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Ultimate Railroads

Il arrive parfois que mon doigt glisse sur commander sur un site de jeux de société pour offrir un cadeau d’anniversaire. Parfois, la commande ne suffit pas pour avoir les frais de port offerts. Quel jeu choisir dans ce cas ? Le dernier jeu hypé par votre youtuber préféré ? La petite perle dont personne ne parle ? La valeur sûre ? ou Ultimate Railroads ? J’ai choisi la dernière option et je ne le regrette pas. C’est une merveille qui aura mérité son Dystoseal dès la fin de la première partie et le confirmera avec les suivantes.

Du point de vue matériel, Ultimate Railroads se pare d’une énorme boîte et d’un thermoformage en carton. Il y a peu de vide et même si l’on peut chipoter sur la qualité du thermoformage puisqu’il est difficile de ranger parfaitement les composants en respectant l’exemple, mais rien n’empêche d’être rebelle et mettre les pièces avec le matériel d’un joueur.

Le psychorigide en moi a réussi à dépasser cette hérésie dans l’unique objectif d’avoir des étages bien alignés et non penchés. Au final, le thermoformage avec ses deux étages est une excellente idée pour ranger la profusion de matériel. Concernant le matériel, il est pléthorique et de très bonne qualité. Sans parler de prix au kilo – ce qui n’a aucun sens – le matériel pourrait justifier à lui seul le coût du jeu par sa profusion et sa qualité.

Ultimate Railroads contient le jeu de base Russian Railroads, les extensions German, American et Asian (exclusive à cette version), ainsi que les modules sortis (travaux, charbon et idées spéciales). Autant dire que le joueur souhaitant avoir l’ensemble du jeu est servi. Même si ça n’a aucune importante, j’adore la couverture de la boîte. Sobre et efficace.

Au niveau règles, Ultimate Railroads paraît complexe au premier abord. Sa mise en place est très rapide et le rangement prévu dans la boîte permet de gagner beaucoup de temps. Toujours agréable de ne pas courir après le module truc que vous avez mis au fond de la boîte puisque vous ne vouliez pas y jouer au départ. Pour en revenir à la règle, le livret est un exemple dont les éditeurs devraient s’inspirer. Il y a 48 pages (ne partez pas en courant) d’une clarté suffisamment exceptionnelle pour le souligner. Chaque pan du jeu est expliqué avec des exemples imagées.

Le jeu de base, les extensions, les modules et le mode solo ont tous le droit à une place importante pour expliquer les subtilités, les différences et même les petits questionnements. La lecture est agréable et la clarté de l’ensemble permet d’entrer dans sa première partie sans avoir des sueurs froides ou la peur de faire l’erreur de règle qui gâche tout. Il y a même une petite annexe à la fin pour expliquer les cartes, usines… Et comme je ne sais pas expliquer, je laisse d’autres le faire à ma place.

Concernant le gameplay, Ultimate Railroads est un jeu de pose d’ouvriers assez classique. Chaque joueur va poser un ou plusieurs ouvriers sur un emplacement et faire l’action associée. C’est aussi simple que cela et malgré cette simplicité, le jeu est beaucoup plus subtil qu’il n’y paraît. En effet, le gameplay fonctionne avec une logique de tempo et de combos. Il est tout à fait possible de déclencher un ou plusieurs effets avec un simple déplacement de rail.

En cela, le jeu a une courbe de progression importante tout en restant très pur dans sa mécanique. Au niveau des sensations, le jeu a une montée en puissance exponentielle. Passer de dix points max à la fin de la première manche à plus de cent cinquante points à l’issue de la partie est jouissif. C’est d’autant plus exacerbé quand on maîtrise le jeu et que l’on voit le décompte des points exploser le plafond.

Concernant les extensions et modules, Ultimate Railroads est bien pourvu. Je ne vais pas détailler l’ensemble, mais le jeu s’enrichit énormément. Pour ma part, les petits modules ne restent plus dans la boîte et sont ajoutés à chaque partie. Ils sont conçus pour ne pas alourdir le gameplay. Elles ajoutent des possibilités et rendent le jeu encore plus jouissif en faisant monter les scores d’un cran supplémentaire avec une manche en moins. Les extensions, quant à elles, changent le plateau joueur et apportent de la variabilité dans la routine qui peut s’installer avec le plateau russe.

Par exemple, le plateau Allemagne permet de personnaliser son plateau joueur. Les plateaux Amérique et Asie apportent encore autre chose. La variété est ainsi assurée même si les plateaux ne sont pas pensés pour être mélangés. Oubliez de suite la partie à quatre avec un plateau différent pour chacun. L’asymétrie n’a pas été pensée et le déséquilibre serait trop grand. Personnellement, j’ai été conquis dès mon premier tour de la première partie. A la fin de celle-ci, je n’avais qu’une envie : « y rejouer ». Mon partenaire de jeu a aussi adoré de suite et la montée en puissance a fini de le convaincre.

C’est sa grande force et aussi sa faiblesse d’être épuré et ultra accessible. Grande force parce que les joueurs peuvent entrer facilement dans le jeu et faiblesse par l’impression d’en faire le tour dès la troisième partie avec des passages obligés pour faire un bon score. Et là, l’édition Ultimate prend tout son intérêt en ajoutant les modules pour continuer à s’amuser sur le jeu de base, puis le passage sur les différentes extensions pour augmenter encore plus le nombre de parties et varier les plaisirs.

La direction artistique est, pour moi, axée sur la lisibilité donc autant dire que ça ne fait pas rêver. Sorti de la couverture que je trouve magnifique, le jeu mise sur une lisibilité sans faille avec une iconographie réussie et claire. Le matériel possède toutes les informations utiles pour ne plus avoir à revenir dans le livret de règles dès la partie lancée. Même la mise en place est rappelée sur le plateau principal de façon succincte. Malgré une froideur apparente, le jeu n’est pas austère comme peut l’être d’autres jeux dit à l’allemande.

Sa durée de vie est aussi étonnante pour un jeu aussi ancien (2013) puisque le jeu dure une heure maximum à deux. Certes, mon partenaire et moi sommes des joueurs rapides, mais l’heure me semble la durée de partie moyenne. Au bout de cinq parties, la durée est descendue à 45 minutes pour nous. Je pense que même à quatre joueurs, la partie ne dépasse pas les 90 minutes maximum tout compris et en prenant son temps.

Concernant l’interaction, Ultimate Railroads n’est pas un jeu avec une confrontation directe. L’interaction entre joueurs va se jouer sur les actions disponibles et le blocage de celles-ci par vos adversaires. Rien d’extraordinaire pour un jeu de ce type, même si laisser Nain 2 s’envoler sur la piste industrialisation est une très mauvaise idée. Surveiller l’adversaire et le bloquer sont des options à ne pas négliger pour espérer l’emporter ou à tout le moins, ne pas finir avec 100 points d’écart. Si vous êtes trop sensible à la défaite, il est possible de choisir Emil comme adversaire. Emil est l’incarnation du mode solo avec son petit paquet de cartes.

Il ne fera pas d’ombre à un adversaire humain, mais viendra contrarier le joueur en lui prenant des emplacements. L’une des particularités d’Emil est qu’il ne jouera que des actions possibles pour le joueur. Pas de réjouissance quand il sort sa carte rail doré et que vous vous dites « pas de problème, je ne l’ai pas encore débloqué ». Dans ce cas, la règle précise qu’Emil va continuer à piocher jusqu’à pouvoir faire une action possible pour le joueur. De plus, le mode solo est prévu pour être joué avec tout le matériel inclus dans la boîte. Tout juste pourrait-on reprocher au mode solo d’être un simple beat your own score (Bats ton propre score). Personnellement, je le trouve très sympa à jouer et il offre la possibilité de se faire une petite partie sans prise de tête.

En conclusion, Ultimate Railroads est un excellent jeu qui a bien vieilli. Dans le genre pose d’ouvriers, il a pour lui une pureté et une montée en puissance jouissive. La durée de la partie est suffisamment contenue pour le rendre facile à sortir. Son thermoformage et son livret de règles aux petits oignons le hissent, pour moi, au niveau des très grands jeux méritant d’être dans la ludothèque de n’importe quel joueur. Une très bonne surprise.

Genre : Pose d’ouvriers

Auteur : Helmut Ohley, Leonhard « Lonny » Orgler

Illustrateurs : Martin Hoffmann, Claus Stephan

Editeur : Hans Im Glück

Localisé en français par Asmodée

Prix : 79,99€

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.