Jeux vidéoJouer

The Ascent

Si le cyberpunk n’a jamais été passé de mode, on peut quand même reconnaître qu’il a le vent en poupe. N’étant pas spécialement friand des jeux de tirs bourrins en vue du dessus, je n’attendais pas spécialement The Ascent. Les visuels et les premiers retours ont fini de me convaincre et je dois dire que je ne regrette pas l’aventure. Mais c’est quoi The Ascent ? Développé par une petite équipe de 12 personnes, pourquoi le jeu fait-il parler de lui depuis sa sortie ?

Inspiration visuelle et musicale des canons du genre.

Après une création de personnage assez basique, le jeu vous plonge dans les profondeurs d’une mégalopole où vous effectuez des tâches ingrates pour le compte d’un gros bras local. Comme la plupart des habitants, vous êtes assujetti à une méga corporation (The Ascent) qui contrôle et réduit en esclavage tous ceux qui ont fait le chemin vers la planète dans l’espoir d’une vie meilleure. Eh ! Il faut bien payer le voyage… Après, la plupart n’auront pas assez du travail d’une vie pour espérer rembourser leur dette et on sent bien le bonheur qui émane de tout ce petit peuple. Ce serait probablement votre lot à vous aussi si des événements inattendus ne se pressaient pas au portillon. Le groupe Ascent semble s’être effondré sans explication, le chaos s’installe et il vous faut faire le maximum pour assurer la survie du district.

C’est beau et ce n’est pas la dernière fois que je le dis.

L’histoire n’est certes pas vraiment originale ou surprenante mais elle est assez solide et fait le boulot avec un bon sentiment de montée en puissance. Le jeu se partage entre la quête principale et des quêtes secondaires qui nécessitent en général d’aller dans un quartier jusqu’à un point spécifique pour y parler à quelqu’un, tuer un groupe, activer quelque chose ou ramasser un objet.

De manière générale, les zones ne pouvant être débloquées qu’avec la quête principale, c’est sur celle-ci que vous vous focaliserez pour ne pas réaliser après avoir fait tout le chemin jusqu’à l’entrée d’une zone que, malgré l’indicateur de niveau qui vous correspond, ben non en fait, il faudra encore patienter pour pouvoir faire la dite quête car vous n’avez pas les accès nécessaires. Un peu dommage, tout comme le fait de parfois (en général pour les éliminations de zone) ne pas avoir la quête secondaire validée si elles n’étaient pas activées au moment de la réalisation.

Je dis ça mais lui je l’aime bien quand même.

Mais là où d’autres titres vont tenter de vous épater par leur histoire aux thèmes variés ou avec des personnages marquants, les développeurs ont eux décidé de mettre l’accent sur le gameplay et l’atmosphère. Car le monde de The Ascent, est un monde vivant qui fourmille de détails et d’effets en tout genre. Chaque zone a son caractère, ses différents niveaux, sa palette de couleur, ses éléments de décors qui écrasent le tout par leur gigantisme. On découvre, on admire et on a beau, crédo du genre, principalement parcourir des couloirs et y défourailler tout ce qui nous fait face (à part les civils), on a pas l’impression du tout d’être enfermé, bien au contraire.

La caméra n’hésite pas à se placer différemment pour vous offrir des visions charmantes ou impressionnantes de ce monde qui ne s’arrête jamais de vivre. Le monde est superbe et est un plaisir constant à parcourir, la musique et l’ambiance sonore de qualité ne font que renforcer l’immersion. Le map design est bon avec une utilisation de la verticalité qui renforce l’impression de gigantisme et de richesse du tout (mais qui est parfois un peu compliqué à naviguer sur la carte car celle-ci n’est pas toujours des plus pratique pour bien voir les niveaux différents).

Le travail effectué est titanesque (certains décors aussi d’ailleurs), l’attention aux détails épatante et le tout à un niveau probablement encore jamais atteint pour un jeu du genre et les screens ne lui rendront pas justice. Le RTX ajoute encore plus à l’ambiance (même si en DirectX 12 pour l’instant les performances sont catastrophiques et qu’il faudra attendre des patches mais le tout est tellement beau en DirectX 11 que j’avoue ne pas en tenir trop rigueur) et rien que pour cet aspect, le jeu mériterait de s’y plonger.

Certes il y a quelques artifices pour pouvoir ajouter des dizaines de civils qui vaquent et s’affolent en cas de bagarre (et que vous pouvez bien sûr, par erreur ou non, « pacifier » avec vos armes) genre ceux-ci vont parfois disparaître d’un coup et n’ont clairement pas de routine de vie mais à nouveau c’est là un détail qui ne brise presque jamais l’immersion.

Tout ce beau petit monde va s’égailler au premier coup de feu.

Mais il y a un autre domaine où les développeurs ont fait fort, j’ai nommé le gameplay. Car si le genre ne brille pas par sa finesse et que The Ascent ne tente pas de révolutionner la formule, le jeu arrive vraiment à vous accrocher et à vous motiver pour aller encore un peu plus loin pour dégommer un autre groupe d’ennemis qui se trouve sur votre chemin. Le feeling des armes est excellent, chacune a son petit caractère, même le flingue de base qui se recharge super vite et tire à la vitesse de clic. Toutes peuvent aussi être améliorées avec des composants que vous trouverez à différents endroits de la carte.

Certes vous devrez passer par le menu lorsque vous voudrez changer l’une des deux armes équipées parce que l’adversaire en face nécessite un autre type de munition, mais vous apprendrez vite à vous focaliser sur telle ou telle arme bien spécifique pour la plupart des rencontres, ne fut-ce que parce que vous n’aurez pas l’opportunité de toutes les mettre à niveau. Tirs en rafale, décharge énergétique, shotgun enflammé, fusil sniper balistique, lance roquette, il y a du choix, même si comme indiqué plus haut vous ferrez assez vite votre sélection pour gérer aux mieux les différentes situations que vous rencontrerez.

Run on !

Le jeu vous demandera donc en général de parcourir (à pince) le chemin jusqu’à votre zone de mission, chemin semé d’embuches (enfin de groupes d’ennemis qui apprécieront peu votre présence même lorsque vous êtes bien au dessus de leur niveau) que vous nettoierez en route. Il y a souvent plus d’un chemin vers la cible ce qui permet de ne pas se sentir trop dans un jeu couloir. La difficulté n’est en général pas trop élevée mais il y a parfois des pics où des groupes d’ennemis sont soudainement d’un niveau supérieur au vôtre et qui vous éclatent en deux coups, ou des moments où les soins sont un peu trop éloignés pour assurer votre survie pour la prochaine rencontre.

Pas de gestion de munition, ni de trousses de soin à transporter (uniquement à ramasser avec effet immédiat). Pour le premier, il suffira de recharger, pour le second il faudra trouver des soins laissés au sol par les ennemis défaits ou de pouvoir récupérer ceux-ci auprès d’une des bornes disséminées au travers du monde (qui peuvent aussi fournir d’autres boosts). Il y a donc des moments où vous serez un peu à court avant un combat (et devrez vous retaper tout le chemin inverse pour essayer de récupérer un peu de vie) sans vraiment d’option simple pour y remédier. Mais la mort n’est pas trop punitive, vous serez renvoyé un peu en arrière, certains ennemis peuvent repopper, d’autres non (les nommés par exemple), malheureusement certaines bornes de soin ou tourelles ne seront plus activables non plus si déjà activées auparavant.

Certains éléments RPG (soit en trouvant des augmentations soit en dépensant des points lors de votre passage de niveau) vous permettront de faire évoluer les compétences de votre personnage, son équipement et son « Cyberdeck » (élément qui permettra de hacker les coffres, bornes de vente et portes). Etrangement, les armures ont des stats fixes ce qui rend les doublons inutiles (sauf pour les vendre) et va en général rendre l’une des armures simplement meilleure que les autres pour le niveau en question. On peut le regretter car ça diminue fortement l’intérêt du loot mais ce n’est pas là le cœur du jeu.

Tourelle et tir derrière un bon couvert, ça aide.

Autre élément de gameplay vraiment réussi, lors des combats vous pourrez vous accroupir et/ou tirer en hauteur. Cet élément pourtant si simple ajoute vraiment des possibilités : mise à couvert et tir à l’aveugle, élimination d’un drone volant, tir sur des cibles plus petites ou plus hautes, bref le jeu va vous demander de faire attention à votre environnement, de bien vous positionner et souvent de rester mobile. Roulade, tir en hauteur, élimination d’une cible basse, se remettre à couvert, dans le chaos ambient vous jonglerez avec le tout et aurez vraiment le sentiment d’être investi dans les combats. Surtout que vous pourrez aussi utiliser des « augmentations » cybernétiques afin d’appeler des renforts, de faire des sauts dévastateurs ou de booster vos capacités.

Je vois la vie en roooose.

Une réelle réussite, The Ascent, a malgré tout encore quelques petits défauts, le principal étant de devoir autant marcher et faire autant d’aller-retours, il y a bien un système de taxi pour les déplacements en extérieur (pour une somme forfaitaire) et un métro mais ceux-ci sont limités par niveau et souvent vous placent aux abords de la zone que vous voulez atteindre, il faut donc à nouveau la traverser, et à nouveau éliminer les ennemis sur votre chemin qui auront repoppé entre temps. Alors quand en plus, le jeu vous force parfois à retourner en arrière dans une zone déjà nettoyée après avoir tué un boss on aurait vraiment aimé avoir de quoi passer tout ça plus facilement, surtout qu’avec des embranchements nombreux, des cartes de bonnes tailles et des éléments à récupérer sur la carte, le joueur a déjà de quoi la parcourir sans devoir rajouter ces trajets artificiels.

Il y a aussi quelques bugs qui peuvent gâcher l’expérience de certains. Certains sont ennuyants mais mineurs comme des quêtes secondaires qui ne s’activent pas ou des ennemis qui n’apparaissent pas à moins de relancer la partie à partir du menu, ou encore la perte des éléments cosmétiques trouvés à chaque chargement de partie. Mais d’autres joueurs ont eu des soucis un peu plus sérieux (comme la perte d’upgrade de Cyberdeck ou de compétences) surtout en coop en ligne. Car le jeu permet de jouer jusqu’à trois joueurs (en local ou multi) ce qui je dois l’avouer est assez alléchant (même si comme dit plus haut ce n’est pas un jeu à loot et la rejouabilité est assez limitée) mais il faudra pour cela patienter quelque patches pour s’assurer une expérience plus fluide.

Kaboom !

Pour ma part, j’ai été assez épargné par les soucis techniques et j’ai dévoré le jeu en une vingtaine d’heures. J’en sors avec l’envie d’en avoir plus, plus d’environnements, plus d’une histoire qui est somme toute plaisante, plus de loot qui permettrait à mon héroïne d’avoir un look encore plus badass en démolissant les ennemis. Certes l’IA va parfois bloquer un peu, certes le jeu aurait probablement bénéficié d’encore quelques semaines de polissage surtout pour sa partie coop, certes la rejouabilité est limitée mais c’est probablement le meilleur shooter vue du dessus depuis bien longtemps et le jeu arrive toujours à offrir quelque chose de nouveau juste au moment où vous pensez que ça risque de tourner en rond.

Je vous ai dit que le jeu était beau ?

Malgré ses quelques bugs (la plupart seront, je l’espère, rapidement corrigés) et quelques défauts, je ne peux qu’être admiratif face à The Ascent tellement l’expérience est plaisante et immersive. Sans révolutionner le monde vidéoludique, le jeu est facile à prendre en main, pêchu, violent, éblouissant visuellement et une vraie réussite je ne peux donc que le recommander. Ca pète dans tous les sens, ça fait du bien à la rétine ainsi qu’à tous les petits cœurs de gamers bourrins. Avis aux amateurs !

Développeur : Neon Giant

Editeur : Curve Digital

Genre : TPS vu du dessus

Date de sortie : 29 juillet 2021

Prix : 29,99€

Site web

Page Steam

SA_Avenger

Le Belge taciturne du groupe, pas fan de quoi que ce soit mais touche-à-tout aux goûts éclectiques, amoureux du cinéma, de littérature et de chanson française à texte, bref un nostalgique invétéré. Ancien beta testeur hardcore, je joue encore régulièrement à des jeux obscurs aux règles complexes que je termine d'ailleurs rarement.