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Wonder Boy Anniversary Collection

Après avoir misérablement échoué à faire rédiger mon test par ChatGPT comme tout bon lycéen qui se respecte l’aurait fait avec sa disserte, me voici au pied du mur. Le rédac’ chef m’attend de l’autre côté de la porte et m’a déjà prévenu que je ne sortirai de là qu’avec un test entre les mains, ou les pieds devant. La perspective de rester enfermé avec lui dans les locaux de Dystopeek n’étant guère enthousiasmante, je vais donc me retrousser les manches et renoncer à bénéficier des bienfaits de la technologie moderne.

Sad but True comme dirait Michel Sardou. Enfin, je crois que c’est de lui.

Ayant déjà écrit ici même au sujet de la précédente compilation, sortie notamment sur Nintendo switch, je ne vais pas me fatiguer à vous rappeler l’historique de la série et énumérer les différents opus, me contentant de vous renvoyer à mon précédent et magnifique test.

En guise de préambule, laissons-nous aller à un petit coup de gueule avant d’entamer les hostilités.

Pourquoi sortir, aussi peu de temps après la précédente compilation, un nouveau titre qui comprend, cette fois, l’intégralité des versions sorties sur les anciennes machines (on y reviendra) et, c’est l’essentiel, le dernier jeu de la série qui a troqué notre brave et intrépide Wonder Boy pour une nouvelle héroïne, Asha ?

Personnellement, je soupçonne un objectif mercantile et un peu minable mais je dois très certainement me tromper.

Bref. Wonder Boy, c’est donc une série qui a commencé avec un jeu de plate-forme mignon préfigurant les endless runners dans lequel un petit garçon préhistorique partait au secours de sa dulcinée, enlevée sous ses yeux par un sinistre…. Euh je ne sais trop quoi vu que le type a une tête pas possible et qu’il en change après chaque série de baffes et à chaque passage de niveau.

Après ce premier essai réussi, largement converti sur les différentes machines de Sega et les micro-ordinateurs de l’époque, sans oublier une adaptation plus ou moins libre sur NES sous le nom d’Adventure Island, Westone, les créateurs, et Sega, l’éditeur, ont décidé de revoir assez largement le gameplay en le dotant des composantes RPG et Metroidvania (notez bien que cette dernière appellation n’existait pas à cette époque).

Ainsi, Wonder boy (ou Boy) troque son skateboard et sa hache pour des boucliers et des épées, autrement plus rutilants et récupère, au passage, divers pouvoirs magiques Wonder Boy in Monster Land, en arcade et sur Master system) ainsi qu’un don certain pour le transformisme animalier (The Dragon’s curse, sur Master system et sur Nec PC Engine sous le nom d’emprunt de Dynastic Hero).

The dragon’s Curse dans sa version Gamegear

À noter, et c’est l’un des intérêts principaux de cette nouvelle compilation, un bref retour à la case départ avec la sortie, en arcade puis sur Megadrive de Wonder boy III: Monster lair qui reprend un gameplay plus classique, sous la forme d’un shoot’em up, jouable à deux joueurs.

Le cinquième épisode, Wonder boy in Monster world, qui sortira sur Sega Megadrive/Genesis et Master System, reprendra à son compte la formule établie sur les opus 2 (Monster Land) et 3 (The Dragon’s curse) en la perfectionnant encore un peu plus.

C’est à mon sens le Saint Graal de la série.

Wonder boy in Monster World version Megadrive.

Et nous voici arrivés, de manière accélérée, au sixième et dernier opus de la série de Westone : Monster World IV qui, pendant des décennies, n’a pas connu les honneurs d’une sortie en dehors du Japon.

Les plus affûtés d’entre vous auront donc noté la disparition pure et simple de Wonder Boy dans le titre, chose qui s’explique… par sa disparition dans le jeu.

Je tombe de haut en découvrant l’existence d’une version Master System du jeu !

Westone a, en effet, troqué le petit héros charismatique des premiers épisodes pour une jeune aventurière, Asha. Pas de problème, un peu de renouveau ne fait jamais de mal (une maxime dont devraient sérieusement se rappeler des éditeurs de nos jours).

En, revanche, ce qu’on avait beaucoup moins vu venir c’est que, fin de règne aidant, ce nouveau jeu, exclusif à la Sega Megadrive, n’allait jamais passer les frontières du Japon.

Voici donc Asha, en train de subir un discours de démotivation

S’il a bien sûr été traduit et largement diffusé dans le milieu des amateurs de retrogaming et d’émulation, il a fallu attendre la sortie en 2012 de la compilation Sega Vintage Collection: Monster World pour pouvoir enfin y jouer légalement et dans la langue de Molière… ah non… de Shakespeare.

Si le titre évoque probablement quelques souvenirs chez les moins somnolents de l’assemblée, c’est probablement parce qu’il a récemment fait l’objet d’un remake en pseudo 3D, nettement moins réussi que celui auquel avait droit The Dragon’s Curse (par les français de Lizardcube).

Jetez donc un œil aux crédits

Compte tenu de la qualité de ce dernier jeu, l’achat de cette compilation se justifie même si l’on peut pester sur cette sale habitude qu’ont les éditeurs de multiplier les compilations.Au delà de la présence de ce sixième opus ou quatrième Monster World (faut suivre, les gens), la compilation vaut également pour l’inclusion des versions Megadrive et, surtout, arcade de Wonder boy III.

Ce jeu est à part dans la série puisqu’il s’agit non seulement d’un mélange de Run & gun et de shoot’em up mais qu’il est également jouable à deux en coop, fait tout à fait unique chez Wonder Boy.

Personnellement, je ne suis pas fan du rendu de ce remake

Loin d’être inoubliable (dur, dur de passer après le génial Monster Land et avant les essentiels Wonder Boy III: The Dragon’s Curse et Wonder Boy in Monster World), le jeu reste une honnête parenthèse, finalement pas si éloignée du tout premier jeu de la série. Vif et coloré, doté de sprites mignons et rondouillards et de boss massifs, il est assez représentatif de la production arcade de l’époque.

La version Megadrive, également présente, reste un bon cran en dessous (les gens qui l’ont payée TRÈS – trop – cher à l’époque s’en souviennent).

Le boss du premier niveau

L’intérêt de cette nouvelle compilation ne s’arrête heureusement pas là. En effet, cette nouvelle sortie propose enfin ce qu’on trouvait déjà sur l’antique compilation Sega ageS (vous l’avez ?) 2500, sortie à l’époque sur Playstation et uniquement au Japon. Ainsi, l’exégète de la série et l’amateur de retrogaming auront la joie de retrouver un panel quasi exhaustif des différentes versions des jeux de la série.

Ce sont donc des versions Sega Game 1000 (SG-1000), Sega Master System, Sega Gamegear, Sega Megadrive, Arcade en version japonaise comme en version américaine (oui, je sens que vous aussi, vous regrettez l’absence des versions européennes forcées en 50htz) etc. qui seront accessibles à tout moment à partir des menus consacrés à chacun des jeux.

Bien évidemment et vraisemblablement pour des questions de droit, la compilation fait l’impasse sur les adaptations et spin-off Nintendo, Super Nintendo, PC Engine et Nec Super CD (ah, quelles machines formidables, les petites NEC). De même, on n’y retrouve, et pour des raisons similaires, aucune des adaptations sorties sur micro-ordinateurs 8 et 16 bits.

Dommage mais le monde survivra probablement à l’absence d’une version Amstrad CPC 128 de Wonder boy ou à l’adaptation Atari ST de Wonder boy in Monster land. Ouaip, sur Amstrad, ça donnait ça :

C’est bien évidemment dommage pour les archivistes du jeu vidéo et les amateurs des trois jeux de la trilogie Adventure Island (avec les fantastiques Hudson Soft aux commandes) mais ça reste malheureusement compréhensible.

Enfin, la compilation propose, comme toute compilation rétro qui se respecte, des options QOL (Quality of Life donc) comme le rembobinage, la sauvegarde à tout moment ou encore une sélection de shaders pour retrouver l’aspect des moniteurs et téléviseurs d’antan (scanlines, image pixel perfect, bords arrondis, floutage de l’écran pour imiter les tubes cathodiques de l’époque, etc.).

Non, je ne sais pas non plus ce qu’est un labal

La qualité de l’émulation, car c’est bien ça dont il s’agit, est très satisfaisante.

On retrouve bien les sprites clignotants sur la version Master system de Wonder Boy (oui, saleté de nuage qui chute brutalement, c’est bien de toi dont je parle) et les scrollings… ahem… perfectibles de la version SG-1000.

Version SG-1000 : ça pique un peu

Ultime cerise sur le gâteau, cette nouvelle compilation propose un certain nombre d’artworks et, notamment, une bonne partie des manuels d’époque. Non, Messieurs les plus jeunes joueurs, sachez que les modes d’emploi ne sont pas une légende urbaine. Ils ont bien existé.

Non, aucun arbre n’a jamais été maltraité et non, leur disparition n’a entraîné aucune réduction du prix de vente des jeux. Les possesseurs de consoles Sega Master System et Megadrive seront donc ravis de retrouver les scans des pochettes (moches) et des manuels (moches).

Rahhh lovely ! En France, le nombre de jeu sur ce support type carte de crédit a été très limité

Esthétique mise à part, ça reste un chouette bonus même si l’on peut regretter que l’éditeur n’ait pas été aussi ambitieux qu’Atari et Digital Eclipse avec leur récente compilation des 50 ans qui fourmillait de documents d’archives et de vidéos d’époque.

Cela dit, ça reste un cas à part qui n’est, à mon sens, pas prêt d’être égalé.

Vous admettrez que les jaquettes Master System, c’était pas trop ça, même pour les années 80.

En définitive, cette nouvelle compilation est un must pour les amateurs de la série qui n’ont pas déjà craqué pour la précédente l’année dernière. Pour ceux-là, il sera probablement plus raisonnable d’attendre une promo.

Que vous soyez nouveaux acquéreurs ou acheteurs compulsifs, sachez que les différents jeux de la série restent toujours étonnamment plaisants à parcourir et qu’ils n’ont que peu souffert des outrages du temps. Mine de rien, ce n’est pas si souvent le cas.

Genre : Plateforme/J-RPG/Metroidvania

Développeur : Bliss Brain

Editeur : SEGA/BlissBrain/ININ Games

Plateforme : PS4/Switch

Prix : 49,99€

Date de sortie : 26 janvier 2023

Testé sur version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.