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Stirring Abyss

Après avoir fait un retour sur la démo du jeu, qui m’avait offert une bonne mise en bouche avec une super ambiance, Slitherine nous a proposé de tester la version finale sortie ce 29 Octobre. Il n’est pas difficile de déjà confirmer que Stirring Abyss (toujours soutenu via l’initiative K-Project de Slitherine pour encadrer les jeux indés) a gardé son ambiance originale et oppressante, que la difficulté est toujours au rendez-vous (même s’il y a eu quelques changements à ce niveau) et qu’il mérite toute l’attention des fans de Lovecraft.

Un membre en plus, ça plairait à Flad ça.

La campagne vous place dans la peau du capitaine du Salem (un sous-marin échoué et en bien mauvais état) à la recherche de survivants. Celui-ci va aussi tomber nez à nez avec des créatures cauchemardesques qui vont mettre à mal la santé mentale de l’équipage en plus d’en vouloir (tout naturellement) à votre vie. Le gameplay est découpé en deux parties : d’une part l’exploration des hauts fonds avec votre loupiotte (et parfois, s’il a encore de l’énergie, l’aide du faisceau ou du radar de votre sous-marin) afin de trouver des ressources pour améliorer/réparer votre sous-marin (qui joue le rôle de base entre chaque mission) tout en gardant un œil sur votre jauge d’oxygène. De l’autre les combats au tour par tour avec tout ce qu’on peut retrouver dans le genre : points d’action, capacités, objets à usage unique et armes (à ces profondeurs ce sera harpon ou couteau).

Emballé c’est pesé

Malgré différents modes de difficulté le challenge reste éternellement présent. Il y a eu une amélioration par rapport à la démo à ce niveau vu que maintenant les harpons ont deux tirs plutôt qu’un seul, certains ennemis vont (rarement) « dropper » des essences qui permettent de récupérer un peu de vie mais les cartes et les rencontres étant aléatoires, il faudra quand même un peu compter sur la chance. En cas de soucis, vous aurez certes la possibilité de recharger une partie mais ce sera soit avant la mission à bord du Salem soit au moment de la dernière sauvegarde automatique (ce qui permet rarement d’éviter une catastrophe). Le jeu reprend donc des mécanismes de rogue-like et dispose d’un mode « Endless » à côté de la campagne, qui est un vrai rogue-lite où vous devrez explorer des cartes les unes à la suite des autres sans louper plus de trois objectifs ni perdre tous vos marins.

Je n’ai pas été totalement convaincu par ce mode dont j’ai trouvé la difficulté trop en dents de scie et dont beaucoup d’objectifs sont limités dans le temps (chose que j’apprécie peu en général). Je me suis retrouvé à louper un objectif parce qu’ouvrir le dernier coffre requis était la dernière action du tour, résultat le jeu a terminé le tour en même temps et considéré que j’étais arrivé trop tard. Mouarf, autre essai, j’ai quand même échoué, à un tour près, alors que mes hommes n’ont fait que « courir », quitte à se prendre des attaques d’opportunité de l’ennemi. Autant dire que j’étais loin du compte si j’avais pris le temps de combattre. Les objectifs sont aussi un peu moins intéressants que durant la campagne mais ce mode a le mérite d’exister et de renforcer sérieusement la rejouabilité de Stirring Abyss, surtout que chaque départ se fera avec des personnages différents, des récompenses variables et une expérience elle aussi différente.

L’équilibrage de la difficulté du jeu reste son point faible selon moi, là où on peut accepter et s’amuser d’un tir ami loupé qui va sérieusement blesser l’un de vos hommes, d’autres éléments sont plus frustrants. Surtout le timer mentionné plus haut qui n’est réaliste que si on connait déjà la carte. Mais aussi de manière générale, le jeu a tendance à vouloir vous donner du fil à retordre avec des ennemis plus nombreux que vous, un manque criant de soins (surtout en mode campagne où il vous faudra avoir la chance de trouver des produits chimiques pour en fabriquer) et une mort trop rapide. Pour le dernier point, j’ai trouvé un peu dommage de ne pas avoir un système comme dans d’autres jeux, où un personnage tombe inconscient avant de mourir car vu que l’IA a tendance à s’acharner sur vos hommes les plus faibles et que vous allez parfois vous retrouver face à des ennemis qui vous retirent un tiers de vos points de vie par tour, le moindre faux pas peut vous coûter un homme. Or, contexte oblige, on ne remplace pas quelqu’un comme ça.

Certains événements vont nécessiter un peu de chance

Surtout que les points de vie ne se régénèrent que modérément d’une mission à l’autre (même si des compartiments de votre vaisseau peuvent améliorer le rendement) et que vous serrez toujours poussés par le danger (une jauge se remplit au fur pour indiquer la menace grandissante). Vos hommes devront aussi garder leur santé mentale au fil du temps, celle-ci pourra être mise à mal par des ennemis mais aussi par l’utilisation de pouvoirs qui seront mis à votre disposition. J’ai beaucoup aimé le système de mutation de Stirring Abyss : aléatoirement des anomalies vont apparaître durant les combats, si vous les inspectez avant qu’elles ne disparaissent vous gagnez des points qui permettront à votre équipage de muter avec certaines mutations assez originales (double spectral, bras supplémentaire, branchies, mange mort…) si elles offrent des bonus non négligeables on ne s’étonne plus trop de la santé mentale vacillante de l’équipage.

Tiens? ça parle d’Harvester.

Riche, original, avec une esthétique bien à lui, Stirring Abyss est une bonne surprise. Si l’équilibrage pourrait être amélioré, le titre mérite amplement le détour et devrait plaire aux amateurs de jeux tactiques et d’atmosphère lovecraftienne.

Développeur : Sleepy Sentry, K-Project

Editeur : Slitherine Ltd.

Date de sortie: 29 Octobre 2020

Prix : 20,99€

Genre : RPG Tactique

Page Steam

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

SA_Avenger

Le Belge taciturne du groupe, pas fan de quoi que ce soit mais touche-à-tout aux goûts éclectiques, amoureux du cinéma, de littérature et de chanson française à texte, bref un nostalgique invétéré. Ancien beta testeur hardcore, je joue encore régulièrement à des jeux obscurs aux règles complexes que je termine d'ailleurs rarement.