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Amnesia: the Bunker

Il est juste derrière moi, je peux sentir son souffle chaud et son haleine fétide sur mon cou. C’est de ma faute, je n’ai pas été assez prudent. Laisser la grille ouverte comme ça, alors que j’allais juste chercher quelque chose. Et maintenant il est derrière moi, implacable. Il connait tous les recoins sombres… Là, la porte ! Si je l’atteins et parviens à la fermer, il sera bloqué et je pourrai l’éblouir. Il déteste la lumière, à force de rester terré dans l’obscurité. J’y suis ! Tiens, prends ça, Ruvon, ça t’apprendra ! Tout ça pour un pack de bières… Ça m’apprendra, j’enverrai Lupus la prochaine fois. Je vais aller me faire un Amnesia: the Bunker pour me détendre, ça va me changer de mon quotidien à la rédac.

Dans la dernière production de Frictional Games, vous jouez un soldat de la Première Guerre Mondiale réfugié dans un bunker. Enfin je dis réfugié, ça donne un sentiment de sécurité alors qu’au bout d’un petit quart d’heure là-dedans, on préfèrerait être dans les tranchées à se faire tirer dessus par les Allemands…

Parce que malgré sa qualité de soldat et son armement impressionnant (un pistolet avec 2 balles), notre héros n’en mène pas large. Amené inconscient, soigné par un inconnu, il s’aperçoit vite qu’il se passe des choses étranges dans ce bunker. Déjà, l’entrée s’est effondrée et est impraticable, il faut donc chercher une sortie ailleurs. Ensuite, il y a du sang partout et des petits bouts de gens, des bouts utiles en plus. Alors oui à la guerre ça arrive, mais normalement dans un bunker on range ses affaires et on nettoie.

Amnesia: the Bunker est un pur produit Frictional Games. Vous êtes paumé, sans la moindre idée de ce qui se passe – enfin si, mais vous allez tenter de vous persuader que ce n’est pas si grave – et vous allez devoir vous débrouiller pour survivre, vous échapper et accessoirement ne pas vous faire boulotter par la bête horrible qui traîne dans les murs. Facile me direz-vous, vous avez retenu qu’on a un pistolet. Alors oui mais non. Certes on peut tirer sur la bête, ça la fera fuir – une ou deux fois – mais après ça l’énervera. Et vous voudrez ne pas l’énerver…

Alors il va falloir explorer le bunker zone après zone, sachant qu’elles se débloqueront petit à petit et qu’il faudra faire d’incessants aller-retours, pour trouver ici de l’essence pour alimenter le générateur de courant (pour éclairer les tunnels, sachant que le monstre Ruvon et Ruvon la bête détestent ça), là le code du casier d’un des soldats décédés… Beaucoup de trajets à faire, le plus discrètement possible bien entendu pour ne pas attirer la bête.

Avec toujours en tête un objectif immédiat à réaliser. Vous pourriez partir explorer, collecter tout ce que vous pouvez, mais l’emport de votre sac à dos est ridicule et vous passeriez à côté de beaucoup de choses. Alors vous allez devoir être méthodique.

Faire trois chambrées, revenir au poste de commandement vider votre sac et sauvegarder. Oui, vous ne pensiez quand même pas que vous auriez accès à un système de sauvegarde automatique ! Et repartir fouiller ici la prison, là l’arsenal. Vous chercherez parfois des codes, parfois des objets, lisant chaque document trouvé avec la peur au ventre, découvrant avec horreur comment les soldats dont les corps sont éparpillés un peu partout ont lutté contre la bête.

Lisez bien, de précieuses informations sont régulièrement fournies et permettront de débloquer de nouveaux objectifs. En gardant en tête qu’il faudra trouver de quoi nettoyer l’éboulement devant la sortie et sortir. Et courir au loin !

Amnesia: the Bunker a quelques défauts. Le gameplay est parfois inutilement pataud. Je sais que c’est fait pour vous rendre maladroit et vous faire flipper encore plus quand vous n’arriverez pas à faire des gestes simples en situation de stress. Mais quand même, a-t-on besoin d’autant de manipulations à la souris pour ouvrir une porte ? Niveau physique aussi, les réactions des objets sont parfois… atypiques. Mais rien de grave une fois qu’on a compris comment le jeu tourne.

Amnesia: the Bunker a par contre énormément de qualités. L’ambiance tout d’abord. Quelle ambiance mes amis. Combien de fois me suis-je retrouvé dans la salle de commandement avec les poils des bras hérissés, persuadé d’avoir été poursuivi alors que j’étais seul dans le tunnel ? Combien de fois ai-je sursauté en croisant des rats, ou suis-je resté immobile devant la bête, résigné et incapable de bouger ? Oui Amnesia: the Bunker est un chef d’œuvre d’ambiance, un de ces jeux qui vous prend à la gorge, aux tripes, par les chevilles et qui vous traîne hurlant sur un sol rocailleux.

J’avoue ne pas avoir réussi à faire de longues séances par contre, très stressantes et surtout propices à mettre en exergue le côté fastidieux des aller-retours. Cela me permettait de savourer chacune de mes expéditions dans le noir, chaque découverte de nouveau boyau (de tunnel hein, parce que des boyaux de soldats vous allez en voir un petit peu trop pour votre santé) et surtout de penser à sauvegarder.

Amnesia: the Bunker n’est clairement pas un jeu à recommander aux âmes sensibles. Quand j’ai expliqué le pitch à Evilblacksheep elle s’est évanouie et je la comprends. Rester devant un PC, dans le noir, casque vissé sur la tête (parce que c’est bien comme ça que vous jouez aux jeux horrifiques rassurez moi) et sursauter au moindre grognement venant du mur n’est pas vraiment reposant. Un peu comme bosser à la rédac les jours où Ruvon est de mauvais poil en fait…

Genre : Horreur

Développeur : Frictional Games

Editeur : Frictional Games

Date de sortie : 6 Juin 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...

Une réflexion sur “Amnesia: the Bunker

  • Barraka

    « Amnesia: the Bunker est un pur produit Frictional Games. »

    On voit clairement la filiation sur la technique (même moteur) et dans le lore / l’histoire. Par contre il y a une nette différence niveau gameplay avec une créature qui rôde constamment dans les alentours – à la manière du xénomorphe d’Alien Isolation – alors que tout reposait sur des scripts dans les précédents jeux. D’autre part le gameplay offre un peu plus de responsabilité au joueur quant à l’exploration, l’utilisation des ressources et la progression, notamment grâce à un positionnement aléatoire des objets et la structure non linéaire des niveaux.
    Pour moi c’est un jeu en rupture avec les précédents opus, et j’espère que Frictional Games va reprendre les mêmes bases pour un jeu plus ambitieux.

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