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Alaskan Road Truckers

« Hey, machin ! Ouais toi là ! Tu viens ici et tu me regardes quand je t’appelle ! » « Mais c’est que je ne m’appelle pas machin, oh grand maître Harvest… » « Non mais tais toi ! On s’en fout de ta vie. Y a un jeu avec des camions là, t’aime bien les camions, tu fais des streams sur American Truck Simulator tous les vendredi soir ! Bon ben tiens celui-là, il s’appelle Alaskan Road Truckers ! C’est rigolo hein ? C’est quasiment le même nom. Bon ben voilà, allez casse toi maintenant, j’ai des trucs importants à faire ! ». Et c’est ainsi que, fermant doucement la porte du bureau de notre rédac chef déjà retourné regarder une émission sur l’éviscération de la colombe à coup de mortier, je me suis retrouvé à devoir vous parler de ce jeu.

On ze route again

Alaskan Road Truckers se déroule en Alaska (incroyable) et on y incarne un routier (dingue) qui devra parcourir les routes (ouffissime) de cet état pour gagner un maximum de fric. Et aussi accessoirement pour faire fructifier son entreprise de transport routier. Car oui, nous sommes en Alaska, et donc aux USA, et ici la liberté d’entreprendre, c’est sacré.

Pour le moment, vous n’avez qu’un camion, un pauvre hangar et votre courage. Ce qui est amplement suffisant pour mener à bien vos premières missions. Si vous connaissez American Truck Simulator, ou son équivalent européen, le fort bien nommé European Truck Simulator, vous vous imaginez déjà de quoi sera fait votre quotidien. Et bien oui… et non.

Oui, car il s’agit globalement du même principe, à ceci près que l’open world se limite uniquement à l’Alaska et qu’il est donc bien plus détaillé (et l’échelle est plus grande également). Non, car contrairement à ATS, vous devrez tout faire à la main et en vue FPS. Pour atteler votre remorque au tracteur, vous devez descendre et effectuer la manœuvre vous-même.

Pour décharger, c’est pareil. Pour aller consulter vos missions, vous devez rentrer dans votre QG et aller les chercher sur votre PC. Vous devez manger, vous devez dormir, vous devez avoir chaud, vous devez ne pas tomber malade.

Je te survivrai

Le titre va donc bien au-delà du simple simulateur de camion un peu cool où il suffit de rentrer sur un parking et appuyer sur un bouton pour se reposer. Ici, vous allez devoir choisir un lieu où vous garer en sécurité, aller dans votre cabine, ne pas oublier de laisser un peu de chauffage, mettre votre réveil, dormir, vous réveiller avec la dalle et, si vous n’avez pas de bol, trois mètres de neige et un rhume. Si vous devez vous aventurer dehors, n’oubliez pas votre veste chaude et votre tronçonneuse (oui oui).

Et il n’y a pas que vous à choyer ! Votre camion est tout aussi respectable et fragile que votre propre personne. Entretenir son moteur, vérifier ses niveaux et aller faire des achats essentiels pour son bien-être, seront tout aussi indispensable pour la suite de votre périple que boire ou manger. La météo étant capricieuse, cela se reflète sur l’état des routes. Il est donc indispensable de bien planifier son trajet et de partir équipé. Heureusement vous aurez toujours accès au GPS et à la CB pour vous tirer d’un mauvais pas.

Du travail, encore du travail

Une fois que vous avez répondu à un appel d’offres pour une mission de transport, vous devez vous rendre sur place. La nature des missions, mais également leur récompense, dépend à la fois de votre réputation et de votre permis (de A à D). Comme dans tous les jeux de simulation de travail, vous commencez modestement puis vous gravissez les échelons. Une fois votre réputation assise et votre flotte constituée, les missions les plus prestigieuses s’ouvriront à vous.

Parcourir l’Alaska, c’est la promesse de visiter des lieux incroyables et d’en prendre plein les yeux. Là-dessus, le jeu tient ses promesses, vous allez voyager et être dépaysé. L’échelle du jeu permet de renforcer le sentiment d’espace. La possibilité de se déplacer à pied, malgré les dangers, renforce cette sensation de gigantisme. Que ce soit du point de vue du transport routier, de la customisation de ses camions, ou de la simple survie, Alaskan Road Trucker propose une expérience riche et complète.

Bémol ou si moins

Sur le papier, le jeu à l’air d’être un sérieux concurrent aux Trucks Sim. Pourtant, il se prend des critiques très acerbes sur Steam et ne semble pas déchaîner les passions. Alors qu’est-ce qui ne va pas dans ce jeu ? En premier lieu, c’est sa technique qui pose problème. Et je ne parle pas ici de bugs d’affichage, même s’il y en a. Le gros point noir c’est qu’on dirait un jeu avec 10 ans de retard. Et pas les meilleures années.

La conduite se veut réaliste, mais est très chaotique. L’habitacle est grossièrement modélisé, le comportement des autres véhicules frôle parfois l’absurde, etc. Je pourrais faire un long listing de ce qui ne va pas, vous détailler comme il pleut devant nous alors qu’il neige dans le rétroviseur, comment les traces des voitures sur la route apparaissent et disparaissent, comment les missions ne sont pas aux bons endroits sur le terrain alors qu’elles le sont sur la carte… Mais ce serait tirer sur l’ambulance.

Ce jeu avait pourtant tout pour proposer une expérience complète et originale de routier en milieu hostile. Les idées sont bonnes, les petits détails plutôt bien vus, la variété et la complexité des activités font plaisir. Malgré tout, il est quasiment injouable en l’état. Il n’y a rien de réellement bloquant, mais l’ensemble est trop bancal, trop amateur, et ne tient pas la route (ahah) face aux ténors du genre, et principalement face à American Truck Simulator.

Il faudra voir dans quelques temps, quand (et si) des patchs seront appliqués et rattraperont l’état actuel du jeu. Malheureusement, nous sommes à une époque où ce genre de loupé est difficilement pardonnable. Il y a des dizaines de titres qui sortent chaque jour, et les jeux ne peuvent se payer le luxe de promettre un jour meilleur.

Genre : simulateur de camion

Développeur : Road Studio S.A.

Editeur : Green Man Gaming PublishingMovie Games S.A.

Date de Sortie : 18 oct 2023

Plateforme : PC

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

CekterDown

Fasciné par Sherlock Holmes et le mythe de Cthulhu, j'aime également la science-fiction et tout ce qui s'y rapporte, je ne réponds qu'aux superlatifs et ne désespère pas qu'on me voue un culte un jour. J'aime surtout m'entourer de gens plus talentueux que moi.