Jeux vidéoJouer

Redemption Reapers

Et allez. C’est encore l’heure de sauver le monde face à une menace maléfique et innombrable, à la tête d’une poignée de parias qui deviennent le seul espoir de tout un peuple. Dès l’intro, Redemption Reapers nous place dans des chaussons usés mais confortables. Les Mors, des espèces de gobelins (je n’ose dire orcs, de peur de faire trop vite une comparaison avec une invasion meurtrière qui dure depuis plus d’un an), dévastent des villages sans défense avec comme unique objectif la destruction et le meurtre de tous les civils.

C’est dans cet univers médiéval-fantastique pas très original que les Faucons, une bande de combattants hétéroclites qui cochent toutes les cases des clichés du genre, vont s’élever et tenter de s’opposer à ces hordes qui laissent derrières elles des ruines sanglantes.

Les Mors aux trousses

Une fois le décor planté avec peu de subtilité par des cinématiques ma foi plutôt bien faites, on découvre le coeur du gameplay : les combats tactiques en tour par tour. Et là, on entre sur mon territoire.

La première chose qui m’a choqué, c’est le système de déplacement déstabilisant. Il est différent de ce que j’ai pu connaître, mais remplit la même fonction : chaque personnage peut se mouvoir sur une certaine distance et déclencher des techniques qui lui coûteront des points d’action.

Un habitué des JRPG se sentira à l’aise avec ce système, surtout qu’au début les choix sont limités. C’est par la suite, avec l’expérience cumulée et en fonction du build choisi pour les cinq personnages principaux, qu’apparaîtront subtilités, combos et synergies entre personnages.

Le module tactique est de bonne qualité et ne manque pas de profondeur. J’apprécie notamment le fait que frapper un ennemi à portée d’un allié permettra à ce dernier de le cogner aussi, ce qui rend très important le placement de chaque personnage.

J’aurais préféré que cette situation ne soit pas accompagnée de QTE complètement hors de propos dans un jeu en tour par tour, mais c’est un détail.

Notre petite bande est composée sans grande surprise : un tank qui cogne dur mais qui se déplace avec une caravane accrochée au derrière, une archère rapide mais fragile, un épéiste qui peut parer les attaques avec la bonne compétence débloquée…

L’art de réveiller les Mors

Les missions les placent toujours face à des ennemis bien supérieurs en nombre et particulièrement stupides. La plupart ne se déplacent que lorsque l’on rentre dans leur zone d’aggro, ce qui permet de les attirer un par un pour éviter de prendre trop de baffes lors du tour adverse.

C’est surtout leur nombre, leur variété (de la piétaille, des archers, des gros sacs à PV, des magiciens, des zombies qui vous explosent à la gueule si vous les laissez vous atteindre…) et leur force grandissante qui nous oblige à optimiser l’utilisation des compétences de chaque personnage. L’expérience engrangée étant individuelle, si comme moi vous abusez de l’archère pour flinguer du Mors sans prendre de risques, vos autres persos ne progresseront pas.

Il faut penser à ramasser divers objets pas toujours placés sur le chemin le plus court, mais indispensables : des armes plus puissantes, des médaillons plein de buffs…

Je n’ai pas évoqué nombre d’éléments tactiques à prendre en compte, mais sachez que sans inventer grand-chose, Redemption Reapers propose des batailles intéressantes, qui récompensent la réflexion et au challenge maîtrisé, bien que parfois interminables et répétitives.

La difficulté augmente de façon progressive mais adaptée à votre niveau si vous avez pris soin d’impliquer tout votre groupe.

S’il est possible de refaire des missions déjà terminées pour grinder de l’XP, c’est souvent un mauvais calcul : le gain est bien moindre qu’en mission normale, mais vos armes vont s’user et les réparer vous coûtera de l’or dont vous ne disposez qu’en quantité limitée.

Parfois, le leader de votre escouade de brigade viendra vous épauler. Ce qui aboutira le plus souvent à sa mise hors jeu dès les premiers échanges de coups, vu son IA désastreuse et ses caractéristiques très faibles par rapport à vos persos ultra stuffés.

De la bonne gestion des temps Mors

Entre chaque mission, une courte cinématique ou discussion entre les personnages viendra justifier le prochain affrontement. On pourra aussi dépenser l’expérience pour débloquer de nouvelles compétences, réparer nos armes qui s’usent et les améliorer.

Les plus connaisseurs d’entre vous ne seront pas surpris d’apprendre que Adglobe, le studio japonais derrière Redemption Reapers, a recruté du beau monde pour s’occuper du gameplay : Masayuki Horikawa (Fire Emblem), Tomokazu Fukushima (Metal Gear Solid), ou Rei Kondoh (Fire Emblem Series) sont au générique.

Si les combats sont donc satisfaisants pour l’amateur de tactique que je suis, je serais moins enthousiaste envers le scénario. Il est écrit par Hiroyuki Kobayashi, qui a dirigé auparavant le metroidvania ENDER LILIES : Quietus of the Knights, le précédent jeu du studio (qui ne m’avait pas totalement convaincu). Il n’est pas mauvais, mais pas de quoi se relever la nuit non plus.

Vous pouvez le constater sur les images : techniquement, c’est propre, sans mériter de louanges particuliers. La faute aussi à une résolution limitée au 1920×1080 et une limite de 60 FPS impossible à dépasser. Peut-être pour coller aux caractéristiques console ?

Les décors varient peu, tout est recouvert d’un chape sombre et boueuse, et les effets de lumière issus des actions de nos personnages sont un peu trop flashy. Les animations sont plutôt bien faites, tout comme les cinématiques, au doublage sérieux (que ce soit en japonais ou en anglais), ce qui rend le tout agréable à parcourir.

Autre bon point, la traduction française est de bonne qualité, ce qui mérite d’être souligné. L’interface est clairement pensée pour être jouée à la manette, mais le combo clavier – souris fait parfaitement le taf aussi.

Un coût monté

Vous l’aurez compris, même si Redemption Reapers est un tactical assez classique mais bien pensé, il m’a convaincu sur pas mal de points.

Ma principale réserve, et même si la durée de vie annoncée d’une vingtaine d’heures est tout à fait honnête, c’est son prix de 50€ que je trouve assez élevé.

A ce prix, il est à réserver aux fanatiques du tour par tour à la japonaise. Aux autres, je conseille d’attendre des soldes pour vous lancer dans la chasse aux Mors et profiter d’un gameplay réussi qui se bonifie au fil de la progression des personnages.

Genre : JRPG / Tactique en tour par tour

Développeur : Adglobe

Editeur : Binary Haze Interactive

Plateforme : Steam – Switch – PS4

Disponible en français

Prix : 49,99€

Date de sortie : 23 février 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.