui, vraiment. Le truc, c’est que les premières images du jeu m’ont fait pleurer des larmes de sang. Oui, vraiment. Je sens que tous les goûts sont dans la nature (après tout, certains ici apprécient les films de super héros et les wargames, c’est dire le niveau d’éclectisme – super valable – et de masochisme ambiant mais quand même, donner une tronche pareille au lapin d’Alice au pays des merveilles, était-ce raisonnable ?

Vous êtes sérieux, là ? Il a vraiment cette tronche, votre lapin ?

Grâce à ce jeu, j’ai découvert que le concept de l’uncanny valley était exportable aux illustrations en 2D. Vous ne me croyez pas ?

Jugez donc par vous-même :

Humm. Non, je ne dirais rien

Oui, voilà. Bon, je n’ai pas les statistiques mais je subodore qu’on a quand même perdu quelques lecteurs sur ce coup-là. Maintenant qu’on a écrémé les rangs et conservé uniquement les plus courageux, il est temps de rentrer dans le détail. Est-ce que ça suppose d’autres screenshots traumatisants pour les amateurs de la version Disney ? Affirmatif.

Wonderland Nights: White Rabbit’s Diary, comme son nom l’indique, se déroule dans l’univers créé par ce bon vieux mathématicien Lewis Carroll alors qu’il essayait désespérément d’attirer l’attention de son élève.

C’est pas gagné pour trouver un truc distrayant

Dans ce jeu qui hybride Time management et Visual Novel, ce bon vieux lapinou a été chargé par la Reine de Cœur d’organiser les festivités au cours desquelles elle entend inviter ses homologues des trois autres royaumes (trèfle, pique et carreau) et celui-ci angoisse sérieusement.

Car, voyez-vous, toutes ces braves têtes couronnées se haïssent, se méprisent et se jalousent les unes les autres. Il suffira donc d’une étincelle pour que tout explose au royaume de cœur et ça, Lapinou est bien décidé à l’empêcher.

Afin de prévenir de menus désagréments comme une déclaration de guerre ou un assassinat au sein de la haute société, notre chancelier à fourrure (gare, je commence à manquer de synonymes, sobriquets et paraphrases) devra user de toute sa diplomatie pour gérer les égos surdimensionnés de ses invités (ce qui, soit dit en passant, ressemble étrangement à une réunion de la rédaction de Dystopeek).

De chaque décision prise pourra, au grand dam de notre champion de l’équilibre politique (vous voyez que je fatigue, hein ?) découler une catastrophe potentielle.

Tout l’enjeu pourrait donc sembler consister à négocier avec chacun des hôtes et à les cajoler tout en prenant garde à ne pas sembler leur être trop favorable et en espérant qu’ils quittent tous les festivités raisonnablement vivants. L’air de rien, ça ne serait pas aussi simple que vous semblez le croire. Coup de chance, vous n’aurez pas à vous en préoccuper.

Ne rêvez pas trop, vous n’êtes ni chancelier, ni diplomate et votre rôle consiste essentiellement à organiser le planning des activités ludiques des braves têtes couronnées du royaume de Wonderland, histoire de les occuper jusqu’au dîner qui conclura chacune des quatre soirées des festivités.

Bien évidemment, les rivalités, rancœurs et relations qu’entretiennent les souverains et leurs familles avec leurs oncles, tantes, nièces et neveux (l’ouverture du patrimoine génétique n’est pas trop à l’ordre du jour) vous compliqueront sérieusement la tâche.

Chaque activité sera l’occasion d’en apprendre un peu plus sur chacun des convives et sur la nature des relations politiques existant entre les quatre royaumes. Le choix de couples, puisque chaque activité requiert deux participants, permettra également d’influer sur le vote du soir.

En effet, cette réunion des têtes couronnées a surtout pour objectif d’organiser, chaque soir, un vote qui définira les grandes orientations politiques pour l’année à venir : libre échange ou marché fermé, usage de la magie ou prohibition, liberté de circulation ou cloisonnement des frontières etc. Sur le papier, le programme est alléchant.

Sans trop vous spoiler, je pense qu’il ment.

Manette en main, c’est malheureusement un peu moins le cas puisque le jeu va vite se révéler être une expérience inductive répétée ad nauseam : hop, je mets le roi de pique à la dinette avec la nièce de carreau et on verra bien ce qui se passe (quoique, vu les lignées, j’ai bien une idée).

Heureusement, le jeu consignera dans un journal les découvertes de notre chancelier/majordome à fourrure, ce qui permet de revoir rapidement les affinités/inimitiés et d’éviter de refaire les mêmes expériences.

Bien évidemment, chaque situation nouvelle entraînera de nouveaux dialogues permettant d’en savoir un peu plus sur chacun des personnages. Pour être honnête, si le principe et la possibilité d’interagir avec le monde de Lewis Carroll sont alléchants, Wonderland Nights: White Rabbit’s Diary m’a vite laissé sur ma faim.

Etrangement, le character design semble moins déplaisant en noir & blanc

Arrivé à la quatrième journée de la première partie, j’en avais déjà marre et je louchais sur ma collection de jeu en me demandant déjà à quel autre jeu j’allais passer (spoiler : Go! go! pogogirl et, là non plus, ça ne sera pas la joie).

Alors, bien sûr, je ne suis peut-être pas le joueur auquel se destine le jeu (il est vrai que ça manque un peu de fusil à pompe) mais, très honnêtement, le style visuel que je qualifierai pudiquement d’étrange (et, officieusement, de dégueulasse) et le doublage du jeu n’aident pas des masses.

Oui, tiens, parlons-en du doublage.

Oui, cette image n’a strictement rien à voir avec le paragraphe qui précède.

Je veux bien être un peu ouvert d’esprit (quoi que le sujet puisse faire débat) mais quelle idée de faire doubler le lapin par une femme. Et encore, n’y aurait-il eu qu’une seule narratrice et doubleuse, j’aurais compris le procédé mais ce n’est même pas le cas. Bref, un coup, une femme doublera un personnage masculin, un coup un personnage féminin et ce, sans aucune logique apparente. Ok, nous sommes à Wonderland mais tout de même…

Quant aux personnages masculins, les dictions affectées et les tonalités forcées et gutturales sont assez rapidement insupportables (mirez, mirez, gueux, comme je suis vain et/ou fourbe/cruel/intéressé etc..).

En définitive, nous sommes en présence d’un concept intéressant mais la répétitivité intrinsèque et la mise en scène… humm… particulière risquent de ne le faire toucher qu’un public de niche en dépit d’un prix de vente très abordable. D’ailleurs, à l’heure où j’écris, le jeu, sorti en juin 2020, comptabilise…. 2 avis sur steam.

Note : je retourne voir Alice au pays des merveilles de Disney /10

Site officiel

Développeur : SkyBearGames

Éditeur : SkyBearGames

Plateforme : Steam, Switch, Playstation, Xbox

Date de parution : 26 janvier 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

 

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.