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Early Access: Definitely Not Fried Chicken

Definitely Not Fried Chicken est un jeu de management, dans lequel on va monter des business légaux pour mieux planquer notre activité souterraine : la production et la vente de drogues diverses.

L’inspiration, assumée, vient directement de Los Pollos Hermanos de Breaking Bad, et c’est plutôt bien trouvé. C’est l’occasion de multiplier les références à la série, aux KFC et à mettre des têtes de poulet partout. Sur certains aspects, il me rappelle Weedcraft Inc. voire Cartel Tycoon, mais plus centré sur le micromanagement des employés des lieux de production et de vente.

Avec son aspect cubique et coloré, il manque un peu de délicatesse visuelle et n’est pas toujours très lisible, pas aidé par une interface perfectible. Le tutoriel dirigiste est avare en infos utiles, mais je finis par monter ma petite production de weed, que je distribue à domicile en répondant à des appels téléphoniques.

Une fois le rythme de production stabilisé, je peux ouvrir une laverie que j’équipe de lave-linges et sèche-linges mais qui me sert surtout à fournir discrètement ma production locale.

Contre de l’argent, je peux acheter des licences pour ouvrir d’autres types de business, et notamment le fameux restaurant de poulets, dans lequel on fait carrément grandir les oisillons jusqu’à la friteuse.

Le concept est plutôt sympa et plein de petits détails. Pour progresser, il faut livrer des produits gratuitement à certains lieux (université, casse, vendeur d’armes…) et améliorer les licences des magasins ce qui permet de débloquer de nouveaux items.

Il faut ajuster les horaires des travailleurs, leur fournir salle de repos, toilettes et repas pour ne pas les voir décéder au travail. Pour produire de la bonne qualité, la luminosité et la température doit correspondre aux besoins des plantes. Nos petits scooters et voitures doivent traverser la ville pour rejoindre les lieux de livraison. Et ce qui ne gâte rien : la traduction française est de bonne qualité.

Mais dans les faits, c’est plus compliqué. L’interface de gestion des employés est peu intuitive. Les équipements des salles de pousse ne fonctionnent pas comme ils le devraient (les « gros » radiateurs et lampes produisent autant que les « petits », ils se contentent de coûter plus cher). Les temps de trajet sont incroyablement longs, ce qui rend impossible de respecter certaines livraisons dans le délai imposé.

Et surtout, dans son état actuel, Definitely Not Fried Chicken est Definitely Not Finished. On ne peut accéder qu’à trois types de cannabis (et seul le premier est rentable à produire vu les coûts nécessaires pour faire pousser les autres) et à peine essayer de produire de la meth, trois types de devantures légales, et… c’est tout. Une bonne partie de ce qui est montré dans le trailer n’est pas encore implémenté.

Dans le tuto, on se fait attaquer par des concurrents avec des masques de poulets qui viennent retourner notre lieu de production, mais ça n’arrivera plus jamais ensuite, rendant inutile l’embauche d’un garde de sécurité. La police n’intervient jamais et je n’ai pas vu pour l’instant de moyen de blanchir l’argent de la drogue vendue hors commerces, mécanique qui était une qualité de Cartel Tycoon.

Une fois débloqués tous les éléments disponibles, on tourne en rond sans plus de challenge. On peut agrandir sa zone de production pour augmenter ses revenus, mais l’intérêt est parti. S’il m’a fallu près de six heures pour atteindre ce niveau de développement, c’est parce que même à vitesse maximale, tout est lent, que ce soit la production ou le transport des marchandises aux lieux de vente. L’équilibrage est encore un peu bancal et ce sera un élément primordial pour juger sa qualité de jeu de gestion.

Le développement du jeu est assuré par Nick Fokias qui fait la majeure partie du travail en solo dans le micro studio Dope Games à Birmingham ; c’est son premier jeu sous cette appellation, bien qu’il ait déjà une certaine expérience dans le milieu. S’il revendique évidemment l’inspiration de Breaking Bad, il m’a surpris en m’indiquant que Les Sims avaient été une autre source d’influence pour Definitely Not Fried Chicken.

Mais après réflexion, et bien que nos employés soient un peu plus autonomes qu’un Sim moyen, on peut trouver quelques similitudes dans la gestion de leurs besoins. Vu qu’il est possible, comme dans les Sims, de les voir mourir dans d’atroces souffrances si on néglige leur bien-être (et malgré l’absence de piscine où leur enlever l’échelle), pas si étonnant qu’il m’ait mentionné Iron Lung, jeu d’horreur de David Szymanski terriblement bien noté, comme jeu qu’il a apprécié récemment.

Alors que conclure de l’état actuel de l’Early Access de Definitely Not Fried Chicken ? Difficile de vous conseiller de vous y mettre dès maintenant, surtout pour les 21€ demandés. Mais son évolution sera à suivre de près, parce que ce qui est promis est à la fois alléchant et ambitieux, mais pour l’heure, il est plus raisonnable de rester prudent.

Genre : Gestion / Management

Développeur : Dope Games

Editeur : Merge Games

Plateforme : Steam

Disponible en français

Prix : 20,99€

Date de sortie : 18 janvier 2023

Testé sur version presse fournie par l’éditeur

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.