Villagers of the Oak Dell

Je n’ai jamais accroché aux Roll n’ Write familiaux, où vous devez jouer tous ensemble en souriant et en prenant du bon temps. Moi ce que je veux dans un Roll n’ Write, c’est rester seul dans ma bulle pendant deux minutes, stylo levé, à me demander comment dépenser cette unité d’or. Et a priori je ne suis pas le seul. Mais parallèlement à cela, il paraît qu’il faut quand même faire l’effort de jouer avec les autres. Comment contenter tout le monde ? Facile ! C’est ce qu’ont dû se dire Przemysław Fornal et Michał Łopato quand ils ont créé Villagers of the Oak Dell.

Tout d’abord – et avant même de finir cet article – filez sur la page de la campagne Kickstarter et versez votre obole. Ne réfléchissez pas, il ne reste que quelques heures, c’est 10€ vous n’allez pas en mourir et vous me remercierez plus tard.

Maintenant que c’est fait, parlons un peu de ce que vous venez de backer : un Roll n’ Write tout choupinou, avec des airs du Mur d’Hadrien, les maux de tête en moins. Si je vous mentionne le jeu de Bobby Hill, c’est que Villagers of the Oak Dell s’en inspire fortement tout en restant accessible au plus grand nombre.

Tout d’abord en faisant jouer 12 tours aux joueurs. Oui cela peut sembler illogique mais plus de tours = moins de choses à faire à chaque tour donc des tours plus rapides et des parties qui durent largement moins d’une heure. C’est appréciable et on pourrait presque croire au jeu apéro.

Et la lecture des règles vient le confirmer : quelques pages, quelques icônes, c’est clair, on n’y revient qu’une ou deux fois pour les bâtiments spécifiques. Mais les mécaniques de base sont claires, simples et s’apprivoisent en quelques minutes.

Tout comme le but du jeu : chaque joueur doit faire prospérer son royaume en bâtissant divers bâtiments – garantissant des avantages immédiats ou sur le long terme – ou en exploitant sa mine, en construisant des routes, en repoussant les frontières ou en défendant son royaume.

Au début de chaque tour, quatre dés sont jetés et répartis dans les cadrans de couleur correspondantes. Chaque joueur choisit un dé, gagne les deux ressources associées au cadran choisi et effectue la livraison des ressources dans le domaine correspondant. Simple comme vous pouvez le voir. Et impliquant très souvent des réactions en chaîne comme il se doit (oh Mur d’Hadrien, que je t’aime pour ça !).

Heureusement pour le néophyte que vous êtes en train d’initier avec Villagers of the Oak Dell, ces moments sont brefs et, même s’ils demandent un minimum de réflexion, sont très vite réglés du fait de possibilités bien moindres. De nombreux détails viennent bien évidemment étoffer le jeu sans heureusement l’alourdir, les auteurs désirant garder le jeu accessible et court. Je ne ferai pas non plus ici le tour de toutes les règles, la vidéo présentée en début d’article le faisant très bien.

Non, je préfère vous expliquer pourquoi Villagers of the Oak Dell est pour moi une petite pépite à soutenir. Tout d’abord pour son tarif : 10€ c’est rien du tout, vous n’avez qu’à rajouter quelques impressions, des styles, des dés et des meeples. C’est ridicule en terme d’investissement et même si comme moi vous préférez les jeux tout fait, celui-ci ne nécessitera aucun talent particulier ciseaux et colle en main.

Ensuite, les auteurs ont réussi à prendre ce qui me plaît dans le Mur d’Hadrien (et Twilight Inscription dont on ne parle jamais assez) : le fait de choisir un axe de développement tout en sachant s’adapter au fil des aléas de ressources. Celles-ci étant déterminées par un dé, il y a parfois des tours qui semblent inutiles – car ne mettant pas à disposition ce qu’il nous fallait – mais qu’il va falloir négocier le mieux possible pour ne pas perdre de temps de développement.

Villagers of the Oak Dell vous demandera donc de toujours bien réfléchir à vos actions, d’anticiper et de vous laisser une alternative. Contrairement à ses deux cousins il est toutefois un peu plus permissif et vous poussera bien entendu à relancer une partie dans la foulée pour tester d’autres approches.

Cependant, cette simplicité apparente a un défaut : le joueur trouve très vite la ou les stratégies gagnantes et y colle un peu trop. Les auteurs l’ont bien compris et nous proposent plusieurs cartes différentes, dont les nouveaux bâtiments apporteront de nouvelles mécaniques et affirment vouloir nous livrer une campagne solo. Je ne demande qu’à les croire, la bave aux lèvres et le crayon frétillant !

Si vous aimez les Roll n’ Write, si vous aimez bien les eurogames mais n’avez pas le temps de consacrer 3h à chaque partie, alors Villagers of the Oak Dell pourrait bien répondre à tous vos désirs les plus fous, à condition que vous ayez une imprimante (ou un chef pas trop méchant au boulot). Choupinou, piochant les meilleures idées de ses concurrents, il s’explique en quelques minutes et propose une grande variété grâce à son contenu conséquent.

Et si vous voulez mon avis, les auteurs auraient bien tort de se priver de sortir de nouvelles extensions et variantes, vu qu’il leur suffit juste de distribuer quelques fichiers. Allez, pour 10€ vous ne trouverez pas grand-chose de mieux et d’aussi chronophage, faites vous plaisir !

Auteur : Przemysław Fornal, Michał Łopato

Artiste : Roman Kucharski

Editeur : Two Acorns Games

De 20 à 40 minutes

10 ans et plus