Strategic Mind: Fight for Freedom
Six mois à peine après le dernier opus Strategic Mind: Spectre of Communism, Starni Games revient avec un titre dédié cette-fois aux campagnes alliées sur le front Ouest : Strategic Mind: Fight for Freedom. Deux campagnes sont disponibles, une anglaise, commençant avec l’offensive de la Sarre et l’autre américaine débutant avec le D-Day, ce ne sont pas moins de 10 missions par campagne qui sont ici disponibles.
La série se démarque de la concurrence « hex games » grâce à deux éléments : la caméra cinématique qui se déclenche parfois en mouvement ou combat et qui permet de suivre vos unités sur le terrain et de profiter de l’aspect 3D du jeu et la présentation scénarisée de la campagne qui permet d’avoir un peu de contexte « historique » à vos missions. Couplé avec un gameplay facile à prendre en main, c’est je pense une série accessible et attirante pour les débutants ou ceux qui aiment un aspect un peu plus « RTS » à leur wargame.
Au niveau des cinématiques, certaines sont mieux réussies (le bombardement de Londres) que d’autres (le débarquement de Normandie) et les dialogues ont toujours le même défaut, c’est-à-dire que les voix sont faites par des amateurs et ça s’entend très fort. Aussi le côté historique de la chose est plus dans la présentation que dans les faits, on a plus droit à un côté un peu léger, comique et accentué permettant d’avoir en quelques lignes de dialogues un aperçu d’un personnage. Pour les Anglais, les forces françaises sont donc plus de la racaille qu’une armée, Montgomery a un égo démesuré qui envoie tout le monde bouler, bref on est dans le monde des clichés et il ne faut pas être trop regardant aux détails (surtout que certaines scènes sont parfois reprises d’autres opus).
Le côté sonore de Strategic Mind: Fight for Freedom reste un des défauts majeurs du jeu, les unités vont en effet aussi lancer une petite phrase « punchline » à chaque ordre et on se demande parfois d’où elles sortent (« Exist no longer! », « We’ll bomb them back to Kingdom Come » ou « Let’s kill… the bad guys » sont quelques exemples un peu étranges où même l’annonceur semble parfois hésiter sur ce qu’il a à dire). Le niveau visuel est un peu plus soigné même si on est pas au niveau des animations et modèles d’un Panzer Corps 2 et que tout explose toujours.
Comme dit plus haut, Strategic Mind: Fight for Freedom se focalise sur le contenu et est un peu comme deux gros DLC en une version standalone, ce sentiment est renforcé par le fait que le gameplay n’a pas du tout évolué depuis le titre précédent et que si on peut toujours profiter des éléments apportés par celui-ci (tel que les opérations nocturnes, le déminage, l’ajout d’équipement spécifique à la météo) on se demande quand même si ce n’aurait pas dû être des DLC plutôt qu’un jeu « complet ». Même au niveau de l’interface, il faut encore utiliser des raccourcis pour retrouver l’écran de déploiement car l’interface n’a pas non plus été modifiée.
Le gameplay est toujours facile à prendre en main avec une utilisation efficace des lignes de ravitaillement . L’artillerie, l’aviation et les navires sont nécessaires pour adoucir la résistance ennemie avant un combat rapproché et sont même peut-être un peu trop puissants par rapport aux troupes classiques. Les objectifs consistent en général à capturer des points spécifiques de la carte avec parfois des objectifs secondaires qui permettent de varier les plaisirs (détruire une unité spéciale, capturer un espion, escorter un personnage). Le tout est assez simple et ne varie pas non plus le gameplay mais permet de se donner des challenges en court de route.
Certaines unités sont persistantes d’une mission à l’autre et peuvent être améliorées, en revanche on se pose parfois la question de comment elles peuvent l’être. Lors de la mission qui vise à évacuer un maximum de troupes de Dunkerque, il est en fait impossible d’évacuer vos propres unités, et les autres le font de manière presque automatique. Mais pas d’inquiétude vu que une fois la mission complétée, vos unités survivantes seront quand même sauvées comme par magie.
Un peu étrange, c’est d’ailleurs un peu dommage que sur des missions emblématiques tel que Dunkerque ou Market Garden on ait pas droit un gameplay un peu plus spécial avec une vraie évacuation à mener à bien sous les bombardements ennemis ou une réelle opération aéroportée à effectuer. Il est bien sûr possible d’utiliser vos propres unités pour faire des opérations de parachutage mais on perd quand même le côté épique qu’évoque normalement ces noms. La campagne ne propose d’ailleurs toujours pas non plus d’embranchements qui permettraient d’impacter les opérations futures grâce à vos performances.
C’est un peu ce que je reproche au titre, les sorties s’enchainant (l’opus suivant est déjà prévu pour dans 6 mois), avec un achat prix plein à chaque fois, or je m’attends à voir la série évoluer plus que ce qu’elle ne le fait actuellement. Il faudrait peut-être songer à espacer les sorties un peu plus afin de permettre cette évolution ou au moins des missions qui sortent un peu de l’ordinaire.
Pour les nouveaux joueurs, ce sera donc une simple question de choisir le titre qui correspond au théâtre qui les intéresse (ou le moins cher vu qu’il y a peu d’évolution de gameplay) et si les fans de la série devraient continuer à y trouver leur compte, il devient difficile de justifier le prix total de tous les opus comparé à la concurrence (je pense particulièrement à Panzer Corps 2)
Strategic Mind: Fight for Freedom est donc un titre avec un gameplay bien huilé et un contenu acceptable mais sans évolution notable (rien niveau gameplay, toujours pas non plus de mode escarmouche ou multijoueurs) ce qui limite un peu son intérêt sauf pour ceux qui adorent la série ou voudraient s’y plonger côté allié plutôt que sur un autre théâtre.
Editeur : Starni Games
Date de sortie : 21 mai 2021
Genre : Wargame
Prix : 24,99€
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur