Early Access: Worshippers of Cthulhu
A force d’écrire qu’il faut prendre des risques et sortir des sentiers battus, il semblerait qu’au moins un studio lise Dystopeek (je ne vois pas d’autre explication) : les Polonais de Crazy Goat Games. En plus d’avoir un nom cool, ces petits malins se sont dit deux choses : il y a très peu de city builders où on dirige un méchant et encore moins de titres basés sur l’univers de H.P. Lovecraft. Forts de ce constat, ils ont lancé l’Early Access de Worshippers of Cthulhu en Octobre dernier.
Dans Worshippers of Cthulhu, ne vous attendez pas à vous plier en quatre pour satisfaire vos sujets. Enfin si, mais ce sera pour mieux les sacrifier juste après. En effet, vous dirigez une colonie de cultistes qui, partie à la recherche des Grands Anciens, échoue sur une île paumée et doit essayer de survivre tout en satisfaisant ses Dieux.
Cthulhu et ses potes n’étant pas vraiment bienveillants, ils vont vous demander pas mal de sacrifices et de produits un peu… exotiques dirons-nous comme du sang et des captifs. C’est assez déroutant au début mais on en vient à traiter ses habitants comme une ressource sacrifiable.
Au niveau du gameplay, si au premier abord on peut penser à Anno 1800 en voyant toutes ces îles, c’est plutôt vers Republic of Pirates qu’il faut se tourner à mon avis (du même studio, comme par hasard…). En effet, il y a ici aussi le partage des ressources entre toutes les îles, les attaques des autres factions, les chaînes de production simplifiées. Mais contrairement à son pendant chez Barbe-Noire, Worshippers of Cthulhu est bien plus intéressant.

Si la partie city builder est relativement classique, c’est sur la partie Grands Anciens que le titre se distingue. Tout d’abord, il va falloir faire régulièrement des sacrifices aux Dieux : on commence par sculpter des idoles en bois, puis on passe à des trucs plus costauds incluant de pauvres villageois. Ces derniers ont des préférences professionnelles et travaillent mieux dans leur domaine de prédilection. Sauf que parfois celui-ci ne vous arrangera pas spécialement. Dans ce cas-là, pas de souci : une petite scarification et hop, le villageois a changé de spécialité.
Cela se passe via un petit jeu où vous dessinerez les symboles à la souris dans le dos du cultiste. Vous allez aussi être amené à allumer des bûchers sur lesquels vos pauvres victimes se tortilleront, ambiance garantie ! J’ai parlé des combats navals : quoi de mieux pour couler un bateau qu’une créature tentaculaire ? Bonne nouvelle, un peu de sang, quelques sacrifiés et hop, en voilà une qui restera sous votre commandement pendant quelques minutes.

Vous l’aurez compris, Worshippers of Cthulhu exploite parfaitement son thème et y va à fond : on n’est pas devant un simple reskin, il y a de vraies mécaniques adaptées à l’univers de Lovecraft. C’est sombre, il y a des choix immoraux à faire toutes les cinq minutes et le peuple est au même niveau que le maïs : du consommable pour arriver à ses fins.
Tout n’est cependant pas rose (ou noir plutôt, enfin vous me comprenez) dans cet Early Access : tout d’abord le graphisme est bien sombre et glauque comme il faut mais il est un peu en dessous des standards du genre, l’interface n’est pas parfaite, loin de là, avec des fonctionnalités assez peu pratiques, comme la répartition des travailleurs par spécialité / île, le côté city builder est comme nous l’avons vu un peu simple, même si encore une fois il y a largement de quoi faire et enfin la partie textes est à revoir et comporte nombre d’erreurs.

Mais que ceci ne vous arrête pas dans votre élan, Worshippers of Cthulhu étant au début de son Accès Anticipé et disposant encore d’une bonne marge d’évolution si les développeurs restent à l’écoute de la communauté. À mi-chemin entre Republic of Pirates et Anno 1800 pour la complexité, disposant d’un thème fort et d’une approche originale, le bébé de Crazy Goat Games a tout pour plaire aux amateurs !
Genre : City Builder
Développeur : Crazy Goat Games
Editeur : Crytivo
Date de sortie en accès anticipé : 21 Octobre 2024
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur