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Rocketman: Elton John The Musical

Genre casse gueule par excellence, le biopic (Biographic Picture) est un genre fortement prisé dans la course à l’Oscar. Rares sont les films réussis car hagiographiques, pas assez solides dans leur narration ou se limitant à la performance de l’acteur/actrice principal(e). Autant dire que Rocketman partait assez mal après un Bohemian Rhapsody très mauvais selon moi. Non pas sur le traitement de la sexualité de Freddie Mercury ou le déroulé ennuyeux de la carrière de Queen, mais, pour moi (oui, c’est important), Rami Malek et son maquillage m’ont très régulièrement sorti du film. Quand Rocketman, produit par Sir Elton John, écrit et réalisé par le remplaçant de Singer sur Bohemian Rhapsody, est prêt pour le visionnage, j’ai un a priori très négatif.

Une absence de ressemblance rafraîchissante

Moi, c’est lui et lui, c’est moi.

Pour le genre, c’est exceptionnel d’avoir des acteurs n’ayant pas subi les prothèses, le maquillage à outrance pour ressembler à la personne qu’ils sont censés incarner (Bohemian Rhapsody, je pense fort à toi). J’avoue avoir été agréablement surpris. Enfin un biopic qui ne se sent pas obligé de coller au plus près de la réalité dans tous ses compartiments.

Taron Egerton est parfait en Elton John. On le sent investi dans son rôle tout comme les autres comédiens. Peut être un petit reproche sur Bryce Dallas Howard qui joue la mère du personnage principal et qui doit avoir trouvé la fontaine de Jouvence. Elle est peu vieillie et cela fait un peu tâche, mais rien de gênant.

Cette absence de volonté de coller à la réalité va jusqu’à faire chanter les acteurs eux-mêmes plutôt que de reprendre la voix d’Elton John pour les chansons (je pense encore à toi Bohemian Rhapsody).

Un parti pris assumé

Budget fumée serré

Dès le début du film, la comédie musicale s’invite pour ne plus jamais en sortir. Le parti pris est totalement assumé et certains passages musicaux font preuve d’une vraie audace (le concert, la piscine…). La rêverie fait partie intégrante du film sans pour autant oublier le drame.

Que serait un biopic sans la partie drame ? Il ne serait pas. Rocketman n’évite pas le cheminement classique du genre : ascension, chute, rédemption. Et pourtant au milieu de tout ça, j’ai apprécié de me faire embarquer pendant deux heures. On suit la vie de Reginald qui deviendra Elton. Reginald est un petit garçon qui grandira sans affection de ses parents avec un père absent et une mère du même tonneau. Asséné au marteau et au burin tout le long du film, c’est l’un des points faibles du film. Alors oui, on a compris que Sir Elton était en quête d’amour depuis très longtemps, qu’il a sombré dans les addictions (sexe, drogue, boulimie et compagnie) pour compenser son manque affectif, mais répété ad nauseum, c’est fatigant.

Heureusement que notre futur superstar a l’oreille absolue, qu’il est très doué au piano et rencontre celui qui sera son parolier pour la vie, Bernie Taupin (joué par l’excellent Jamie Bell). De cette rencontre résulte certains des plus beaux moments du film (Your Song est fabuleux), l’alchimie entre les acteurs est palpable. Des moments dramatiques réussis, mais pas totalement.

Une réalisation qui manque de génie

Génie, toi-même !

Parent pauvre du biopic, la réalisation est très souvent confiée à des tâcherons qui n’essaieront même pas de faire mieux que de servir la soupe (Ray, je pense à toi). Dexter Flescher tente des choses et ça se voit. Sur ce point, difficile de lui reprocher de ne pas vouloir dépoussiérer un genre sclérosé. L’imaginaire, la comédie musicale avec des numéros inspirés sur le plan chorégraphique, visuel aussi sont autant d’éléments à mettre au crédit du réalisateur. Qu’est ce qui ne fonctionne pas ? Je ne me prétends pas spécialiste en la matière, mais cela manque d’âme, voire de génie. Les idées sont là, mais cela ne suffit pas à imprimer la rétine comme elles devraient le faire. Il y a de très belles scènes, bien emballées et si le film avait été au moins à leur niveau, Rocketman serait devenu culte.

Alors c’est bien ?

Rocketman est infiniment meilleur que la plupart des biopics et beaucoup plus réussi que Bohemian Rhapsody (je pense que tout le monde a compris que je n’aime pas ce film)(NdHarvester : j’ai eu un doute à un moment donné). Il ne se contente pas de servir la soupe aux fans d’Elton John, il raconte une histoire avec des acteurs impliqués. J’ai été pris pendant deux heures sans m’ennuyer, regretté que le film ne se hisse pas au niveau de ses meilleures scènes, espéré plus de folie et pu enfin apprécier un biopic musical.

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.