NUTS
Ce petit chemin…
Quand la docteure Nina Scholz m’a envoyé dans la forêt de Melmoth pour filmer des écureuils, j’étais fier. Quel honneur de remplir une telle tâche, de contribuer à sauver le troisième rongeur le plus mignon du monde*. Car seul mon rapport illustré sur la faune arboricole pourra sauver les arbres des griffes du diabolique promoteur immobilier.
*le second étant la gerbille, juste derrière le bébé cochon d’indes
Impossible, en débarquant dans NUTS, de ne pas penser à Firewatch : nous avons un personnage seul, dans les bois, managé par une voix féminine dans un talkie-walkie. La direction artistique stylisée, appliquée à des environnements restreints et peu détaillés, confirme que nous sommes avant tout dans un jeu de puzzle. Le but de chacun des chapitres sera de filmer un écureuil à un moment précis, en posant nos 3 caméras dans les angles appropriés. Nina nous indique le point de “spawn” de la bestiole, à nous ensuite de quadriller le secteur pour suivre l’itinéraire du petit rouquin noisettophile. Très vite, le chasseur (d’image) en nous jubile.
Hélas, en héro des futaies, j’ai vite goûté au côté ingrat de ma mission. Voyez plutôt : sortir du bureau-caravane, poser les trois caméras à l’autre bout du bosquet. Revenir, allumer les écrans, scruter l’apparition furtive d’une bestiole, faxer une image à Nina. Ressortir, bouger les caméras, recommencer. Parfois 10 ou 15 fois d’affilée. Un boulot légèrement fastidieux*, rendu même absurde par les requêtes de la boss : à la seconde près, votre photo peut être invalidée. Et on ressort donc marcher 300m pour bouger un appareil de 10 degrés vers la gauche pour faire plaisir à madame, qui voulait voir la bête à 0h10 et pas 0h11 (les minutes sont des secondes).
*Surtout sur Switch, version testée, où l’interface minuscule n’aide pas. C’est sûrement bien plus fluide sur PC.
NUTS est donc loin de la bouffée d’air forestière imaginée. Assez crispant, on y passe autant de temps à faxer des documents, ou pendu au téléphone du bureau, qu’à courir les bois. Sa durée de 2h donne l’impression qu’on a tenté absolument d’ajouter du gameplay en quantité (la même tâche répétée) sur ce qui est un court mais joli walking sim à la direction artistique catchy, et au concept unique. Dommage, d’autant que les développeurs ont dû passer du temps sur la bonne idée originelle du système de caméra.
Développeur : Joon, Pol, Muuutsch, Char et Torfi
Éditeur : Noodlecake
Sortie : 4 février 2021
PC, Switch, Apple Arcade
16€
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur