Kaiserpunk
Non, Kaiserpunk ne décrit pas ce qu’aurait pu devenir Guillaume II suite à la défaite de l’Allemagne lors de la grande guerre et de sa terrible déchéance, l’obligeant à manger ses moustaches et à se faire dresser les cheveux en une crête verte avec une épingle à nourrice dans le nez ! Vous avez l’image ?
Mais, on ne s’en éloigne pas tant que ça finalement, car il s’agit bien d’un univers dystopique en 1919, où la fin de la guerre a conduit à l’explosion de l’ancien ordre établi pour voir fleurir des Cités-Etats dans un monde dévasté où tout est à reconstruire. Certaines d’entre elles rêvent de gloire passée et sont prêtes à tout pour restaurer leur empire. Vous être de ceux-là et allez donc devoir partir de votre petite communauté survivante pour tenter d’arriver à l’hégémonie mondiale ! Rien que ça.

Après avoir choisi votre emplacement (à noter que pour l’Europe de Ouest, 5 sont anglais contre aucun français sur 13 choix possibles !), votre nom, votre héritage (à savoir des bonus et malus), les silhouettes des unités (idem on ne peut choisir qu’entre anglais, allemands ou japonais), le drapeau et la difficulté ; vous pouvez enfin démarrer la partie.
Vous passerez donc par une phase de construction et agrandissement de votre ville, tout en vous protégeant et planifiant vos conquêtes futures. La phase de city builder est somme toute assez classique et, thème du jeu oblige, portée volontairement vers une économie de guerre, donc avec des constructions également orientées en ce sens. Il vous faudra ainsi à la fois vous occuper d’attirer toujours plus de travailleurs agricoles ou d’ouvriers afin de faire tourner les usines de production, mais également de développer une puissance militaire capable à la fois de défendre le territoire et d’aller en conquérir de nouveaux.

D’autres types de résidents seront alors nécessaires, appelés fabricants qui permettront également de bâtir des bâtiments plus complexes. Evidemment, pour cela, il faudra d’abord rendre la ville plus attractive en développant des services sociaux et des éléments de première nécessité. Puis, la ville grossissant, d’autres plus complexes seront nécessaires pour voir arriver des techniciens et spécialistes capables de construire des complexes permettant d’atteindre l’ensemble des possibilités offertes par le jeu. Evidemment, certaines ne se débloqueront qu’une fois que la ville aura franchi un cap de développement dans les 8 domaines qui correspondent à peu de chose près aux mêmes catégories de bâtiments.
Mais pour cela, il vous faudra des spécialistes qui ne viendront que si la ville dispose des plus luxueuses richesses. Et cela demandera d’accéder à de nombreuses ressources qu’il vous faudra exploiter toujours plus (d’autant qu’elles ne seront pas épuisables, à l’inverse du bois), nécessitant une exploration de toute la carte où se trouve la capitale mais aussi grâce à la conquête des régions avoisinantes qui seront férocement défendues. Heureusement, la diplomatie peut également permettre l’échange de ces précieux matériaux, nous y reviendrons par la suite.

L’autre aspect intéressant du jeu est la carte du monde, divisée en 100 régions comprenant plus ou moins de ressources naturelles exploitables, qu’il faudra donc conquérir (et défendre) afin de pouvoir les utiliser. C’est très basiquement découpé, en ce sens que par exemple l’Europe centrale est déclarée urbaine (Donc peu performant pour les chars par exemple) alors que les Carpates sont rurales et les Balkans de l’Ouest sont des zones de forêts.
On peut y poster des garnisons de types différents (infanterie, navale ou anti-aérien par exemple). En plus des modificateurs de terrain, il y en a aussi pour les migrations de chaque type de personnels et un coût d’entretien. Le nombre d’améliorations régionales possibles peut également varier. Elles donnent des bonus ou avantages militaires mais en échange d’une maintenance accrue et d’un coût de construction non négligeable.

Coté militaire, nous retrouvons les 3 armes (terrestre, maritime et aérien). Chez les rampants, nous pourrons mélanger l’infanterie, l’artillerie et les tanks dans un même bataillon (bafouant au passage la notion d’interarmes qui n’était pas réellement maitrisée au sortir de la première guerre mondiale mais passons). Là aussi, une bonne chaine de production (et donc des ressources associées) sera nécessaire pour ne pas voir vos unités perdre en efficacité. Tout cela vous coutera aussi de l’argent et mobilisera votre population à la création et en renforcement.
Une fois votre armée patiemment construite, entrainée et déployée, vous pourrez l’envoyer guerroyer chez nos misérables voisins afin de leur faire comprendre qu’ils auraient dû signer l’armistice en 1918 ! Attention toutefois à bien construire des bases aériennes pour pouvoir déployer vos escadrilles et à bien planifier vos créations de troupes car leur création est lente, surtout pour les flottes.

Et découvrir au passage les nouvelles capacités de vos armées suite aux améliorations que vous leur aurez concocté. Chaque unité possède des valeurs de santé, de puissance terrestre, navale et aérienne en fonction des éléments qui la compose et des compétences qu’elles acquerront lorsque son général montera en grade. Les améliorations permettront aussi de se spécialiser dans un domaine donné. De quoi personnaliser ses armées.
Cela dit, la résolution des combats se résume au strict minimum où vous n’aurez pas d’autre choix que d’attendre que le résultat s’affiche sous forme de résumé statistique ! Ensuite, alors que vos troupes seront en attente de récupération, vous pourrez, si vous êtes vainqueur, aménager votre nouveau territoire en l’améliorant alors que vous profiterez de citoyens migrants dans votre ville (attention au chômage) et disposerez de leurs précieuses ressources. Les consommables que sont les rations alimentaires ou de combat, les munitions, obus, bombes et carburants seront aussi à produire par votre capitale, achetés par voie commerciale ou pris à l’ennemie lors des conquêtes.

A noter aussi qu’à mesure que grandira votre population, des choix politiques vous seront offerts, une fois franchi chaque palier, vous octroyant des bonus mais faisant par là même pencher l’orientation de votre alignement politique qui aura des répercutions chez vos voisins.
La diplomatie est aussi présente, permettant d’échanger des ressources et technologies entre amis. En fonction de votre approche, des piliers sociaux qui auront été choisi, certaines factions deviendront vos alliés. Plus vous honorerez vos échanges et plus la confiance augmentera. Il y a trois types d’accords possibles : ceux commerciaux (simple troc de ressources ou d’unités militaires), ceux par convoi qui peuvent être attaqués et ceux scientifiques (échange technologique) et militaires (droit de passage) qui sont sans danger mais qui demandent à être honoré tous les mois. N’espérez pas de démarchage des autres factions, c’est à vous de faire le premier pas !

Bref tout cela concorde en un savant dosage entre d’une part la production civile pour faire venir toujours plus de monde (et les conserver en pourvoyant à leurs besoins) et d’autre part militaire pour être efficace dans l’expansion mais aussi la défense du territoire.
Tout cela pour mener votre peuple à la victoire, soit par domination militaire, diplomatie ou scientifique. Chaque domaine se voyant attribuer des points selon les succès engranger par rapports aux autres factions en lice.

Coté gameplay, rien à redire ; tout est fait pour nous faciliter la vie, en plus d’avoir des graphismes agréables, l’interface est claire, avec des informations pratiques, notamment la chaine de production facilement accessible et une barre paramétrable pour suivre l’évolution des ressources.
Un mode planification bien pratique vous permettra aussi de positionner les bâtiments que votre développement permet en attendant d’avoir les ressources pour les construire. De même, un mode copie permettra de dupliquer à l’infini des quartiers déjà construits.

Bref, si vous n’êtes pas trop exigeant sur les détails de l’histoire (même si dystopeek, pardon uchroniques), que des bizarreries comme des bombardiers de 1ère guerre mondiale aussi efficaces ou des échelles d’espace et de temps improbables ainsi que sur une vision forcément simplifiée à cette échelle stratégique (une capitale produisant pour tout un empire), je ne peux que trop vous conseiller ce mélange de gestion de ville et de 4X.
Les deux genres ne se phagocytent pas trop l’un-l ’autre, comme c’est malheureusement trop souvent le cas et l’ensemble est bien pensé et balancé, y compris l’interface qui, bien que toujours perfectible (manque le filtre couverture pompiers par exemple), rendent le tout agréable et ludique.
Genre : Gestion de ville et 4X
Développeur : Overseer Games
Editeur : Overseer Games, Elda Entertainment
Date de sortie : 21 mars 2025
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur