Jeux de sociétéJeux vidéoJouer

Catan: Console Edition

Après le jeu de plateforme minimaliste (Go! Go! Pogo Stick Girl pour les curieux), on enchaîne avec Catan, l’adaptation sur consoles de nouvelle génération du jeu de plateau bien connu « Les Colons de Catane ».

Si je précise nouvelle génération c’est parce que le jeu a déjà connu les faveurs de diverses adaptations sur PC, mobile et, plus récemment, sur Nintendo Switch il y a à peine deux ans de cela. Cette fois, c’est Nomad Games qui est à la manœuvre, épaulé par Dovetail Games, bien connu pour ses Train World Sim et autres…. simulateurs.

La grosse nouveauté de cette version 2023, qui débarque pour la première fois sur les rivages de la PS5 et de la Xbox Series X/S, tient à la présence d’un mode multijoueur local qui, de manière inexplicable, n’était pas disponible sur la version Nintendo.

Oui, je vous l’accorde, développer une version informatique d’un jeu de plateau sans prévoir d’option multijoueur local, c’est assez ballot voir complètement c**  même si certaines spécificités du jeu de plateau expliquent partiellement l’absence de ce mode dans les versions précédentes.

Il est donc heureux que cette carence soit enfin corrigée, d’autant que cette nouvelle version débarque, en version deluxe, avec un DLC comprenant cinq cartes supplémentaires. Assez pour passer à la caisse ? C’est ce que nous allons voir (oui, je meuble pour attendre la longueur de texte nécessaire et ne pas me faire enguirlander par le boss).

Au-delà de cette nouveauté du multijoueur local, fondamentale mais pas complètement maîtrisée, comme on le verra un peu plus tard, l’éditeur met fièrement en avant la compatibilité 4K et l’affichage en 60 FPS (encore heureux), la présence de défis et un mode solo avec des IA suffisamment malignes pour donner du fil à retordre à un habitué du jeu (pas moi, donc).

La nouvelle version a sérieusement augmenté le niveau de détail.

Il convient de rappeler les grandes lignes de Catan. Il s’agit d’un jeu de plateau sorti en 1995 et créé par l’allemand Klaus Teuber (la précision a son importance parce que nous sommes clairement en présence du fun à l’allemande. Oui, vous savez, ce peuple qui apprécie les simulateurs de bus, de tracteurs et de sous-marins) dans lequel chaque joueur jouera le rôle d’un colon qui devra faire prospérer sa colonie, établir des routes commerciales, exploiter les ports et globalement s’enrichir jusqu’à atteindre les 10 points de victoire nécessaires pour remporter la partie.

Au départ de chaque partie, chaque joueur peut placer une colonie à proximité d’une des tuiles hexagonales qui composent le plateau. Oui, ce plateau là :

Notez la classe absolue des avatars et, notamment, de celui du premier joueur.

Chaque tuile comporte un numéro et représente une ressource nécessaire au bon développement des colonies. Au départ de son tour, chaque joueur lance les dés qui permettent de déterminer quels types de ressources seront générées (et profiteront aux joueurs dont les colonies et routes sont adjacentes aux tuiles correspondantes) et peut réaliser deux actions dans l’ordre de son choix : soit construire une route, un bâtiment ou tirer une carte donnant lieu à une action spécifique, soit marchander avec les autres joueurs pour obtenir les ressources qui lui manquent.

Bref nous sommes là dans le fonctionnement classique du jeu de plateau originel. Et comme je ne suis pas le plus doué pour expliquer les règles, je vous renvoie au site https://www.regledujeu.fr/catane/ ou vers n’importe lequel de mes dégénérés de collègues qui jouent à des jeux de plateau pour expert-comptable pour les subtilités (qui ont dû me passer au dessus de la tête, vu que je n’avais jamais joué au jeu de plateau d’origine).

En bas de l’écran, la main d’un des joueurs. Ouais, c’est le roi du mouton.

Abordons maintenant les spécificités de cette version numérique millésime 2023. Visuellement, l’adaptation plateau est relativement propre mais sans fioritures et, admettons, un peu terne. Pour vous aider un peu à sortir la tête de l’eau, le jeu propose quelques tutoriels en vidéo. Là encore, l’austérité est reine mais ça donnera au moins quelques notions de base pour bien débuter.

Notez bien que j’ai joyeusement zappé l’ensemble et que j’ai misérablement foiré ma première partie en plaçant ma colonie au pire endroit possible. Pour les curieux, les tutoriels en question sont également disponibles ici :

Après avoir très légèrement personnalisé votre joueur et, éventuellement, les IA en choisissant un portrait et une couleur de pion, le jeu organise le plateau en forme d’hexagones qui bénéficieront lors du tour de chaque joueur de quelques menues animations.

Ainsi, un paysan s’activera sur la carte, les dés seront animés, un bandit se déplacera de case en case, la mer avoisinante sera légèrement animée, une route se construire un sous vos yeux, une colonie se transformera etc.

En vrai, les dés bougent et c’est vachement plus beau. Quoi, vous ne me croyez pas ? :emo:

Bref, c’est propre et fonctionnel mais ne vous attendez – vraiment – pas à grand-chose de plus. Il me semble que l’éditeur, qui annonce  : « Un plateau qui prend vie. Observez comment chaque case s’anime à mesure que vos colonies s’agrandissent et que vous prenez le contrôle du plateau. Collectez le minerai d’imposantes montagnes, la laine de pâturages grouillants de vie et le bois de forêts luxuriantes. Chaque partie est unique. Grâce aux plateaux de jeu variables, les parties auront un aspect différent, avec des sensations sans pareil et un déroulement de jeu unique ! » s’emballe au moins autant que le rédac chef quand il annonce des centaines de milliers de visites sur Dystopeek et une diminution des messages d’insultes après la publication de mes tests.

Les quelques captures qui suivent seront à mon sens assez explicites.

Ici, un zoom sur le plateau qui permet de voir que le joueur 3 est bien parti pour enfumer tout le monde

C’est bon, vous avez vu ? Bon, je rajoute un trailer pour achever de vous convaincre :

Passons maintenant aux choses qui fâchent car oui, il y en a. Comme je l’écrivais en intro, cette nouvelle version se distingue par l’apport plus que bienvenu du multijoueur local. Le jeu vous permet ainsi de jouer jusqu’à 4 joueurs affalés sur un même – grand – canapé. De toute évidence, les développeurs ont pensé que vous partagez tout puisque le jeu se jouera avec une seule et même manette.

J’avoue que la logique qui a présidé à ce choix m’échappe quelque peu. Je vous rassure, j’avais pensé à brancher plusieurs manettes avant de lancer la partie mais non, le jeu s’en tape clairement le coquillard. On jouera donc une seule et unique manette comme une grosse bande de zadistes et pas plus.

Vous avez parfaitement raison. Cette illustration n’a aucun sens.

Outre ce défaut manifeste d’ergonomie, le jeu souffre d’un problème assez évident de lisibilité lors de la phase des négociations commerciales. Il s’est avéré, lors de la première partie, assez peu aisé de savoir qui proposait quoi et qui l’acceptait (je vous rassure, c’est tout de suite plus compréhensible dès la seconde partie). La présence de deux joueurs contrôlés par l’ordinateur n’a certainement pas dû aider non plus pour la lisibilité de ces phases de marchandage).

Côté intelligence artificielle, l’adaptation ne brille pas particulièrement avec des joueurs NPC dont les agissements sont parfois assez difficilement compréhensibles (et qui ont étrangement l’habitude de commercer entre eux à des tarifs assez avantageux).

Là, nous nous sommes bien fait laminer par l’IA mais je suis sur que Skynet trichait.

Bref, cette nouvelle adaptation, si elle a l’énorme avantage de proposer le jeu en partie locale et d’amener avec elle l’extension du jeu de plateau, souffre tout de même de problème d’ergonomie et de lisibilité qui ne risque pas de faire basculer les joueurs plateau du côté numérique de la force.

Les développeurs ont trouvé une solution pas idiote pour remédier à un des écueils évidents de cette composante multijoueur local. Le joueur peut afficher, lors de son tour de jeu, leur main (à savoir les ressources qui serviront à créer les infrastructures ou piocher des cartes).

50 minutes avant de se prendre une raclée par l’IA

Pratique… si ce n’est que les autres joueurs y ont accès et connaissent ainsi les forces et faiblesses commerciales de l’adversaire. Les développeurs ont développé une parade assez maligne : chaque joueur peut connecter un smartphone pour y afficher les informations qui lui sont personnelles et qui restent ainsi inconnues des autres participants.

Pour le coup, l’initiative est à saluer. Pour le reste, pas grand-chose à dire d’un plateau logiquement assez statique et austère, des bruitages vite horripilants ou de la musique d’ascenseur en arrière-plan.

Bref, voila une adaptation assez correcte d’un classique du jeu de plateau qui pourra plaire aux curieux et permettre de jouer avec des amis géographiquement éloignés et/ou des inconnus via le jeu en ligne mais ne risque pas, à mon sens, pas de supplanter l’original dans le cœur des amateurs.

Développeur : Nomad Games

Editeur : Dovetail Games

Genre : Adaptation de jeu de plateau

Date de sortie : 23 Février 2023

Prix : 19,99€/24,99€

Page xbox

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.