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ISLANDERS

Loin d’un Anno, d’un Surviving Mars ou autre Banished, ISLANDERS a fait une sortie remarquée début avril. Il propose une autre approche du jeu de construction. Pas de population à gérer, de ressources à accumuler ou de survie à assurer, ici on place de petits bâtiments sur une île en 3D pour marquer des points. Chaque bâtiment fonctionne en synergie avec d’autres, rajoutant ou retranchant le score en fonction de leur zone d’influence.

On commence avec quelques éléments dans un domaine (agricole, forestier, résidentiel…) et il faut atteindre le palier suivant pour débloquer une nouvelle série d’objets. On a le choix entre deux catégories à chaque niveau, mais c’est bien le seul moyen de planifier un minimum sa stratégie. Au fur et à mesure, la carte se remplit et il faut tourner autour de l’île pour trouver l’endroit optimal où placer une scierie, un pêcheur ou un vaste temple.

La carte dispose de quelques ressources à exploiter, comme ces arbres pour les bûcherons ou ces fleurs qui feront le bonheur des druides. Mais elle est surtout limitée en espace et les zones planes où on peut installer de gros entrepôts, cirques ou autres marchés sont chères.

Il faut donc maximiser les emplacements pour franchir ces paliers (ce qui est un jeu d’enfant au début) et continuer à construire, puisque le game over vous attend si vous avez utilisé toutes vos possibilités sans les valider. Après un certain nombre de points marqués sur une île, vous pouvez accéder à la suivante et repartir à zéro (tout en conservant votre score déjà acquis).

Rien ne vous empêche de continuer à remplir la carte au maximum avant de passer à la suivante, mais j’avoue que l’intérêt n’est pas flagrant, à part la satisfaction d’avoir occupé tout l’espace possible. Chaque île a donc sa propre topographie et son biome (plaines, désert, forêt, tundra…), mais si le changement de couleurs est agréable, le principe reste identique et recommencer la même chose dans un autre décor manque quand même de variété.

On joue sans pression, pas de chronomètre, aucune urgence ne vient nous perturber ; le début de partie est une bonne introduction mais ça manque un petit peu de challenge. Je n’ai eu aucune difficulté à avoir parfois deux paliers d’avance et je n’ai jamais eu à jouer ma partie sur un placement salvateur. C’est reposant, envoûtant, parfois jusqu’à l’endormissement.

Le principe est simple et se comprend en quelques secondes, le texte en français nous indique quels bâtiments ont un effet les uns sur les autres et on voit immédiatement le score que va nous rapporter le bâtiment. On se retrouve parfois à naviguer un peu au hasard, faisant voleter la souris sur l’écran pour voir s’il n’y a pas un endroit plus approprié pour notre prochain clic. Toutefois la grande quantité de relations entre les types de constructions garantissent un minimum de profondeur à l’ensemble.

On passe tranquillement les îles, entraînant avec nous ce sentiment d’ennui qui pointe le bout de son museau lorsque se répètent les bâtiments. Il y a bien ces plateformes qui viennent agrandir les zones constructibles pour redonner de l’intérêt à une carte déjà bien remplie, mais si débuter une nouvelle île est agréable, j’ai eu du mal à enchaîner, préférant faire une pause entre chaque pour conserver l’envie de continuer.

On peut difficilement planifier sa progression puisque les possibilités de choix sont aléatoires (j’ai eu plusieurs fois les mêmes packs de bâtiments d’affilée et certains ne sont pas adaptés au biome de l’île en cours) donc on se retrouve souvent à faire au mieux, quitte à gâcher des emplacements qui seraient idéaux pour d’autres constructions ; frustrant pour un perfectionniste ou un névrosé du pixel perdu.

Un petit bug m’a permis à plusieurs reprises de placer des éléments « sous » une strate en relief, mais globalement ISLANDERS est très propre techniquement. Les maisons et autres parcs ne sont pas tous carrés, ce qui permet de les imbriquer avec précision. Si on ne peut pas zoomer, on peut sans difficulté se déplacer autour de l’île et profiter de graphismes low poly très réussis et colorés. La musique est anecdotique mais pas énervante, c’est déjà ça.

Œuvre de GrizzlyGames, petit studio allemand qui a aussi réalisé SUPERFLIGHT (un jeu de basejump très bien reçu en 2017) et qui a visiblement nommé ses jeux avec un clavier limité aux majuscules, ISLANDERS est un petit jeu de construction qui tend vers le casual, sans pression, au challenge limité, peu complexe mais pourtant pas dénué de profondeur. On tombe malheureusement assez vite dans la répétition dû au manque de variété dans les éléments proposés.

Je faisais le rapprochement avec un Banished vidé de la gestion de ressources ou de survie, en début d’article et c’est peut-être son plus gros défaut, finalement : ce manque d’urgence, de risque de sanction qui oblige à rester vigilant et à toujours améliorer sa ville. Ici, on repart de zéro toutes les cinq-dix minutes, ce qui est assez déstabilisant quand on est habitué aux city-builders classiques. On s’approche du jeu de puzzle mais sans jamais l’assumer complètement.

A déguster par petites sessions, il se révèle très agréable à l’usage et sait apporter de brèves satisfactions lorsqu’on score plusieurs dizaines de points avec un seul bâtiment intelligemment placé. Disponible pour un prix très réduit (moins de 5€), je le conseille à ceux qui cherchent une expérience pas prise de tête et agréable à manipuler, en gardant à l’esprit que si le concept est bien pensé, il lui manque la touche de magie qui le rendrait réellement addictif.

J’en viens à espérer qu’il soit le brouillon d’un jeu plus ambitieux, reprenant ce qui fait sa force tout en y ajoutant une bonne dose de complexité. A trop caresser le joueur pour lui assurer une expérience douillette, on oublie que la claque dans la gueule, ça aide à rester éveillé.

Genre : City-builder casual

Développeur : Grizzly Games

Éditeur : Grizzly Games

Plateforme : Steam

Date de parution : 4 avril 2019

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.

2 réflexions sur “ISLANDERS

  • Ah yes, tu tombes dans le casu ça y est, c’est la quarantaine çà.

  • Ruvon

    Hé oh, il me reste quelques années avant la quarantaine.

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