Rage of the Dragons NEO

C’est terrible, c’est absolument terrible. Ça fait une bonne demi-heure que je fais les frais du syndrome de la page blanche. En face, Rage of the Dragons NEO, ressortie d’un vieux jeu arcade Neo Geo, me fixe de ses petits yeux globuleux tandis que je réfléchis désespérément à la manière de parler de lui.

Alors oui, il serait facile de bâcler la chose, on vous racontant qu’il s’agit d’une réédition d’un jeu de combat versus parmi les moins célèbres de la machine de SNK et suite officieuse d’un jeu Double Dragon sorti sur la même plateforme et que la plupart d’entre vous ont probablement oublié depuis des lustres. Je pourrais également vous indiquer que le roster comprend une grosse douzaine de personnages, ce qui est bien peu par rapport à ce que proposait à l’époque la série phare de SNK, King of Fighters.

Ou encore pourrais-vous dire que la réalisation gentiment dépassée de ce jeu signé Evoga Entertainment (pas vraiment la A team mais une équipe brésilienne, ce qui est assez rare pour être souligné) n’était déjà pas de toute fraîcheur lors de sa sortie initiale en 2002 avec des graphismes corrects mais pixelisés, un character design très loin du génie des équipes de King of Fighters ou Street Fighters ou encore des animations bien raides et loin de que ce qu’on pouvait trouver dans le magnifique Mark of the Wolves qui, il faut bien le reconnaître, était un peu la Joconde du genre. 

Mais alors, que faire pour ne pas avoir le sentiment de vous avoir trahis, cher et unique lecteur, patron irascible et annonceurs imaginaires ? Je pourrais très certainement vous parler de la qualité de l’émulation, tout à fait satisfaisante mais qui ne nous propose que très peu de fioritures à l’image de ces quelques filtres d’écran (CRT tout baveux, Pixel Perfect bien violent) et des bords d’écran colorés, histoire d’égayer votre bel écran Oled 16/9, assez peu habitué à ces productions Neo Geo classiquement réalisées au format 4/3.

Vous en conviendrez, tout cela serait bien peu et sentirait quelque peu le « je m’en foutisme ». L’autre solution, plus honorable, serait vraisemblablement de passer un peu de temps en compagnie de ce jeu et d’essayer de comprendre. Comprendre notamment pourquoi ces saletés de coups spéciaux ont autant de mal à sortir quelle que soit la manette que j’utilise (après vérification, c’est moins vrai avec un bon vieux pad Xbox Series).

L’ennui, c’est que cela reviendrait à exposer à la face de tous mon peu de connaissance du pro gaming et du Versus Fighting. Soyons clairs : si j’ai passé beaucoup de temps sur les séries les plus célèbres que sont les Street Fighters, King of Fighters, Dead or Alive (oui, contrairement à ce que vous pensez, bande de petits sournois, c’est une excellente série de jeux de combat) ou Tekken, il faut bien reconnaître que je n’ai jamais été ni un esthète, ni un chantre du beau jeu.

Je sais, j’ai menti pour me faire embaucher chez Dystopeek. C’est mal mais comme il s’est avéré que je n’allais pas être payé, l’équilibre cosmique a été restauré. Ok, je sais sortir les coups spéciaux, les furies, certains contres mais globalement, je reste un gros bourrin.

En règle générale et lorsque je ne connais pas le jeu de combat, j’essaie généralement de sortir les différents coups spéciaux en utilisant les combinaisons classiques (quart de tour, demi-tour, double quart de tour, etc.) au hasard, histoire de voir ce qui va fonctionner suivant les personnages.

Je crois que c’est bien la première fois que ça fonctionne aussi mal avec ce Rage of the Dragons NEO. C’est bien simple, je me fais laminer, exploser, humilier, concasser, pulvériser, exterminer, désosser (je crois que vous avez compris l’idée) sans presque réussir à placer de coups spéciaux ou de furies. 

Non seulement l’IA est extrêmement agressive, même dans le niveau de difficulté moyen, mais la maniabilité me semble bien rigide. En gros, en lançant une partie, je me sens un peu comme un épagneul pris dans une baston de pitbulls. Autant vous dire que mon taux de survie est assez faible et ce, sans même tester les fonctions en ligne, histoire d’éviter une humiliation complémentaire. A ce stade, le découragement l’emporte alors que le jeu n’est pas déméritant pour autant.

Les 14 personnages disponibles sont suffisamment diversifiés, que ce soit en matière de look ou de style de combat, pour ne pas s’ennuyer et le mode de jeu en équipe (gâchette droite pour changer de personnage) rend les choses assez dynamiques. Bien évidemment, tous les clichés habituels du début des années 2000 sont présents avec des personnages bien caricaturaux (le clone de Kim Kaphwan, le clone de Terry Bogard, l’écolière, le gros lard, le fan de disco, la nana qui a oublié de s’habiller en sortant, etc.) et on retrouve pas mal de coups et de prises typiques des séries les connues de l’époque.

Le mode de combat en équipe permet également de réaliser des prises spéciales et bien violentes à deux combattants, un peu comme dans Dead or Alive Ultimate sorti deux ans plus tard sur Xbox. Au passage, si vous avez encore une copie du jeu, je vous encourage vivement à la ressortir des cartons car il reste magnifique sur les nouvelles Xbox Series.

Bien entendu, Rage of the Dragons NEO propose les classiques modes arcade, versus, training et online ainsi qu’un mode challenge qui vous proposera de réussir divers scénarios de combat.

Le jeu est donc assez complet mais, à moins d’être un nostalgique, un vrai fan du genre ou un acheteur compulsif, il sera tout de même bien difficile d’en conseiller l’achat à une époque où les Tekken 8, Street Fighter 6, Guilty Gear Strive  (Argh Zouli !) et autres King of Fighters XV tiennent le haut du pavé et proposent des contenus autrement plus conséquents. A 20 Euros, ça fait malheureusement trop cher la madeleine de Proust.

PS : le joli artwork de Sonia Romanenko ci-dessous vient d’ici : https://snk.fandom.com/wiki/Sonia_Romanenko

Genre : Versus Fighting

Développeur : Evoga / QUByte Interactive

Éditeur : QUByte Interactive / PIKO Interactive

Date de parution : 14 novembre 2024

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur