Jeux vidéoJouer

Sherlock Holmes: The Awakened Remastered

Retour dans un passé où tout était plus beau, plus grand, où l’aventure était à nos portes et où chaque coin de rue était un nouveau départ. Je veux bien entendu parler de l’année 2008. C’est en effet cette année là que sort sur nos machines l’étonnant Sherlock Holmes: The Awakened. La traduction d’alors ayant choisi, pour une raison elle-même pleine de mystères, de l’intituler (accrochez-vous) : Les Aventures de Sherlock Holmes : La Nuit des Sacrifiés. Ne me demandez pas pourquoi, l’alcool sans doute.

Londres, ville fleurie

Une affaire d’identité

L’œuvre maîtresse de Sir Arthur Conan Doyle est mondialement connue. Elle marque son époque et les suivantes, principalement par la qualité des aventures de son personnage principal, Sherlock Holmes. C’est aussi le triomphe de la société victorienne, de la rationalité sur la superstition et, bien entendu, celui de la justice. Chaque affaire est un mystère faisant appel aux puissances occultes ou aux miracles divins, mais Holmes montre à chaque fois que le fantastique n’est qu’un simple jeu de dupe et que la réalité peut être révélée par un esprit supérieur (le sien) qui ne se laisse pas abuser.

Mais les écrivains et scénaristes ayant repris le personnage de Sherlock Holmes après Sir Doyle, ont voulu parfois pousser encore plus loin cette logique. En effet, quoi de plus amusant que de faire se confronter un esprit brillant et rationnel comme le sien à des forces qui nous dépassent tous ? C’est ainsi que deux courants littéraires ont très régulièrement utilisé la figure de Sherlock Holmes pour lui faire affronter toutes sortes de créatures : le Gaslight Fantasy et le Steampunk. Pour faire court, le Gaslight Fantasy c’est Bram Stoker, alors que le Steampunk c’est Jules Verne (je suis très réducteur, si vous voulez en savoir plus je vous invite à aller regarder sur Wikipédia).

C’est donc tout à fait dans cet esprit que Frogware décide de développer en 2006 un jeu qui va faire se télescoper deux grandes figures de l’imaginaire victorien et post-victorien : Sherlock Holmes et Cthulhu.

Des pubs animés

L’homme à la lèvre tordue

L’aventure de Sherlock Holmes: The Awakened commence comme un grand classique holmésien : Holmes doit résoudre une enquête qui semble simple mais qui va en réalité l’entraîner bien plus loin qu’il ne l’aurait imaginé. On retrouve tous les tropes du genre : Baker Street, l’enfant marchand de journaux à la criée, le lord anglais désagréable, le bouquiniste servile, etc.

Tout est très familier, et la première enquête n’a strictement rien de fantastique. Bien vite pourtant des éléments étranges vont s’en mêler, mais sans tomber dans la caricature. Kidnapping, meurtres, vols, secte mystérieuse et drogue étrange, les événements s’enchaînent et se bousculent, entraînant Holmes et son fidèle Watson dans un tourbillon sur lequel ils auront bien peu de prise.

La terreur et la folie seront de plus en plus présentes, et notre célèbre duo sera témoin des horreurs et des dangers indicibles que les cultes impies des grands anciens font peser sur le monde.

Monsieur, ne craignez rien je suis médecin !

La vallée de la peur

Avant de parler des graphismes, attardons-nous un instant sur le son. L’ambiance sonore est particulièrement réussie : musique dissonante et bruits inquiétants qui font leur petit effet au fur et à mesure que le jeu avance. Les voix, à l’accent anglais très prononcé, se prêtent plutôt bien à l’exercice même si certaines parties sont clairement surjouées.

Abordons maintenant l’éléphant dans la pièce : les graphismes. Alors oui ils sont d’un autre âge, et je les soupçonne d’avoir été pourris même à l’époque. Le remastered de 2008 (le jeu original est de 2006) ne change pas grand chose à l’affaire. Les bâtiments sont carrés, les textures sont moches et le relief inexistant. Un effort est fait au niveau des visages, ce qui est surprenant vu le contexte mais soit. Toutefois, si vous arrivez à passer outre, l’ambiance du Londres Victorien est quand même bien présente. Des rues du centre de Londres aux docks remplis de brume, et grâce à une ambiance sonore particulièrement réussie pour l’époque, on oublie peu à peu la technique pour se laisser porter par l’histoire.

Il y a deux vues proposées par le jeu, et on peut switcher de l’une à l’autre facilement. La première est la vue à la première personne, elle présente l’avantage de nous faire entrer plus profondément dans le jeu. Elle permet aussi de se déplacer facilement mais il est parfois compliqué de distinguer un simple décor d’un élément interactif. Cette difficulté est contournée grâce à la vue à la 3e personne. Cette vue, avec ses caméras aux positions aléatoires (grand classique de Resident Evil ou de Silent Hill), est présente dans bon nombre de jeux d’aventure. Elle nous permet de nous déplacer au clic de la souris, et surtout d’avoir un pointeur contextuel, c’est à dire qui change suivant les interactions possibles. L’alternance entre les deux modes, pour déroutante qu’elle soit au début, devient vite un réflexe et révèle toute son utilité.

C’est la grosse poilade à l’hospice

Une étude en rouge

Sherlock Holmes: The Awakened est un jeu d’enquête et d’énigmes, on doit parler à qui on peut, réunir des indices et résoudre des puzzles pour avancer dans l’histoire. Ce qui veut dire de bien tout examiner, ne pas se précipiter et, malheureusement, cliquer un peu partout frénétiquement. Comme dit précédemment, The Awakened reste un jeu d’aventure très classique. Tant que vous n’aurez pas fini l’ensemble des tâches attendues dans une zone, il vous sera impossible de passer à la suivante. Et les énigmes vont des plus évidentes (trouver un objet, compléter une suite de symboles, etc.), à des machins tellement tordus qu’on ne sait pas si on saigne du nez parce qu’on est bête, ou si c’est uniquement parce qu’il nous manque un objet (spoiler alert : c’est souvent bien l’objet qui est manquant, ou mal décrit).

Un exemple qui m’a fait tourner en rond pendant 20 minutes : j’ai besoin d’un crochet et d’une corde pour accéder à un endroit surélevé. Je trouve une corde, mais manque le crochet. Après plusieurs minutes à râler, je me décide à faire appel à l’aide in game : le crochet s’obtient en parlant à un marin bourré qui en possède un en guise de main. En lui rapportant un colis (perdu) qui contenait une main artificielle, il accepte de nous céder le dit crochet… Ça sera peut-être totalement logique pour certains d’entre vous, mais pour moi on était au niveau de Simon the Sorcerer, voire même de Day of the Tentacle.

Heureusement, le jeu a prévu le coup et propose un système d’indices progressifs qui ne vous spoile pas immédiatement la solution, mais vous laisse vérifier que vous êtes bien passé par certaines étapes. Autant dire qu’il deviendra votre meilleur ami pendant les 10h que dure l’aventure, et que vous vous y réfèrerez de nombreuses fois.

Élémentaire mon cher Watson !

Son dernier coup d’archet

Bien qu’un peu vieux et largement dépassé techniquement, Sherlock Holmes: The Awakened reste un jeu solide. L’intrigue est prenante, la technique de narration est efficace, les clins d’œil et les références tant à l’univers de Holmes qu’à ceux d’autres policiers célèbres parsèment le jeu (on y rencontre par exemple un très jeune Hercule Poirot).

Je recommande donc ce jeu, si et seulement si vous supportez les graphismes que vous pouvez admirer dans les screenshots qui accompagnent cet article. Sinon je vous conseille fortement d’attendre le remake du même nom qui sort début avril 2023, et que nous traiterons probablement ici-même !

Malgré tout, il reste un mystère que je n’ai pu résoudre, et je m’en veux de devoir vous laisser cette lourde tâche, mais je ne puis faire autrement… Les aventures de Sherlock Holmes : La Nuit des Sacrifiés, pourquoi ?

Genre : Aventure

Développement : Frogwares

Éditeur : Frogwares

Date de Parution: 23 septembre 2008

CekterDown

Fasciné par Sherlock Holmes et le mythe de Cthulhu, j'aime également la science-fiction et tout ce qui s'y rapporte, je ne réponds qu'aux superlatifs et ne désespère pas qu'on me voue un culte un jour. J'aime surtout m'entourer de gens plus talentueux que moi.

Une réflexion sur “Sherlock Holmes: The Awakened Remastered

  • Correcteur

    Bram Stoker et Jules Verne

Commentaires fermés.