The Spirit of the Samurai
Une fois n’est pas coutume, il semblerait qu’un bon jeu était échappé à l’infâme maître de ces lieux. Alors que je tentais le Grand Chelem en matière de jeux plus ou moins ratés, il m’a jeté d’un revers de main, un exemplaire de The Spirit of the Samurai, un premier jeu signé Kwalee, une équipe indépendante manifestement indienne si je me fie à l’accent du développeur qui présente la vidéo disponible sur Steam.
Sur le papier, le jeu présente plutôt pas mal avec son animation en stop motion (vous savez, Jason et les argonautes, l’Ile Mystérieuse, Ray Harryhausen. Ben quoi, vous ne regardiez jamais les films de Noël ?), son gameplay nerveux qui me fait penser à First Cut que je viens justement d’acheter et le mélange Dark Souls et Metroidvania vanté par son développeur.
Cela dit, c’est bien beau de croire les jolis effets d’annonce mais vu que je me suis déjà fait entuber à plusieurs reprises. Je vais donc juger ce que vaut le jeu, manette en main. L’intrigue de The Spirit of the Samurai suit l’histoire de Takeshi, jeune samourai qui semble être un des rares à pouvoir parler aux esprits de la forêt, les kodama, qui viennent le visiter dans ses rêves.
Après un tutoriel assez longuet qui va nous amener à rencontrer Kitsune, le renard esprit des bois et, en passant, nous apprendre les rudiments du gameplay (une gâchette pour courir, une gâchette pour bloquer les attaques et effectuer des parades, un bouton pour taper différemment suivant l’orientation du stick, un bouton pour la roulade et une gâchette pour alterner entre le sabre et l’arc de notre samurai), le jeu nous place dans le vif du sujet.

Notre jeune héros s’éveille, passablement troublé par le rêve qui s’achève et qui a vu son village attaqué et détruit par une armée d’Oni (démons, pour les plus réfractaires aux productions japonaises) et de morts-vivants bien déterminés à raser toute vie humaine dans les parages.
Le rêve de Takeshi, probablement inspiré par les Kodoma ou par Kitsune, va hélas s’avérer prémonitoire. Ainsi, la tranquille ronde de notre héros, ponctuée de courses effectuées au bénéfice des différents interlocuteurs rencontrés et d’une visite à tour de guet, va prendre une tournure des plus étranges et apocalyptiques puisqu’une horde volante de démons va, tout comme dans son rêve, déferler sur son village.

Après un premier combat contre un Oni griffu et fort menaçant qui va mal se terminer, notre héros, passablement sonné mais toujours en vie, va se réveiller au beau milieu d’un carnage. Il ne pourra plus, dès lors, compter que sur son sabre et son arc pour rallier les derniers survivants et, notamment, sa dulcinée qui se cache avec son enfant.
Les premiers instants vont rapidement nous apprendre que, si le jeu n’est pas aussi intransigeant que First Cut évoqué plus haut, le système de combat ne pardonne pas tellement l’erreur. Pour survivre, il faudra se montrer précautionneux, multiplier les parades et, surtout, éviter de se faire prendre à revers.

En effet, si les combats en un contre un tourneront en votre faveur avec un tant soit peu de concentration, la mort vous guettera très vite si vous vous laissez déborder par les différents ennemis.
Visuellement, le jeu n’est pas désagréable du tout à regarder avec des décors du Japon médiéval assez fouillés et les personnages bien modélisés. Il est également appréciable qu’il tourne comme une horloge sur une configuration moyenne avec une animation bloquée sur 60 images par seconde. Sur Rog Ally (et probablement sur Steam deck), le constat est légèrement moins bon mais l’on joue toujours dans d’excellentes conditions.

Le jeu a un feeling old school qui rappellera, en bien moins dénudé, avec son animation volontairement un peu raide, Age of the Barbarian des italiens de Crian Soft et les productions de l’ère Amiga / Atari ST. Notez toutefois que cette animation en stop motion, bien sympathique à regarder mais logiquement un peu raide, rend les passages « plateforme » parfois fois un peu fastidieux.
Histoire de varier les plaisirs et parce que les développeurs me détestent probablement, ils ont eu l’excellente (mauvaise) idée de varier les plaisirs et d’intégrer de l’infiltration en vous faisant prendre le contrôle de Chisai, mignon (ça reste relatif) petit chat de Takeshi. Vu que je hais les jeux d’infiltration, je ne dirai rien sur ces passages, si ce n’est que Chisai peut mourir dans d’affreuses et multiples circonstances…

Pour peu qu’on ne soit pas trop allergique aux allers retours inhérents à tout metroidvania ou castelvania qui se respecte, le jeu n’est pas désagréable du tout et s’avère même plutôt encourageant pour la suite si les développeurs arrivent à peaufiner leur copie à travers une suite ou un nouveau jeu au concept similaire.
Faut-il pour autant vous conseiller (avec deux mois de retard) ce Spirit of the Samourai ? C’est tout le problème d’un marché vidéoludique devenu extrêmement concurrentiel. Il y a encore 20 ans de ça, le jeu aurait pu se tailler une petite réputation parmi les amateurs du genre.

Aujourd’hui, ça va malheureusement être bien plus compliqué pour lui tant les boutiques en ligne, Steam notamment, regorgent de titres similaires, plus aboutis, plus beaux, plus longs (on parle ici de 6 à 7 heures de durée de vie) et, malheureusement, bien souvent moins chers.
C’est un peu triste mais un jeu seulement « sympathique » comme ce Spirit of the Samurai a désormais bien peu de chance de creuser son trou. A vous de juger si vous avez suffisamment l’envie de sortir des sentiers battus ou l’esprit aventureux pour lâcher les 20 euros que demande Kwalee pour vous faire découvrir sa première création.
Genre : Aventure / action
Développeur : Digital Mind Game
Editeur : Kwalee
Date de sortie : 12 décembre 2024
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur