ICBM
Harvester et moi-même avions pu tester en primeur la démo de ICBM juste avant le Steam Game Festival de cet automne. Nous n’avions pas réellement été convaincus par le tempo du jeu ou ses mécaniques en multijoueurs. Je me suis donc replongé dans le jeu pour sa sortie afin de voir les évolutions et la partie solo.
Prenant son inspiration de Defcon, le jeu vous propose de choisir un continent (ou une nation ou une partie de la planète suivant la subdivision de la carte choisie) face à d’autres nations gérées par l’ordinateur et de vous préparer au mieux pour la guerre nucléaire. Il y a trois mode de jeu : Normal, Survie et Extermination. Le mode « Normal » calculant les points sur base des pertes infligées et reçues, les deux autres sur un seul de ces aspects. Vous avez aussi d’autres options permettant de déterminer une période de paix et une période de temps sans utilisation de la bombe pour les joueurs qui, comme moi, aiment planifier un peu avant de se lancer dans les hostilités.
Une fois dans la partie, vous disposez d’un capital de départ, quelques bâtiments navals, un aéroport et quelques stations radars à placer où vous le désirez sur votre territoire. Ensuite il faudra se pencher sur votre première recherche et votre ligne de production. L’équilibre entre les deux peut-être adapté selon vos besoins. En général, vous gagnerez à favoriser la recherche en début de partie mais tout dépendra de votre stratégie. En effet, il ne sera pas possible de tout rechercher sur la durée d’une seule partie, ce sera donc à vous de décider vers quoi vous voulez orienter votre nation. Avions furtifs à longue distance pour frapper plus loin au centre des défenses ennemies, batteries anti aériennes afin d’empêcher l’ennemi de frapper vos viles, sous-marins équipés de missiles nucléaires, surveillance satellites, missiles plus destructeurs etc. Le choix à ce niveau est assez large et permet de varier les parties.
A part si une période de paix est déterminée à la création de la partie, le monde entier est en guerre dès le début, c’est-à-dire que lorsque deux unités sont à proximité (ou à portée d’attaque si elles sont révélées) elles vont combattre. Il est donc judicieux de ne pas être trop prêt de l’ennemi sans être préparé au combat et de ne pas trop éparpiller ses forces. Comme dit plus haut, la production dépendra de l’équilibre que vous aurez choisi entre la recherche et la production. Chaque unité/bâtiment a un coût fixe qui est réduit ou qui augmente suivant l’effort de votre nation passé à le produire. Heureusement ICBM peut se jouer en accéléré car le système de production étant séquentiel, il n’est pas rare de voir des délais assez importants (genre 1h30) dans la liste d’attente. Surtout que la production est aussi liée à votre population, une fois que vous commencerez à avoir des pertes humaines, il sera donc plus difficile de pouvoir réagir aux événements.
Vous l’aurez compris, tout repose sur la préparation et le placement stratégique de vos éléments de combat. Seulement, le temps dont vous disposez dépend grandement des autres joueurs. On a donc toutes les recettes pour faire un jeu parfait pour le multijoueur vu qu’il y a aussi moyen de créer des Alliances et bien sûr de les quitter pour planter un couteau dans le dos de votre ancien allié. Une fois la guerre nucléaire déclenchée, ce sera le chaos presque total, d’où l’intérêt d’éliminer au plus vite les capacités offensives de l’ennemi.
En solo, ICBM est moins agressif même s’il y a bien un moment où l’IA va lancer la première attaque si vous ne vous décidez pas. Afin d’être efficace dans la planification, le jeu propose de créer des plans d’action qui permettent de déterminer quel type d’unité va attaquer quelle cible lorsque le plan se déclenche. A ce niveau, j’ai encore l’impression que les plans se déclenchent directement sans attendre la fin du compteur mais normalement il y a deux options (déclenchement en urgence ou à la fin du compteur). Il est aussi possible d’exclure certaines de vos unités des plans créés afin de garder des atouts dans votre manche. Alors à quoi servent ces plans ? Principalement à travailler par étapes, en éliminant par exemple en premier les défenses aériennes de l’ennemi avant de lancer vos missiles sur ses villes lors du second plan.
Alors ICBM a selon moi deux gros défauts. Le premier est, comme on est en temps réel, lié aux possibilités de pause automatique. Dans les options (et pas dans l’interface du jeu même, ce qui n’est pas très pratique) il est possible de paramétrer les moments où vous voulez que le jeu mette en pause automatiquement (vu que vous jouerez la plupart du temps en vitesse accélérée cela permet d’éviter de louper tel ou tel événement) mais n’a pas, selon moi, le grain de précision suffisant pour s’adapter aux deux périodes clés (c’est à dire la guerre normale et la guerre nucléaire). Je suis par exemple assez intéressé lorsqu’un de mes missiles touche une ville ennemie mais la seule option est « si une ville ennemie est touchée » ce qui fait que le jeu fait pause à chaque fois qu’une bombe explose sur l’ennemi, que je sois le responsable ou non. Chacun aura ses préférences et malgré la liste importante, ce n’est selon moi pas encore assez.
Le second est lié à l’équilibrage qui est, par définition, imparfait lorsqu’on prend la carte de la planète. La géographie fait qu’il sera plus facile de défendre les Amériques (surtout le côté Sud) que la Russie qui borde presque toutes les autres nations. Hors ICBM ne propose pas (encore) d’autres cartes, soit plus fantaisistes ou à moindre échelle qui permettraient d’équilibrer un peu les forces en présence. En résultat, en solo en tout cas, on retrouve souvent le même top 3 dans les parties que j’ai pu jouer.
Au niveau du multijoueur, il faut un certain temps pour s’adapter à la manière donc les autres joueurs peuvent jouer avec l’écoulement du temps, ne pas louper quand vous ne faites plus de recherche et avoir assez rapidement des plans actifs afin d’éliminer les menaces les plus directes. J’ai trouvé un peu dommage qu’il faille quitter la partie pour modifier les options sonores mais heureusement ICBM gère le hot « rejoin » vu que l’IA s’occupera de jouer pendant votre absence. Autre petit bémol, la pollution terrestre n’est pas adaptée à la taille de la carte donc si vous jouez à deux (par exemple sur la carte opposant la France à l’Espagne) éliminer complètement l’adversaire ne polluera pas assez l’atmosphère pour que la partie se termine d’elle-même. J’ai trouvé aussi que le système d’Alliance était trop facile à exploiter. Alliez-vous, préparez vos plans et vos ressources, brisez l’Alliance et votre ancien allié n’aura même pas un temps « mort » pour réagir. Avoir un pacte de non agression obligatoire pendant x minutes (ou comme option de partie) pourrait éviter que le premier à dégainer ne gagne.
ICBM est un jeu pétri de qualité et pourtant… il n’est pas pour moi. S’il est très amusant de faire évoluer les défenses de son pays/continent et de le spécialiser dans les nombreuses recherches possibles, le fait de n’avoir, une fois la guerre nucléaire lancée, quasiment plus rien à faire sinon regarder tout exploser (et accessoirement pleurer) me refroidit beaucoup. Il suffit de faire LE plan efficace et d’avoir ses troupes bien placées au bon moment pour lancer et finir la guerre en quelques minutes. Je comprends que cela plaise mais ni l’échelle, ni le déroulement des conflits ne me passionnent. Peut-être que si on enlevait ces derniers en conservant toute la partie gestion ?
Au final, ICBM est un petit jeu sympathique, au contenu peut-être un peu léger pour le prix mais qui permet quand même de s’amuser quelques heures et qui donne envie de relancer une partie afin de « cette-fois-ci » arriver à remporter la partie. En multijoueur je suis un peu plus mitigé à cause de la gestion du temps et des pauses mais c’est un jeu qui se prête merveilleusement bien aux coups fourrés dévastateurs. Au final, le jeu devrait plaire aux nostalgiques de Defcon et tout ceux qui aiment la stratégie rapide et efficace.
Editeur : Slitherine Ltd.
Genre : Stratégie, wargame
Date de sortie : 17 Novembre 2020
Prix : 16,79€
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur