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River City Saga: Three Kingdoms Next

Je me demandais bien comment aborder ce nouveau test sans encourir le courroux du terrible rédacteur chef de Dystopeek, sorte de Sauron du terroir, et/ou de l’éditeur de ce nouveau River City. C’est finalement mon fils qui m’a donné l’angle de départ. Alors oui, il a parfaitement raison, je n’apprendrai manifestement jamais. J’aurais dû me douter, lorsque cette énième itération de l’antique série des River City – ou Kunio-Kun en VO – est sortie et que personne à la rédaction ne voulait le tester, qu’il y avait forcément un loup dans cette histoire.

Après tout, l’idée de mixer un beat’em all à l’ancienne avec la très célèbre histoire des Trois Royaumes me semblait pourtant être une idée originale. Et le loup, qui existe bel et bien, se cache sous divers atours, ainsi que nous allons le découvrir assez rapidement. Abordons, tout d’abord la réalisation que l’on qualifiera de gentiment honteuse ou de purement rétrograde. 

Il semble assez incroyable en 2024 de sortir un jeu qui ne soit pas foutu d’éliminer, sur tous les PC, le tearing abominable qui s’affiche à l’écran. C’est pourtant un challenge que ce nouveau River City réussit avec un certain brio.Lorsque j’ai reçu le jeu (c’est-à-dire il y a un bail) l’écran était littéralement déchiré à chaque scrolling sur mon pc à base de RTX 3060 Ti. Oui, le scrolling, ce truc maîtrisé depuis des décennies et codé en hardware sur pratiquement toutes les machines. Ce n’est pourtant pas comme si le jeu avait des choses incroyables à afficher à l’écran avec sa 2D old school et son zoom tout droit sorti d’un vieux jeu Super Nintendo en mode 7.

Etrangement, ce tearing purement dégueulasse – je n’ai pas de terme plus gentil et poli en tête – n’existait plus lorsque j’ai relancé le jeu, d’abord sur mon pc portable nettement plus modeste puis sur mon ROG Ally. Je viens de relancer le machin (oui, je crains que l’éditeur ne nous envoie plus de jeux à tester dans un proche avenir) et, miracle, le tearing a bien été éradiqué par un patch.

Il n’en reste pas moins que le truc n’est toujours pas foutu de présenter un menu d’option digne d’un jeu PC. Faudrait penser à dire aux développeurs que l’ère de la Nintendo Entertainment System est un peu dernière nous. Du côté du gameplay, les choses sont un peu différentes et pas forcément pour le meilleur. Vous voyez Double Dragon, Vigilante, Final Fight ou… Renegade (alias Nekketsu Kōha Kunio-kun… alias… River City ) ?

Oui, nous parlons bien de ces vieux beat’em all sortis en arcade dans lequel le gameplay se résumait à aller de gauche à droite et de droite à gauche en fracassant tout ce qui bougeait à l’écran (notez bien que les poubelles, kiosques etc. n’étaient pas forcément à l’abri du courroux de nos braves vengeurs des rues) sans trop se poser de questions.

Et bien, ce nouveau River City trouve le moyen de rendre la formule particulièrement indigeste en y ajoutant une bonne dose de RPG, un arbre de compétence, une carte interactive et des dialogues bien lourdingues. Quoique, sur ce dernier point, c’est peut-être parce que je suis un gros inculte pas familiarisé avec le roman des trois Royaumes. Ce n’est, en tout cas, pas une hypothèse à exclure.

A ma décharge, il s’agit tout de même d’un des romans les plus longs et les plus anciens de l’histoire chinoise avec plus de 800 000 mots et cent-vingt chapitres. La culture, c’est bien mais où trouverais-je donc le temps de regarder les séries Netflix produites à la chaîne et destinées aux adulescents. Faut toujours avoir l’ordre des priorités. Bref, revenons à nos Kunios.

Sur le plan du gameplay, pas de problème, nos personnages (car on peut y jouer en coop local, ce qui rajoutera un point à la note imaginaire que vous ne trouverez pas en bas de page), répondent bien avec un bouton pour les coups de points, un pour les coups de pied, un pour le saut et un dernier pour agripper tous les petits salopards qui rêvent de raccourcir votre belle barre de vie. Les infâmes gueux !

Visuellement, c’est simple mais relativement propre (en dehors de cette cochonnerie de tearing) avec quelques effets de lumière, histoire de vous rappeler qu’on n’est pas sur NES. Le hic, c’est cette volonté de tout complexifier avec un arbre de compétences à débloquer progressivement fait qu’on se perd dans les coups et les combos.

A l’heure où je vous parle, mon personnage n’est plus foutu de donner des coups de poing et se contente d’un coup de paume à la Akira de Virtua Fighter (oui, je fais du name dropping en espérant attirer les annonceurs et les curieux).

De la même manière, les dialogues soporifiques et paresseusement mis en scène cassent régulièrement le rythme du jeu, ce qui est tout de même assez problématique pour un genre qui repose essentiellement sur l’adrénaline. Enfin, je trouve la carte et les déplacements rapides assez illisibles. Et vu que chaque interlocuteur rencontré va vous confier une mission qui va, bien entendu, vous envoyer aux quatre coins de la carte, c’est fâcheux…

Oh le bel arbre de compétences !

Je ne vais pas passer par quatre chemins pour expliquer ce que vous sentez venir depuis un moment déjà. Oui, le beat’em all a besoin d’être modernisé pour rester une proposition viable en 2024 (quoique, Streets of Rage 4 dément un peu cette idée) et oui, il est toujours bon d’innover et d’hybrider les styles pour proposer aux joueurs des expériences intéressantes.

Sur le papier, cette fusion du grand roman historique et du jeu d’action semblait séduisante, manette en main, elle est plutôt soporifique et je suis le premier à le regretter. Quitte à jouer à un River City, je ne peux que vous suggérer de jeter un œil au River City Underground sorti en 2017 qui me semble être une proposition plus pertinente.

Genre : Beat’em all

Développeur : Arc System Works

Éditeur : Arc System Works

Date de parution : 7 novembre 2024

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.