Haven

J’ai passé le week-end dernier à jouer à la dernière production en date du studio montpelliérain The Game Bakers : Haven. Leur précédent jeu, Furi, avait ravi les masochistes fans de boss rushs extrêmement difficiles. Personnellement, j’avais passé mon tour, mais gardé un œil sur le studio car ils avaient produit l’un de mes jeux mobiles préféré, Squid Odyssey. Oui je sais, ça ne dit sûrement rien à personne, mais c’était génial. Pour en revenir à Haven, le jeu semblait revenir sur un gameplay plus zen que Furi et avait donc capté mon attention. Cependant, la démo ne m’avait pas convaincue mais le jeu est sorti sur le Game Pass et a eu raison de ma curiosité.

Si la démo m’avait refroidie, c’est qu’une histoire d’amour est au centre de l’histoire, et la romance… ben c’est pas mon truc. Ni en livre, ni en film ou en série, je n’y peux rien, ça m’ennuie, à quelques rares exceptions près (NdHarvester : on a donc la preuve que tu n’as pas de cœur). Donc déjà, Haven partait, à mes yeux, avec un gros handicap. Fort heureusement, je dois reconnaître qu’ici, l’écriture est de bonne qualité et sort un peu des gros clichés habituels. Si mon intérêt n’était que moindre pour la romance en elle même, j’ai pu aller au bout du jeu sans vomir un arc-en-ciel sur mon clavier. J’ai même apprécié que pour une fois on arrive à une version plus réaliste et nuancée d’une vie de couple.

Si l’écriture des dialogues joue pour beaucoup, le doublage n’est pas en reste. Les deux acteurs qui doublent Yu et Kay arrivent à transmettre les émotions des personnages sans jamais avoir besoin de surjouer. Le jeu bénéficie aussi d’une excellente bande originale, composée par DANGER, qui est d’ailleurs disponible sur de multiples plateformes. La musique colle parfaitement au gameplay, aide à l’immersion et ajoute à l’ambiance relaxante du jeu. Visuellement enfin, le jeu est absolument magnifique. La majeure partie du jeu est modélisée en 3D, que ce soit les phases d’exploration, de combat ou les interactions du couple à l’intérieur du vaisseau qui leur sert de base. A cela s’ajoutent des portraits dans un style 2D d’animation traditionnelle lors des nombreuses phases de dialogue. L’ensemble est soigné et plaisant pour les yeux.

Pour ce qui est du gameplay, je le diviserais en trois parties distinctes. Tout d’abord l’exploration et le système de déplacement/purification. La planète où s’est écrasé le vaisseau de nos protagonistes est non seulement fragmentée mais aussi couverte de rouille qui contamine la faune locale. Elle est également recouverte de flux d’énergie qu’ils pourront collecter, à la fois pour éliminer la dite rouille, mais aussi pour accéder aux différentes zones détachées les unes des autres. La sensation de glisse est particulièrement agréable et très fluide. La seconde tranche de gameplay, les dialogues et interactions du couple, est elle aussi solide. S’il y a des choix de réponses à faire, ils ne semblent pas trop impacter l’histoire, mais l’écriture étant solide, je n’ai pas trouvé que cela posait problème.

La troisième partie, enfin, les combats, est pour moi la partie la plus faible du gameplay. La mécanique n’est pas mauvaise en elle-même, et elle s’intègre parfaitement avec le reste, mais elle devient vite répétitive. Le jeu étant jouable en co-op et le combat reposant alors sur la capacité de synchronisation des deux joueurs, ce système est compréhensible. J’ai juste trouvé qu’en solo cette partie devenait vite dispensable. En parlant du mode co-op, c’est uniquement canapé (ou pour ceux qui ont le jeu sur Steam, en remote play).

Techniquement, le jeu tourne très bien, même sur ma machine antique. Je n’ai rencontré qu’un seul bug (trois fois, certes) qui m’a forcée à quitter le jeu au milieu d’un combat. Le jeu sauvegardant automatiquement à chaque changement de zone, je n’ai pas perdu trop de progrès. Je déplore l’absence de sauvegarde manuelle et l’impossibilité à l’heure actuelle de continuer à explorer (ou recharger sa partie) après la conclusion de l’histoire. Niveau durée de vie, j’ai fait quasiment tout ce qu’il y avait à faire en une quinzaine d’heures. Il est probable que le jeu soit beaucoup plus court si vous ne vous focalisez que sur l’objectif principal.

Au final, The Game Bakers réussissent selon moi leur objectif de produire un jeu détendu et axé sur la narration. Haven ne sera certainement pas au goût de tous, surtout ceux qui voulaient un autre Furi. Le résultat est selon moi plus qu’honnête, malgré mon désintérêt général pour les trucs sentimentaux. Si a fortiori vous aimez les histoires d’amour, celle-ci a au moins le mérite d’être bien écrite.

Site officiel

Développeur : The Game Bakers

Éditeur : The Game Bakers

Plateforme : Steam, Microsoft Game Pass, GoG, Xbox One, Xbox Series S, PS5 (Switch et PS4 à venir)

Date de parution : 3 Décembre 2020