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Early Access: REMEDIUM

Les Twin Stick Shooters où notre personnage fait pan pan avec une pétoire sur des ennemis qui attendent que le joueur vienne les dessouder en se faisant les ongles de pied, ce n’est pas ce qui manque.

Certains sont de véritables pépites, Nuclear Throne en tête ou le prometteur Odinfall, avec leur ambiance cartoon pixel art et leur gameplay qui ne pardonne pas. Et puis il y a REMEDIUM (il va vraiment falloir qu’on en parle un jour de ces titres en majuscule).

Un soldat en armure est lâché dans un univers médiévalosteampunk postapo, avec pour cadre une sombre histoire d’épidémie qui a décimé l’humanité et engendré des mutants, et on explore des ruines dans l’espoir d’y trouver un remède au fléau.

Les lieux sont donc squattés par des espèces de chiens / sangliers, des oiseaux mitrailleurs et autres rhinocéros acides. Placés sur le chemin qui mène à la suite du niveau, ils attendent qu’on arrive à leur portée avant de nous foncer dessus sans réelle subtilité.

On est content quand on en croise, parce qu’on passe pas mal de temps à se perdre dans des couloirs qui se ressemblent et des portes qui ne s’ouvrent que de l’autre côté.

On a bien une boussole qui nous indique la direction générale, mais il faudra parfois faire tout le tour dans l’autre sens à cause de portes bloquées pour progresser, ce qui la rend à la fois inutile et énervante.

Le gameplay est un grand classique du twin stick shooter (même si on peut aussi y jouer au clavier souris) : un stick pour bouger, l’autre pour viser, la gâchette droite pour avoiner et les autres boutons pour dash, envoyer des grenades, changer d’arme / de munition, ou se soigner.

A intervalles réguliers, on trouve des établis qui nous offrent de nouvelles armes ou de quoi les modifier. On commence avec un fusil à pompe à faible portée, puis on met la main sur un fusil à cadence rapide et enfin un canon à main dévastateur mais au rythme de tir dangereusement lent.

Les quelques modifications possibles jouent un peu sur ces paramètres, mais ce sont surtout les munitions qui feront la différence. Trois éléments (feu, glace, électricité) qui coûtent trois ressources distinctes et qu’on ramasse sur les cadavres des ennemis. Autant vous dire qu’on en manque rarement.

Dans son état actuel, le ressenti des différents fusils est peu satisfaisant, ce qui contribue fortement à faire monter l’ennui.

La dernière subtilité de REMEDIUM, ce sont les maladies qui semblent nous tomber sur le nez comme le Covid dans une entreprise qui « ne croit pas » au télétravail, c’est-à-dire de façon inéluctable et régulière.

Elles ont des noms variés et nous handicapent plus ou moins (réduction de la vitesse de déplacement, de tir, augmentation des dégâts subis…).

Mais n’oublions pas que dans Remedium, il y a… medium, oui, ça fait plaisir de voir que vous suivez, mais il y a surtout remède. Explorer les niveaux permet de trouver des parchemins qui clignotent (oui, il va être temps de parler de la direction artistique, j’y viens) pour soigner certaines afflictions.

Je ne sais pas si les maladies comme les remèdes sont aléatoires, mais j’ai surtout chopé des médocs pour des maladies que je n’ai pas attrapé.

Comme vous pouvez le deviner sur les images qui accompagnent cet article, dans le monde de REMEDIUM, il fait nuit à 14h30 et tout est sombre et humide. Sauf les pièces d’armure qui servent de soin qui recouvrent littéralement le sol, flinguant l’immersion de leur brillance excessive.

De base, le jeu n’est pas très difficile, et la quantité de moyens de se réparer si on prend des dégâts est démesurée, en plus de rendre le jeu moins beau.

Pas qu’il l’était tant que ça, avec ses assets graphiques qui sentent fort le déjà-vu copiés-collés en masse ou les effets visuels des tirs assez cheap (et malgré des animations correctes).

Seuls les quelques boss viendront briser la routine (à savoir faire panpan et se perdre dans le labyrinthe des décors), mais eux aussi suivent un schéma répétitif : ils sont protégés par des rayons venant de plusieurs sources qu’il faut détruire en premier, avant de pouvoir les tabasser.

Classique, sans surprise, sans réel changement (ils ont des attaques avec effets de zone, mais à part ça…), ils ne sont pas mémorables non plus.

Par contre, je m’interroge sur le contenu. Après avoir battu un énième boss, le jeu m’apprend que je suis arrivé au bout, qu’ils prévoient trois autres chapitres mais qu’ils ne sont pas finis. Le tout en moins de deux heures et après avoir recommencé une partie pour prendre quelques screenshots.

REMEDIUM est certes en Early Access et j’avais bien senti qu’il manquait tout un pan du jeu (armes, maladies, niveaux…), mais c’est un peu court comme expérience. Sans parler des bugs encore nombreux, surtout dans la gestion des collisions avec le décor.

Pas que j’avais envie que ça dure quelques heures de plus au même régime un peu lourd, mais j’espère qu’il est prévu par la suite de renouveler un peu le goût, l’apparence et la texture de REMEDIUM.

Evidemment, au moment où j’écris ces lignes, un patch sort pour corriger certains aspects du jeu, donc rien n’interdit de penser que beaucoup de choses seront corrigées et améliorées d’ici la version finale.

Mais il n’empêche que pour l’instant, ça manque de punch, ça manque de feeling et surtout ça manque de folie, d’un petit assaisonnement qui donne envie de continuer à explorer.

On trouve bien un peu de piment dans la verticalité du dernier niveau actuellement accessible (si on esquive les bugs qui nous font tomber dans le vide sans prévenir), mais il va falloir en mettre beaucoup plus pour que REMEDIUM dépasse son état de « déjà vu en mieux ailleurs ».

Une de mes premières pensées en y jouant fut de me dire que c’était le projet d’un petit développeur indé qui faisait ses armes sur un genre assez classique, pour apprendre.

Quelle ne fut pas ma surprise en apprenant que c’est l’oeuvre de Sobaka Games, studio russe qui avait fait le plutôt bon 9 Monkeys of Shaolin que j’avais bien aimé, et le bourrin Redeemer. Pas des débutants donc, mais un rendu qui ne montre pas leur expérience en développement de jeux, au contraire.

A noter qu’ils ont aussi sorti REMEDIUM: Sentinels, leur Vampire Survivor-like dans le même univers en juillet 2023, lui aussi en Early Access, avec plus d’une centaine d’évaluations positives.

Toujours est-il que je ne peux décemment recommander REMEDIUM pour l’instant, trop neutre, trop plat, trop fade. Et j’avoue avoir du mal à croire que Sobaka saura améliorer les sensations du gameplay qui restent pour l’heure son principal défaut.

Genre : Twin Stick Shooter

Développeur : Sobaka Games

Editeur : ESDigital Games

Plateforme : Steam EGS

Disponible en français

Prix : 17,99€

Date de sortie en Early Access : 14 septembre 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur 

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.