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Victoria 3

Dans la famille Paradox Development Studio, spécialistes s’il en est des jeux de Grande Stratégie, la série Victoria est un peu un cas à part. Loin de l’aspect exclusivement guerrier d’un Hearts of Iron, du règne des intrigues et relations entre personnages de Crusader Kings 3 et même du savant mélange entre tout ça que peuvent offrir Imperator: Rome ou Europa Universalis, bref Victoria est une série à part, unique car elle se focalise sur deux aspects principaux, l’économie tout d’abord avec les développements rapides amenés par l’ère industrielle et ensuite les populations.

Fais ton choix !

Les « pops » – pour les intimes – représentent des catégories de population divisées entre groupes religieux, ethniques et économiques, chacun ayant ses intérêts politiques et humains. Il vous faudra donc apprendre à composer avec toutes les catégories de population qui composent le pays que vous choisirez de gouverner.

Et comme toujours, c’est là la richesse des jeux de Grande Stratégie, chaque pays ayant son système gouvernemental propre en plus de l’aspect géographique qui va dominer sa politique extérieure.

Autant refaire les erreurs du passé.

Alors pour tous ceux qui aiment les chiffres et la gestion, tout cela va être très vite alléchant. Car chaque changement, soit via la technologie soit via les événements qui peuvent bouleverser votre nation (volontairement ou non, on vous voit les expansionnistes), va apporter de nouveaux challenge et des crises à résoudre. L’important est d’ailleurs là, votre Nation c’est votre bébé et c’est à vous de l’orienter comme vous voulez.

A première vue tout semble possible mais vous devrez toujours composer non seulement avec les conséquences de vos choix mais aussi la volonté de vos voisins, bref c’est pas du jour au lendemain que vous transformerez une Monarchie Religieuse en Anarchie.

C’est zoli

Bon alors ça se joue comment tout ça ? Déjà ça se joue sur une carte, et ma foi qu’elle est jolie : pleine de détails, elle évolue avec les bâtiments construits et le développement du niveau de vie. Des régions agraires rurales se voient grapiller du terrain par l’expansion des villes.

Bref si tout n’est pas toujours géographiquement précis avec certaines régions sans villes majeures (il faut dire que certaines régions peuvent aussi être découpées temporairement jusqu’à l’unification totale, comme lors de l’unification Allemande ou de l’exploration liée à la colonisation), le tout est vraiment un régal à regarder.

Elément important pas assez mis en valeur, le changement de type de production avec les coûts et bénéfices associés.

Les régions sont l’élément central de développement de votre pays, ce qui fait qu’il vaut mieux en général commencer avec un petit pays ou un de taille moyenne pour se familiariser avec le jeu (ou tout du moins pour ne pas être totalement dépassé). Vous passez donc le plus clair de votre temps à développer celles-ci en y construisant des bâtiments qui vont produire les biens nécessaires à votre population.

Du bois, des vêtements, des armes, bref la liste est longue et évolue avec les biens à votre disposition (encore un autre attrait de la colonisation ou des régions lointaines). Il faudra constamment suivre l’évolution du marché pour assurer l’approvisionnement en biens cruciaux.

Si votre pays autorise les élections (quelle idée), il vous faudra composer un gouvernement légitime tout en composant avec les envies des partis. Good luck.

Et vous avez compris que la richesse du titre est assez conséquente, malgré une interface simplifiée et beaucoup plus agréable à naviguer que dans les précédents opus (à ce niveau Paradox continue de faire un travail excellent avec chaque nouvelle sortie, seul petit bémol je n’ai plus retrouvé le « ledger » qui permet de voir tous les détails de toute les régions en mode « liste Excel » et il est impossible d’avoir des fenêtres de comparaison).

A part l’impact de la technologie sur les options de bâtiment, j’ai trouvé le tout très intuitif et facile à naviguer, ce qui devrait cesser de décourager les plus frileux d’entre vous face aux jeux Paradox – surtout face à un titre comme Victoria 3.

La France a voulu m’empêcher de transformer les Pays-Bas en état fantoche…malgré une supériorité numérique ils ont bouffé du sable.

Victoria 3 offre aussi certains changements qui vont avoir un impact non négligeable pour ceux qui aiment guerroyer. Déjà on reprend un peu le système de front de Hearts of Iron 3 mais on le simplifie avec deux actions principales : tenir le front ou l’avancer. Chaque général peut être assigné à une tâche, s’en suit alors des batailles qui vont se générer de manière aléatoire et qui décideront de l’avancée des combats.

Fini donc d’avoir la main sur tout, ici la technologie, les généraux choisis et les « stacks » (piles) de soldats vont prédominer. J’ai trouvé ce système assez agréable à prendre en main et satisfaisant dans un jeu où la guerre n’est pas l’intérêt principal même s’il va clairement limiter les prises de risque.

Bon la Suède soit, mais la France elle se mêle vraiment de ce qui la regarde pas.

Autre détail, chaque coup diplomatique hostile qui mène à un conflit va avoir une phase d’influence où d’autres nations voisines pourront décider ou non d’intervenir… c’est comme ça qu’en voulant attaquer un petit pays faible on peut vite se retrouver avec le gros voisin costaud d’à côté qui tapote sur votre épaule. Prudence donc.

L’IA gère bien l’aspect guerrier, avec les garnisons qui viennent en renfort automatiquement, vos généraux qui bougent d’un front à l’autre une fois leur ordre principal exécuté etc. Bref c’est assez dynamique même si certains regretteront de ne plus pouvoir avoir la main sur le moindre détail.

Mon héritier est mort lors d’un duel alors le jeu m’a créé un nouvel héritier qui… ressemble à ce petit vieux… super.

Je pourrais encore discourir longuement sur les actions possibles ici ou là. Victoria 3 est un jeu riche et complet qui devrait ravir la plupart des amoureux de gestion, d’histoire et de géopolitique. Certes les personnages affichés (assez moches d’ailleurs) n’ont pas vraiment d’intérêt, il n’y a presque pas d’interactions à effectuer avec eux, pas de mariages entre familles royales même s’il y a parfois des événements qui ponctuent la vie militaire ou politique de ceux-ci.

Certes il risque d’être plus difficile de peindre la carte à sa couleur avec une nation mineure qu’auparavant (mais en même temps ce n’était pas très réaliste) et les périodes creuses où votre économie est dans les choux peuvent parfois sembler longues, surtout lorsque l’impact de certaines décisions n’est pas toujours visible (explorer la faisabilité du Canal de Suez qui a pour résultat d’arrêter la collecte d’impôt à travers toute la Prusse c’est original mais j’ai mis du temps à comprendre).

Mais ne fut-ce que survivre à cette période de changement avec une nation solide économiquement et politiquement peut fournir au joueur un sentiment du devoir accompli qu’on trouve rarement dans d’autres jeux.

C’est qui Nancy ? Elle est jolie au moins pour que ça vaille la peine de se battre pour elle.

Bref, à mes yeux Victoria 3 est une réussite même si ça reste un jeu un peu plus niche que les autres titres de Paradox. Un énorme effort a été fait pour rendre le tout accessible avec parfois des accents de Civilization ou d’Anno qui ressortent mais c’est bien là un titre à part et fascinant. Surtout que connaissant Paradox on sait que ce qui semble manquer évoluera au fil des DLC.

J’ai trouvé la variété des événements assez vaste pour ne pas être redondante et chaque partie laisse au joueur le choix de créer la propre histoire de sa nation. Bref que demande le peuple ? Ah ouais… tout ça ? Quand même. Bon ben au boulot !

Développeur : Paradox Development Studio

Editeur : Paradox Interactive

Date de sortie : 25 Octobre 2022

Genre : Grande Stratégie

Prix : 49,99€

Page Steam

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

SA_Avenger

Le Belge taciturne du groupe, pas fan de quoi que ce soit mais touche-à-tout aux goûts éclectiques, amoureux du cinéma, de littérature et de chanson française à texte, bref un nostalgique invétéré. Ancien beta testeur hardcore, je joue encore régulièrement à des jeux obscurs aux règles complexes que je termine d'ailleurs rarement.