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Slay the Princess

Comment commencer un article ? Par la fin ? En annonçant directement ce qu’on pense du jeu ? Doit-on prendre le contre-pied d’une longue tradition issue des premiers âges des tests vidéoludiques ? Dois-je vous faire un exposé extrêmement détaillé qui mettra en lumière les points positifs et les points négatifs du jeu, ce qui amènera forcément à une conclusion du type « ce jeu est génial, achetez le » ou au contraire « bon, il est raté, passez à autre chose » ?

Doit-on finalement justifier notre goût ? En général, je ne sais pas, mais pour Slay The Princess, on va essayer autre chose. Je vais tout de suite vous donner la conclusion. Libre à vous de remonter le fil en continuant la lecture, et donc en descendant le texte. Vous êtes perdu ? Moi aussi.

Un excellent jeu

Oui, ce jeu est excellent. À l’instar des Stanley Parable, Return of the Obra Dinn et autres The Outer Wilds, il entre directement dans mon panthéon des jeux à faire, ne serait-ce que pour se la péter en soirée quand Maxime, votre cousin, vient vous pomper l’air avec son énième Assassin’s Creed de l’année. Est-ce que je case un maximum de titres de jeux pour faire monter le référencement ? Vous n’avez aucune preuve.

En résumé, Slay The Princess est un jeu malin, qui brise le quatrième mur mais pas vraiment, qui boucle mais pas tout à fait, qui vous entraîne dans un délire particulier mais hypnotique, et qui, si vous êtes comme moi, vous marquera durablement. Et son prix est tout à fait raisonnable puisqu’il est sous la barre des 20 euros.

Vous voici à la fin de mon article sur ce jeu. Vous avez eu ma conclusion. Libre à vous de vous arrêter là et d’aller acheter le jeu. Je serai même à deux doigts de vous recommander de faire ça. Mais si vous voulez vous pouvez continuer de me lire. Ne vous inquiétez pas, je ne spoilerai rien du tout.

Une histoire singulière

Vous êtes toujours là ?

Ah.

Bon, ben ok…

Dans Slay The Princess, il vous est demandé de tuer une princesse enfermée dans une cabane au fond d’un bois. Accessoirement, si vous ne le faites pas le monde sera détruit. Désolé, mais ce n’est pas moi qui fais les règles. Vous pouvez toujours argumenter bien sûr, vous pouvez même dresser votre petit poing contre ce destin injuste, mais s’il vous plaît, allez tuer la princesse. En vous remerciant.

Rassurez-vous, comme dans tout bon Visual Novel, vous avez le choix. Les choix même, puisque vous pourrez chouiner, râler, refuser, rouspéter, accepter joyeusement, et même y aller sans rien dire, en bon soldat prêt à faire tout ce qu’on lui dit. Par contre, et je peux enfin écrire cette phrase dans un article sans ricaner dans ma barbe : vos choix auront des conséquences. Vraiment beaucoup de conséquences.

Je ne vais pas vous en dire plus, mais au regard des screenshots accompagnant cet article, vous vous rendez déjà compte que vos choix vont amener à des événements bien barrés (oui, j’argotise si je veux.).

Visual Novel, mon amour

Basiquement, Slay The Princess est un Visual Novel. Il se compose d’une succession d’écrans fixes, avec du texte et une ou plusieurs voix qui déclament le texte affiché. Puis vous faites un choix dans une liste présentant les réponses possibles et le jeu continue en passant à un autre écran. Du grand classique.

Ce qui attire dans ce titre, c’est le dessin très particulier en noir et blanc crayonné, et l’utilisation de l’effet parallaxe. Cet effet crée une sorte de mouvement, mais également de vertige (vous pouvez d’ailleurs le désactiver dans les préférences si ça vous importune.). Bien entendu, c’est une question de goût, mais j’ai un faible pour les crayonnés. Il m’a donc immédiatement tapé dans l’œil.

La voix du narrateur, grave et profonde, renforce l’impression de « conte » qu’on vous raconte le soir pour vous endormir. D’ailleurs le voice acting est absolument magistral. Il est composé de deux voix : Jonathan Sims qui se prête à plusieurs versions du personnage (vous verrez.), et Nichole Goodnight qui incarne la princesse. Les deux acteurs, spécialistes des podcasts, apportent énormément à la qualité du titre et de son histoire. Les nuances qu’ils apportent tous deux dans leurs interprétations sont la pierre angulaire de ce jeu.

La musique, plus discrète mais néanmoins importante, sait alléger ou alourdir une scène. Elle nous accompagne tout du long, de façon éthérée. Elle-même est renforcée par un sound design simple mais efficace. Ces deux éléments nous plongent encore un peu plus dans ce que le jeu propose.

Des jeux indés

Dans la droite ligne des jeux vidéo indépendants qu’on voit fleurir depuis plus de 10 ans sur nos plateformes, Slay the Princess envoie valser les codes convenus tant de la narration que du jeu vidéo en tant que tel. Ce n’est pas le seul à le faire, et on sait très bien qu’il y en aura beaucoup après lui, mais il le fait à sa manière et de façon très réussie.

Il m’a évoqué un jeu de rôle sur table, issue de la sphère indépendante également, qui s’appelle S/Lay w/Me. Ce jeu de Ron Edwards a lui aussi une proposition et une réalisation étonnante puisqu’il place les deux joueurs tour à tour dans la peau du monstre et dans la peau du héros, écrasés par une destinée qu’ils vont peut-être pouvoir infléchir. Là encore, comme pour Slay The Princess, tout va se jouer dans les interstices, entre les lignes et leur interprétation.

Alors devez-vous jouer à Slay The Princess ? Oui. Si vous aimez la scène indépendante, si vous aimez les propositions originales et si vous aimez suivre une histoire aux multiples ramifications. Si par contre vous vous appelez Maxime et que vous êtes mon cousin… Probablement que non.

Pour la conclusion de cet article, je vous renvoie au paragraphe nommé « Un excellent jeu ».

Genre : Visual Novel Horrifique

Développeur : Black Tabby Games

Editeur : Black Tabby Games

Date de Sortie : 23 oct 2023

Plateforme : PC, Mac

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

CekterDown

Fasciné par Sherlock Holmes et le mythe de Cthulhu, j'aime également la science-fiction et tout ce qui s'y rapporte, je ne réponds qu'aux superlatifs et ne désespère pas qu'on me voue un culte un jour. J'aime surtout m'entourer de gens plus talentueux que moi.