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Stronghold: Warlords

Ah, la série Stronghold. Que de souvenirs ! Cette IA lemminguesque qui envoyait inlassablement ses fantassins mourir au pied de vos murailles. Ces réparties de série B, ces croisades foireuses, cet opus bancal avec ses créatures fantastiques. Il n’y a pas à dire, je suis fan. Et non, je ne suis pas ironique du tout, bien au contraire. Il y a quelque chose dans cette série de jeux débutée en 2001 par Firefly Studios. Un truc qui me rend accroc (et un peu aveugle aux défauts) et m’a fait pousser de petits cris surexcités quand j’ai appris l’arrivée de Stronghold: Warlords.

La série Stronghold a toujours aimé faire voyager le joueur. En huit opus, il a pu combattre en pleine Europe Moyenâgeuse, participer à plusieurs croisades, guerroyer dans un monde fantastique et même, et là je préfère ne pas m’attarder vu le nombre d’heures passées dessus, se la jouer MMO et latter des joueurs dans le monde entier. Mais 7 ans après, il fallait du neuf pour faire revenir les vieux briscards et surtout appâter le jeune parce que comme on le sait tous, le jeune c’est l’avenir (et il a réussi à piquer la carte bleue de maman…).

C’est donc l’Asie du Sud-Est qui est choisie pour héberger les 5 campagnes elles-mêmes composées de 6 missions. Vous y croiserez donc des dirigeants célèbres comme le Chinois Qin Shi Huang, le Japonais Toyotomi Hideyoshi ou bien d’autres moins connus en nos contrées comme Genghis Khan, célèbre éleveur de chevaux ayant mis au point un désherbant très efficace. Cela change agréablement sans bien entendu révolutionner grandement le gameplay. Enfin, je dis ça et je sais que vous avez remarqué le « Warlords » du titre, petit canaillou (canailloutte ?)…

Comme on ne peut rien vous cacher, en plus des nouveaux environnements et troupes de l’Extrême-Orient, Stronghold: Warlords introduit le concept de Warlords qui, comme leur nom ne l’indique pas forcément, sont des seigneurs sans maître qu’il va falloir rallier à votre cause pour bénéficier de multiples avantages. Pour ce faire, il suffit de, au choix, leur taper dessus très fort ou d’avoir assez de points de diplomatie pour s’assurer leur allégeance. Vous ne prendrez pas directement la main sur leur royaume mais pourrez leur demander, selon leur spécialisation, des livraisons de matières premières ou de mener des offensives contre l’adversaire principal de la mission.

Oui, contrairement aux autres opus, vous n’aurez qu’un seul adversaire à combattre, et lui aussi s’appliquera à convertir les warlords à sa cause. Si ces derniers ne sont pas indispensables pour gagner (sauf si bien entendu ils sont dans les objectifs de mission), leur placement est bien souvent stratégique : au milieu du chemin, ils font tampon lors des attaques, que ce soient les vôtres ou celles de votre opposant. Il faut donc rapidement déterminer s’ils valent la peine d’être annexés sous peine de perdre énormément de ressources.

Car comme d’habitude, il va vous falloir jongler précautionneusement entre économie et puissance militaire dans Stronghold: Warlords. Sans être aussi complexe que celle d’un Anno, la partie « économie » du titre est à ne pas négliger (il y a d’ailleurs une campagne dédiée) si vous voulez asseoir votre puissance militaire. Pour rappel, dans cette série, vous disposez d’un pool de paysans utilisables dans n’importe quel domaine (c’est polyvalent un gueux !) : donnez-leur un arc ils deviennent archers. Un chapeau pointu ? Ils iront dans une rizière.

Il faut donc gérer le flux de cette main d’œuvre pour ne jamais être à court, et cela se fait via l’indice de popularité. Doubler les rations de riz la fait grimper, augmenter les impôts la fait diminuer. La qualité du logement est aussi prise en compte, tout comme les produits secondaires (légumes, thé, religion…) ou la Peur que vous pouvez inspirer. Il faut donc mettre en place une production suffisante pour satisfaire assez votre peuple pour pouvoir lui coller d’importants impôts sur le dos, qui serviront à lever des troupes. C’est délicat à gérer et ça s’écroule très vite quand les baffes se mettent à voler, si vous n’avez pas bien fortifié votre domaine.

Parce que oui, il y a toujours « Stronghold » dans le titre. Ce qui veut dire que vous allez, pour votre plus grand plaisir et avec la plus grande patience, assiéger et construire des châteaux ! Je vous parle de patience parce que malheureusement, il y a un domaine dans lequel Firefly Studios a fait très (trop ?) peu de progrès, c’est l’IA. Les soldats, que ce soient les vôtres ou ceux de votre adversaire, sont un peu couillons comme leurs pieds et ne feront pas grand-chose à part aller tout droit. Il faut donc soit micro-manager, quand ils ont à vous, soit repérer par où ils passent pour mettre au point les défenses les plus meurtrières possibles. Il est donc bien plus intéressant de se défendre que d’attaquer, surtout comme pendant ces missions pénibles où vous devez faire avec ce qu’on vous donne au départ.

Quelle conclusion alors pour ce Stronghold: Warlords ? Personnellement, je le trouve mignon tout plein avec ses belles couleurs, ses petits bonhommes en armure et ses paysans qui vaquent à leurs occupations. Bon, il crashe parfois, obligeant à redémarrer (si si, ça arrive encore en 2021), sa courbe de difficulté n’est pas bien raide ce qui permet de voir assez vite le bout de sa campagne solo avant d’attaquer le multi ou le bac à sable. L’IA est aussi énervante parfois. Et l’ordinateur triche en faisant apparaître des armées sans avoir les ressources pour.

Mais l’un dans l’autre, j’ai pris du plaisir à repousser les hordes ennemies et faire évoluer mon royaume, jonglant entre le bonheur de mes gueux et ma puissance militaire. Oh, ce n’est pas le jeu ultime dans le genre, j’en ai bien conscience, mais j’ai retrouvé les sensations d’antan, un peu d’originalité (les warlords, l’Asie) en plus. Donc c’est un oui, petit certes mais ferme, qui me vient quand on me demande s’il faut y jouer. Et ce n’est pas (que) la nostalgie qui parle !

Genre : Stratégie

Développeur : FireFly Studios

Editeur : FireFly Studios

Date de sortie : 9 Mars 2021

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...