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Unity of Command II: Berlin DLC

Il ne vous aura sans doute pas échappé, fidèles fans de Dystopeek, qu’ici on a un goût prononcé pour les jeux à thème historique. Et comme l’histoire est elle-même jalonnée de conflits armés les wargames ont, logiquement, une place de choix sur ce site. Ainsi, il y a quelques années de cela Harvester avait assuré la présentation d’Unity of Command 2, un wargame informatique en solitaire ayant pour thème la seconde guerre mondiale en Europe. Entretemps, l’éditeur 2×2 Games a sorti pas moins de huit extensions (DLC) enrichissant ce jeu. L’une dédiée à la Blitzkrieg, cinq autres au front de l’Est, et deux traitant de la guerre du désert. On notera au passage que si certains éditeurs/développeurs abandonnent leur jeu quasiment à leur sortie, ceux d’Unity of Command 2 assurent un suivi remarquable près de cinq ans après sa publication. En effet, un neuvième DLC, Unity of Command II: Berlin, vient de sortir et il se consacre aux dernières années du conflit germano-soviétique jusqu’à la chute du 3ème Reich. De quoi vous faire réviser vos fondamentaux sur le front de l’Est, ce qui, vous en conviendrez, est indispensable (ou pas) pour briller en société.

C’est dans les vieilles marmites

On ne reviendra pas (trop) en détails sur le fonctionnement d’Unity of Command 2 car l’extension reprend les grands principes du jeu originel. Les unités sont des divisions ou des brigades (auxquelles il est possible d’attacher des bataillons de soutien : blindés, génie, artillerie, reconnaissance, etc.) sous l’autorité de quartiers généraux d’armées. Le jeu se déroule sous forme de campagnes divisées en scénarios de batailles successifs. Chaque scénario comporte des objectifs spécifiques à capturer dans un temps imparti qui permettent d’obtenir des unités supplémentaires ou du prestige donnant la possibilité d’acheter des cartes bonus (appui aériens, camions de ravitaillement, etc.) pour les batailles suivantes. Les cartes en vue 3D isométrique, découpées en hexagones, sont toujours aussi agréables à l’œil et la représentation des unités (sous forme de figurines) est bien réalisée.

Les animations et les bruitages sont minimalistes, mais ce n’est pas là le cœur du jeu. En ce qui concerne les mécanismes de jeu toujours pas de changement : points d’actions pour permettre aux unités de se déplacer et/ou attaquer, rôle des QG, importance de la logistique, brouillard de la guerre, etc. C’est à la fois très complet tout en étant accessible grâce à une interface claire et pratique. Qualités qu’il faut souligner car on ne les retrouve pas forcement chez tous les wargames informatiques, loin de là. Des graphismes de bonne qualité et une interface simple à utiliser sont pourtant, de mon point de vue, des passages obligés si l’on veut démocratiser le hobby du wargame.

A l’Est quoi de nouveau ?

C’est dans le domaine des batailles qu’il faut chercher la nouveauté. Unity of Command II: Berlin inclut 32 scénarios répartis en deux campagnes. L’une se concentre sur l’offensive soviétique à l’Est commençant en janvier 1944 et culminant par la chute de Berlin, avec 25 scénarios. L’autre est une mini campagne de 7 scénarios consacrée à la contre-offensive désespérée de l’Axe en Hongrie et en Roumanie en 1945, avec une branche d’histoire alternative, une marque de fabrique de Unity of Command 2. Autant dire qu’en tant que commandant de l’Armée rouge ce DLC vous mettra la pression, si vous voulez faire mieux que vos homologues historiques. En ce qui concerne le commandement de l’Axe la situation est carrément désespérée et vous allez devoir faire preuve de vos meilleures compétences stratégiques pour l’emporter.

D’autant plus que comme dans le jeu originel les conditions de victoire de Unity of Command II: Berlin sont souvent drastiques : la destruction des unités ennemies n’entre pas vraiment en compte, pour gagner il faut capturer les objectifs géographiques désignés par le scénario avant la fin de la partie. Et là rien de plus frustrant que de voir la victoire vous échapper, après avoir anéanti les forces ennemies, parce que votre unité de tête termine a un hexagone du dernier objectif à capturer. Heureusement il est possible d’acheter des tours supplémentaires grâce à des points de prestige suivant les niveaux de difficulté du jeu. Ainsi donc dans Unity of Command 2 c’est la victoire ou rien. Il faut dire qu’à l’époque couverte par Unity of Command II: Berlin tant les généraux soviétiques que leurs homologues de l’Axe ne pouvaient guère compter sur la bienveillance de leurs dictateurs respectifs en cas de victoire autre que totale. 

Il est à noter qu’Unity of Command 2 bénéficiant d’un éditeur de scénarios le workshop avait depuis longtemps vu fleurir des versions maison de certaines des batailles aujourd’hui proposées dans Unity of Command II: Berlin. C’est le cas par exemple de l’opération Bagration et de l’opération Konrad, ou encore de la poche de Korsoun. Mais on a ici la vision officielle de l’équipe des développeurs sur les combats de la fin de guerre à l’Est. Ces campagnes donnent en effet l’occasion aux développeurs de modifier les caractéristiques des unités soviétiques et de l’Axe pour prendre en compte leurs capacités de combat accrues à cette période. De plus de nouvelles unités apparaissent tels que la Volkssturm ou les partisans yougoslaves.

La carte du jeu est étendue à toute la Hongrie, la Slovaquie, la Bulgarie et la Roumanie. Dans les deux campagnes proposées par Unity of Command II: Berlin vous êtes à l’offensive, ce qui n’est guère surprenant, l’IA du jeu, comme pour la majorité des wargames informatiques, étant plus compétente en défense qu’en attaque. Il va donc vous falloir frapper vite et fort, tout en gardant des réserves pour exploiter vos percées et surtout bien développer et protéger vos lignes de ravitaillement, la logistique étant, comme dans la vraie vie, d’une importance fondamentale dans Unity of Command 2.

La ruée vers l’Ouest

Nous allons vous présenter les différents scénarios de Unity of Command II: Berlin sous forme d’un petit narratif (sans prétention) des dernières années de la lutte entre le 3ème Reich et l’URSS, histoire (c’est le cas de le dire) de vous proposer autre chose qu’une simple liste aride de batailles. Le gros morceau du DLC vous met aux commandes de l’Armée rouge et commence par l’offensive stratégique Leningrad–Novgorod initiée à mi-janvier 1944, qui voit une attaque sur le groupe d’armées Nord par les fronts soviétiques de Volkhov et de Leningrad, ainsi qu’une partie du 2ème front de la Baltique. Cette bataille, qui historiquement libéra la ville emblématique de Leningrad, de l’étaux de la Wehrmacht en mars 1944, fait l’objet d’un seul scénario. 

Si percer les lignes allemandes ne vous posera pas de problèmes majeurs, malgré quelques contre-attaques de la part de l’Axe, il vous faudra gérer votre logistique de façon optimale, en particulier pour capturer Gdov l’objectif le plus à l’ouest de la carte. En Ukraine à lieu l’offensive Dniepr-Carpates contre le groupe d’armées Sud, avec en particulier la bataille de Tcherkassy (ou bataille de Korsoun) durant laquelle les 1er et 2ème Fronts Ukrainiens entament l’encerclement de 60 000 combattants de l’Axe, dans une opération que Staline espère devenir un nouveau Stalingrad.

Mais les Soviétiques devront faire face à de brutales contre-attaques de la Wehrmacht tentant d’extraire ses troupes du ‘chaudron’. Il s’agit d’un scénario tendu pour le soviétique car vous devrez attaquer des lignes fortifiées et avancer au plus vite tout en étant à la merci de contre-attaques blindées de la part de l’IA. Vous bénéficiez de puissants corps de tanks, plus costauds que les Panzer Divisions adverses, mais en nombre restreint. A vous de les utiliser judicieusement au bon moment et, surtout, au bon endroit. Un autre scénario traite de l’offensive Nikopol–Krivoi Rog lancée par les 3ème et 4ème Fronts ukrainiens contre la 6ème Armée allemande afin de libérer les environs de Nikopol, une zone riche en minerais (en particulier du manganèse) vitale pour les deux belligérants.

Dans cette bataille vous disposez de peu d’unités mécanisées, il va donc falloir utiliser vos corps de fusiliers afin de percer les lignes allemandes formant un saillant en partie adossé au Dniepr, fleuve seulement franchissable via quelques ponts, que l’IA se fera un plaisir de dynamiter au fur et à mesure de votre avance. Après une pose opérationnelle le temps de reconstituer leurs forces, les soviétiques lancent une attaque surprise en mars 1944 du côté de Tarnopol contre les forces allemandes et roumaines avec l’offensive Proskurov-Tchernivtsi menée par Joukov. Cette opération fait l’objet d’un scénario dédié et est assez difficile.

En effet, si vous bénéficiez de sept corps blindés/mécanisés et de deux corps de cavalerie, soutenus par une pléthore d’infanterie il faudra vous emparer de 4 objectifs dont deux sont situés loin à l’intérieur des lignes de l’Axe. Ce dernier dispose de nombreuses unités blindées de la SS et de la Heer qui peuvent mener des contre-attaques dévastatrices. Il vous faudra donc ne pas confondre vitesse et précipitation, si vous voulez l’emporter. Parallèlement Ivan Koniev lance l’offensive OumanBotoșani et capture la ville d’Ouman, tandis que le 3ème front ukrainien doit foncer vers Nikolayev puis Odessa afin de reprendre la ville et de progresser vers la Roumanie. Cette double offensive bénéficie elle aussi d’un scénario. Réussirez vous à atteindre la mer noire avant le dernier tour de jeu ?

Là encore votre gestion de la logistique sera la clé du succès. Enfin, pour clore la narration de l’offensive Dniepr-Carpates un scénario est consacré à la reconquête de la Crimée. Il est à noter qu’il s’agit d’un petit scénario, tant du point de vue de la surface de jeu que du nombre d’unités, par rapport aux batailles précédentes où vous bénéficiez d’effectifs pléthoriques. Ici vous ne disposez que d’un corps blindé et d’une douzaines de corps de fusiliers pour attaquer depuis le nord de la Crimée avec le 4ème Front ukrainien et foncer vers Sébastopol, tandis que quelques unités, situées à l’Est, vont essayer de forcer le passage via Kerch. Heureusement, vous aurez aussi l’appui de l’aviation et de la marine soviétique face aux forces de la 17ème armée allemande plus très vaillantes.

Bagration

Unity of Command II: Berlin se penche ensuite sur l’opération Bagration, une gigantesque offensive destinée à libérer la Biélorussie et se déroulant à la même période que le débarquement en Normandie. Cette attaque prend les forces allemandes du groupe d’armées centre quasiment par surprise car l’OKW (haut commandement de la Wehrmacht) s’attendait plutôt à une nouvelle offensive soviétique en Ukraine. Historiquement l’opération Bagration se termina par une écrasante défaite pour l’Axe et est considérée comme l’un des tournants décisifs de la guerre à l’Est. A vous d’essayer de faire mieux que la Stavka (haut commandement soviétique). Cette opération est divisée en quatre épisodes, dont le premier se nomme, sans surprise, Bagration.

Et là il y a du boulot, car les 1er, 2ème et 3ème fronts biélorusses vont devoir capturer pas moins de 6 objectifs, dont Minsk, le tout sur une carte d’un fort beau gabarit. Le scénario suivant nous emmène en Lituanie. Après les succès initiaux de l’opération Bagration la Stavka décide de s’emparer du nœud de communication vital que constitue la ville de Vilnius. En effet, si la ville tombe il deviendra pratiquement impossible pour l’Axe de rétablir une liaison entre les groupes d’armées allemands nord et centre et de tenir l’Armée rouge à l’écart de la Prusse orientale et des rives de la mer Baltique.

Il s’agit d’un scénario d’une taille plus raisonnable que Bagration et vos corps blindés devraient avoir assez peu de difficulté à se frayer un chemin à travers les défenses affaiblies de l’Axe. Toujours sur le front lituanien, et suite au succès de l’opération contre Vilnius (oui désolé pour le spoiler) et dans l’optique d’enfoncer un coin entre les groupes d’armées nord et centre, l’Armée rouge lance l’offensive Šiauliai, menée par le 1er Front de la Baltique du Général Baghramyan, soutenu par le 2ème Front de la Baltique, avec comme objectif la ville de Šiauliai (oui la Stavka ne s’embarrassait pas d’originalité pour le nom de ses opérations). Dans ce scénario vous serez privé de la quasi-totalité de vos précieux corps blindés, dommage car Šiauliai est très en arrière du front ce qui rendra la tâche moins aisée que lors du précédent scénario. Dernier scénario consacré à l’opération Bagration : L’offensive Lublin-Brest, exécutée par le premier front biélorusse et dont je vous laisse deviner les principaux objectifs (dont l’un ne se situe pas en Bretagne…). Conçu au départ comme une attaque de diversion en soutien de l’opération Lvov-Sandomierz (voir ci-dessous) elle permit historiquement d’établir une tête de pont sur la Vistule et d’ouvrir la route vers Varsovie où commençait l’insurrection de l’armée de l’Intérieur, et qui verra l’Armée rouge rester ensuite l’arme au pied jusqu’au massacre complet des insurgés.

Dans ce scénario vous n’aurez donc pas la possibilité de libérer la capitale polonaise, mais il vous faudra cependant traverser la Vistule au sud de la ville pour espérer l’emporter. Plus au sud, à mi-juillet 1944, a lieu l’opération Lvov-Sandomierz, se déroulant en même temps que l’offensive Lublin-Brest, cette fois il s’agit pour vous de profiter du succès de l’opération Bagration pour, en même temps, pousser plus avant au nord-ouest de l’Ukraine en capturant Lvov/Lviv. Vous avez pour cela à votre disposition le 1er Front ukrainien du maréchal Koniev avec, comme il se doit, des forces largement supérieures en nombre par rapport à celles de l’Axe.  

Le crépuscule des dieux

Les scénarios suivant vont vous permettre de lancer vos troupes à l’assaut des ultimes bastions du 3ème Reich, avec comme objectif final la capture de Berlin. Mais avant la dernière bataille pour le Reichstag il y a un long chemin à parcourir et il vous faudra faire un détour par la Roumanie orientale avec un scénario sur l’offensive de Jassy-Kichinev, fin août 1944. Les 2ème et 3ème fronts ukrainiens doivent conquérir la Moldavie et détruire les forces de l’Axe dans la région.  Cette offensive réussie fera basculer la Roumanie dans le camps des alliés le 23 août 1944 ouvrant aux soviétiques l’accès aux Balkans dont la conséquence sera un nouveau retournement d’alliance, puisqu’en septembre ce sera la Bulgarie qui rejoindra les soviétiques.

Pour faire aussi bien il vous faudra pousser vos troupes jusqu’au port de Galati, sur la mer noire. Avec à votre disposition des forces conséquentes (et mobiles), l’appui de l’aviation (y compris des attaques de saturation), face à des unités roumaines peu combattives (même si appuyées par quelques unités blindées allemandes) ce ne devrait pas être trop compliqué, à condition, comme toujours, de surveiller vos lignes de ravitaillement ainsi que le nombre de tours écoulés. Cela vous permettra d’embrayer sur la campagne des Carpates, avec en terme de jeu une carte gigantesque qui voit l’introduction, dans votre camps, d’unités tchécoslovaques. Un scénario de grande ampleur avec une densité d’unités assez faibles qui inciterait à la manœuvre, si ce n’est que le terrain escarpé ne s’y prête guère. Fin octobre 1944, l’Armée rouge est ainsi parvenue aux portes de Budapest, capitale de la Hongrie, l’un des seuls alliés restant de l’Axe.

Enfin, quand je dis aux portes, cela fait huit hexagones au minimum en terme de jeu avec sur votre route des unités allemandes et hongroise prêtent à en découdre. Sans compter bien sûr que vous allez devoir faire face simultanément, du côté de Debrecen, à une contre-offensive des Panzers qui ne manquent pas dans ce scénario, logiquement dénommé Budapest.  Un scénario intéressant donc, qui vous permettra d’être à la fois à l’offensive, et sur la défensive et où vous bénéficiez du soutien de partisans yougoslaves. Introduction toute trouvée au scénario suivant : Into Yougoslavia. Là il s’agit de libérer Belgrade (oui l’avantage de ce DLC est qu’il permet de revoir sa géographie des pays de l’Est). Pour cela vous disposez de l’Armée bulgare, soutenue par le 3ème front ukrainien et bien sûr des partisans de Tito disposés sur les arrières de l’ennemi, ce qui vous permettra de mettre en place des stratégies ‘amusantes’, surtout lorsque l’on sait l’importance que revêtent les lignes de ravitaillement dans Unity of Command 2. Plus au nord, en Estonie, a lieu l’offensive Tallinn engageant la 2ème armée de choc (après avoir été transportée par bateaux à travers le lac Peipus) appuyée par la flotte de la Baltique face au détachement d’armée Narwa (incluant un Corps de Panzer SS) et quelques unités estoniennes. Historiquement les allemands réussirent à ralentir suffisamment les soviétiques pour permettre l’évacuation du détachement Narwa. Il va donc vous falloir essayer d’empêcher cela.

L’offensive  de l’Armée rouge dans les pays balte fut une réussite, qui surpris la Stavka elle-même, à tel point (anecdote du jour) qu’en atteignant les rives du Golfe de Riga les tankistes soviétiques se virent ordonnés de remplir plusieurs bouteilles d’eau de mer, de les faire signer et de les envoyer par avion au Kremlin pour prouver que le groupe d’armées nord avait bien été coupé du reste des forces de l’Axe. Le groupe d’armées nord était encerclé, mais pas détruit. C’est pour cela qu’en septembre les soviétiques attaquent en force en direction de Riga et de Memel. Cette offensive a pour nom, comme vous l’avez deviné, Riga. Et comme il ne faut pas faire les choses à moitié cette attaque réunie les 1er, 2ème et 3ème fronts de la Baltique et aboutira à la formation de la poche de Courlande (à l’ouest de la Lettonie) encerclant ainsi 250 000 combattants allemands. Un scénario est justement consacré à la réduction de cette poche. S’agissant maintenant pour les soviétiques, d’un front secondaire, vous n’avez à votre disposition que des forces d’infanterie (appuyées par un seul corps blindé) et il va falloir percer plusieurs lignes de défenses pour atteindre les côtes de la Baltique sans pour autant permettre aux unités ennemies (dont certaines blindées) de traverser vos propres lignes.  

La Chute

Début janvier les carottes commencent à être sérieusement cuites pour le 3ème Reich et elles seront consommées grâce à l’offensive Vistule-Oder, partant des rives de la Vistule (suite à l’opération Lublin-Brest mentionnée plus haut) pour atteindre l’Oder, la Neisse et s’approcher à moins de 100 km de Berlin. Pour cela la Stavka a réuni ses meilleurs généraux pour la course à l’Oder : Joukov avec le 1er front de Biélorussie et Koniev et son 1er front ukrainien. En face des unités allemandes disparates (dont la Volksturm) sous le commandement du célèbre Heinz Guderian. Soyons clairs, pour cette offensive vous disposez de forces écrasantes, vos corps blindés peuvent facilement éliminer de deux à trois unités ennemies par tour. La seule chose susceptible de vraiment vous ralentir sera, une fois de plus, la logistique. Il faudra également éviter de vous obnubiler sur la destruction des unités ennemies, qui n’est qu’un but secondaire par rapport à la capture des objectifs géographiques, en particulier la tête de pont de Küstrin, qui est vraiment très éloignée de la ligne de front.

Parallèlement, sur le flanc gauche de la progression soviétique a lieu l’offensive de Sandomierz-Silésie menée par le 1er front ukrainien sous le commandement de Koniev. Démarrée à partir de la tête de pont de Sandomierz avec comme objectif Cracovie puis le nœud logistique de Breslau (aujourd’hui Wrocław). Dans ce scénario vous avez largement les moyens de percer le front ennemi. Seul (gros) problème : la carte est étirée en longueur et votre objectif final (Grunberg) très éloigné de Sandomierz. Là encore (oui je me répète) la gestion logistique et la progression rapide de vos corps blindés seront les clés de la victoire. 

Alors que Joukov aurait pu atteindre Berlin en février 1945, l’offensive finale vers la capitale du Reich est retardée par Staline qui veut que les forces allemandes stationnées en Poméranie orientale soient éliminées auparavant afin de prévenir tout risque de contre-attaque sur le flanc droit de Joukov. Cela donne lieu à une offensive en Poméranie, et à un scénario dédié. Le front y est très étendu, mais cette fois-ci l’Axe ne dispose d’aucune profondeur stratégique (les allemands sont dos à la mer Baltique) et les deux objectifs principaux que sont Danzig et Kolberg sont tous deux à trois hexagones de vos unités les plus avancées. Facile ? Pas forcément car l’Axe dispose encore de quelques unités blindées costaudes. En fait Staline avait raison de se méfier car dans la réalité les allemands déclenchèrent bien une offensive limitée (l’une des dernières) à partir de la Poméranie.

Pendant ce temps les soviétiques progressent aussi en Prusse orientale avec pour objectif la ville emblématique de Königsberg (actuelle Kaliningrad), ancienne capitale des chevaliers teutoniques. Deux fronts, le 1er de la Baltique et le 3ème biélorusse sont engagés dans la bataille et doivent percer à travers plusieurs lignes fortifiées. Dans ce scénario, d’une taille assez réduite les forces allemandes ont assez peu de capacité offensive, mais elles sont nombreuses et peuvent gêner et ralentir votre avance. Arriverez-vous à capturer la cité prussienne avant le dernier tour de jeu ?  Ou offrirez-vous une victoire (purement symbolique) à l’Axe en échouant si près du but ?

Au sud, après la capture de Budapest, les 2ème et 3ème fronts ukrainiens, appuyés par des unités roumaines, yougoslaves et bulgares avancent vers Vienne à mi-mars 1945. La ville est défendue par ce qui reste de la 6ème Panzer Armée SS de Sepp Dietrich qui a encore du punch. Dans ce scénario, nommé Balaton, il faudra s’attendre à vous prendre du panzer dans la face (si j’ose dire) car (spoiler alert) les dernières unités blindées de l’Axe ne sont pas là pour faire de la figuration. Heureusement vos corps blindés ont plus de résilience que les divisions blindées allemandes, car il vous faudra progresser vers Bratislava puis Vienne pour gagner. L’un des scénarios les plus réussis de Unity of Command II: Berlin à mon avis car il vous faudra choisir judicieusement quand attaquer et quand défendre vos positions face à un ennemi ayant encore des ressources pour contre-attaquer.

La fin

Si vous jouez la campagne (plutôt que les scénarios un par un) vous aurez la satisfaction d’aborder les deux dernières batailles consacrées aux combats pour Prague, et bien sûr, à ceux de Berlin. Le scénario Moravia-Prague couvre donc la dernière opération importante sur le front de l’Est puisqu’elle commença le 6 mai 1945 et se termina le 11 mai, soit après la capitulation officielle de l’Allemagne nazi.  Pour vous il s’agit de libérer la capitale tchécoslovaque défendue par les tous derniers combattants du groupe d’armée centre qui bénéficient d’un terrain propice à la défense, les unités allemandes étant formées en arc de cercle le long de zones montagneuses et forestières. La carte et très grande et le nombre d’unités des deux camps plutôt important. Il vous faudra pourtant faire vite, car dans l’optique de l’après-guerre le contrôle de la Tchécoslovaquie était d’une importance fondamentale pour les soviétiques. Enfin, le scénario que vous attendiez depuis 2019 (année de sortie de Unity of Command 2) : Berlin.

Qui de Joukov (1er front biélorusse) ou de Koniev (1er front ukrainien) fera tomber la capitale du Reich ? Et bien c’est à vous de décider en tant que Président du Conseil des commissaires du Peuple d’URSS et commandant suprême des forces soviétiques (ou plus simplement en tant que joueur). Ici, contrairement au scénario consacré à Prague, l’objectif principal (que je vous laisse deviner) n’est pas éloigné du front (à peine quatre hexagones). Seul problème, plusieurs lignes de défense allemandes concentriques qu’il vous faudra percer, et pour corser le tout d’autres objectifs secondaires à capturer. Mais votre plus gros souci sera probablement le fait que vous avez trop de forces à votre disposition ! En effet, comme dans Unity of Command 2 l’empilement des unités est interdit et que la carte est relativement réduite il vous sera difficile de les utiliser de manière optimale, certaines restant à l’arrière du front bien embouteillé. Il va donc vous falloir vous livrer à une sorte de jeu de Tetris pour assurer la rotation de vos unités dans un espace réduit afin d’arriver à Berlin avant la fin du scénario. Après 25 scénarios vous en aurez peut être assez de jouer les soviétiques ?  Cela tombe bien car il y a une campagne de l’Axe pour cela.

L’offensive de la dernière chance

La mini-campagne de Unity of Command II: Berlin, nommée Balaton 45, vous met à la tête des forces de l’Axe en septembre 1944, qui sont, pour parler franchement, dans une situation assez désespérée. Le premier scénario de la campagne nous amène à Torda (Turda en VO), en Transylvanie (Roumanie), où la 6ème armée allemande et de la 2ème armée hongroise doivent mener une difficile action défensive face à l’Armée rouge soutenue par les troupes roumaines ayant changé de camp. Pour cela il faudra capturer la ville de Torda et tenir les passes permettant de traverser les Carpates. Tout cela en étant en infériorité numérique bien sûr et en subissant les attaques soviétiques. Un vrai régal… pour les wargamers les plus masos, car si la 2ème armée hongroise peut espérer tenir ses positions, la 6ème armée allemande commence pratiquement encerclée (une habitude…), pas idéal pour partir à l’offensive. A partir de là vous aurez l’option de continuer le combat en Hongrie (campagne historique) ou de mener une contre-attaque en direction des riches champs pétrolifères roumains de Ploesti dans une branche d’histoire alternative. Une telle opération aurait-elle pu réussir ?

En fait, la manie qu’avaient les allemands de monter de multiples contre-attaques à la fin de la guerre n’a fait qu’épuiser leurs forces dans une guerre d’attrition où les soviétiques étaient largement supérieurs en nombre et en matériel, mais aussi au niveau opératif. La branche historique de la campagne s’intéresse à la bataille pour la Hongrie et en particulier à l’opération Konrad (janvier 1945) et à l’opération Réveil du printemps (début mars 45), à savoir les offensives de l’Axe destinées au désenclavement des troupes enfermées dans la Festung (forteresse) Budapest. Historiquement, après quelques succès préliminaires ces opérations furent un échec et consommèrent les dernières forces vives de la Wehrmacht et il y a des chances qu’elles se terminent de la même façon pour vous.

La lutte finale ?

Au final Unity of Command II: Berlin ravira les utilisateurs d’Unity of Command 2, et en particulier les fans du Front de l’Est (ou de la grande guerre patriotique suivant le camps que vous jouez). Les scénarios sont non seulement nombreux mais aussi très variés, tant du point de vue de la difficulté que de la taille de la carte et le nombre des effectifs engagés, et souvent tendus (entendez par là que la décision sera souvent emportée, ou perdue au dernier moment). Il y en a donc pour tous les goûts. Berlin sera-t-il le dernier DLC de la série ? Ce serait dommage, le moteur de jeu étant toujours performant 5 ans après ça sortie. On espère donc une suite de la suite.

Genre : Wargame

Développeur : 2×2 Games, Croteam

Éditeur : 2×2 Games

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

plasm@n

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