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The Troop

The Troop était dans ma wishlist depuis un moment. J’avais envoyé des messages aux développeurs, me roulant à terre en pleurant, les suppliant de m’envoyer une version Early Access. Mais jamais ils n’ont voulu, ignorant mon chouinage pour se remettre au travail, conscients que mon regard et celui de bien d’autres wargamers pesait sur eux. Et voilà que le 18 Octobre, ils ont relevé la tête, épuisés mais heureux : une version finale était enfin disponible !

C’était donc avec une impatience non dissimulée que je me jetais sur le titre, alors même que Fortress Italy, le dernier opus en date de la série Combat Mission, sortait sur Steam. Deux jeux tactiques sur la deuxième guerre mondiale en moins d’un mois, cela signifiait des nuits plus courtes mais un joueur comblé.

Parce que figurez-vous que les deux jeux ne boxent pas du tout dans la même catégorie, malgré les nombreuses similitudes : gestion au niveau de l’escouade ou du véhicule, grande variété d’ordres, gestion des lignes de vue et du moral… Mais là où Combat Mission est un WEGO – chacun donne les ordres dans son coin et la résolution est simultanée – The Troop est un classique tour par tour. Oui comme tant d’autres. Mais ce manque d’originalité ne vient absolument pas pénaliser un titre qui regorge de qualités. Suivez moi pour un petit tour du propriétaire.

Le contenu de The Troop est très conséquent : gros tutoriel permettant au joueur de découvrir tous les concepts de base et les subtilités du gameplay. Suivi d’une trentaine de missions liées en une longue histoire vous mettant aux commandes des troupes britanniques à partir du D-Day (certaines sont aussi jouables du côté allemand). La montée en puissance est très bien faite, vous faisant commencer avec quelques parachutistes avant de vous confiant des chars et autres véhicules blindés. Le joueur en profite pour dérouler ce qu’il a appris pendant le tutoriel, c’est parfait pour apprendre en douceur les mécanismes.

Puis c’est au tour du mode Skirmich et sa trentaine de missions (souvent en miroir) aux scénarios variés : assaut, défense, combats de rencontre. Du classique mais du très efficace encore une fois, qui occupera le joueur de très nombreuses heures.

Mais le gros morceau de The Troop – oui jusqu’à maintenant on picorait, j’espère que vous avez gardé un peu d’appétit – réside dans ses 4 campagnes, deux du côté des Britanniques et deux côté Allemand (Heer et Waffen SS), de sept missions chacune.

Ce qui est vraiment intéressant dans ce mode, c’est que vous démarrez avec un pool de troupes et devez mener à bien toutes les missions avec cela. Les troupes gagnent bien entendu en expérience au fil des combats mais vous n’aurez pas de renforts.

Il faut donc soigneusement sélectionner ses troupes en fonction des objectifs de la mission et surtout oblige à vraiment faire attention à ce qu’on l’on fait et à éviter le « je fonce et on verra bien ce qu’il restera ». Passionnant !

Si à ce stade de la lecture vous n’avez pas encore lancé Steam, c’est que vous vous demandez si la réalisation technique est à la hauteur. La réponse est oui, dix fois oui. Alors certes il y a un ou deux petits trucs qui traînent encore sous le tapis et qu’il va falloir virer lors de prochains patchs.

Mais globalement c’est propre, le moteur graphique est très beau et précis et surtout l’interface et les informations fournies au joueur sont de premier ordre. Il est très simple d’avoir les lignes de vue, d’identifier des troupes ennemies ou de connaître l’état d’une escouade.

Et souris en main, quelles sont les sensations ? Elles sont très bonnes, excellentes même. Chaque unité a un ou deux pools de points d’action. Pour la piétaille, le pool d’action sert à se déplacer et à tirer, lancer des grenades, mettre en batterie une arme collective… Pour les véhicules, si un pool sert aux déplacements et à la rotation de la caisse, l’autre est quant à lui utilisé pour les tirs (mitrailleuse de caisse ou canon).

C’est simple, chaque coût est clairement indiqué et tant qu’il y a des points on peut agir. Sauf, et c’est un des gros points à garder à l’esprit, si vous allez au bout d’un pool, un petit point d’exclamation apparaîtra et toute autre action sera impossible. Cela vous obligera donc à ne pas vous déplacer au maximum de vos points pour être capable de tirer ensuite. Sachant que dans tous les cas, le tir au canon d’un char marque la fin de son tour, qu’il ait bougé ou pas.

Et comme on est dans un wargame, les troupes s’étant déplacées seront moins précises, les tourelles doivent être tournées pour orienter correctement le canon, on peut faire des tirs à l’aveugle sur les bâtiments, monter et descendre des véhicules, jeter des grenades…

Tout ce que vous aimeriez faire sera normalement… possible et prévu. Le jeu est très simple à prendre en main et en même temps extrêmement complet, mélangeant le meilleur des deux mondes et faisant de The Troop un titre qui plaira aux débutants comme aux joueurs confirmés.

Rajoutez par-dessus la gestion du moral, la possibilité de clouer au sol les troupes adverses, même sans leur infliger des pertes, la gestion précise des différents éléments des chars, que l’on peut immobiliser, priver de canon, dont les équipages peuvent mourir lors des pénétrations de projectiles (…) et vous provoquerez un orgasme vidéoludique chez beaucoup de joueurs.

Attention toutefois ! The Troop est un jeu solo uniquement malheureusement – c’est bien là son seul défaut – et l’Intelligence Artificielle est assez retorse pour vous faire payer cher la moindre erreur. Elle n’hésite pas à rester cacher ou vous contourner, attendant que vous avanciez trop vos troupes pour les attaquer… Les premières tentatives peuvent tourner à l’humiliation si vous partez la fleur au fusil !

The Troop est donc un titre magistral, accessible, simple et pourtant très profond. L’Intelligence Artificielle est d’un bon niveau, le moteur graphique n’a pas été laissé de côté comme c’est trop souvent le cas dans ce genre de jeu et si les cartes sont souvent un peu ramassées, cela permet des parties rapides et intenses où chaque déplacement compte.

Que vous soyez un grognard ou un débutant, ne passez surtout pas à côté si les combats à cette échelle vous intéressent. Le passage en Early Access a été très profitable et le titre est maintenant très propre, dispose d’un contenu gargantuesque et surtout, avec des bases pareilles, on se prend à rêver à d’autres théâtres d’opération (faites France 40 s’il vous plaît !). Allez, je n’en mets pas souvent mais je ne peux pas laisser passer un tel titre sans le récompenser d’un Dystoseal of Quality. Ca valait le coup d’attendre !

Genre : Wargame au tour par tour

Développeur : Giant Flame

Editeur : PLA Studios

Date de Sortie : 18 Octobre 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...