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Unicorn Overlord

C’est un euphémisme de dire que Unicorn Overlord, le nouveau jeu de Vanillaware était plus qu’attendu par les fans du développeur. Pour ceux qui l’ignorent, le développeur japonais est l’un des champions toutes catégories en matière de 2D à l’ancienne. Que ce soit dans GrimGrimoire, Odin’s Sphere, Murasama ou Dragon’s Crown, le développeur a toujours brillé avec des réalisations plus que léchées, dotées de décors magnifiques et fourmillant de détails et d’un character design de haut vol, même s’il a pu être reproché au développeur d’être quelque peu obnubilé par les poitrines féminines défiant les lois de la gravité. Ce ne sont pas les joueurs de Dragon’s Crown qui me contrediront. Je n’ai jamais compris comment la sorcière arrivait à s’orienter avec un tel pare-chocs…

Ça faisait un petit moment que Vanillaware n’était pas revenu à ses amours de jeunesse, à savoir le RPG tactique qu’il avait déjà eu l’occasion d’aborder avec GrimGrimoire. Ce qui nous amène donc au petit nouveau, Unicorn Overlord dont la sortie est prévue sur Xbox Series, Playstation 5 et Switch (je suis à la bourre pour rendre mon test et le jeu est effectivement déjà sorti).

Notre brave héritier et son amie d’enfance. No comment.

Oui, je sais, comme ça le titre fait un peu peur et laisse craindre quelques nouveaux dérapages à une époque où on les tolère de plus en plus difficilement. Rassurez-vous, Vanillaware semble s’être quelque peu assagi avec le temps et Unicorn Overlord évitera – le plus souvent – de se vautrer dans le graveleux et la vulgarité.

Dans ce nouveau RPG tactique, vous incarnerez Alan, héritier destitué du Royaume de Cornia, dans sa vaste mission de reconquête. En effet, une décennie plus tôt, la belle et valeureuse reine Ilana s’est quelque peu faite entuber par son général, Glavius, qui a subitement décidé qu’être roi serait quand même bien mieux que simple aide de camp.

J’avoue, les captures d’écran officielles sont légèrement plus belles que les miennes.

Tant qu’à faire, cette vile crapule de Glavius décide de devenir purement et simplement empereur via un vaste plan d’annexion des royaumes avoisinants. Tandis qu’en bon méchant hollywoodien, il prend grand soin détailler son plan à la reine, cette dernière charge son bras droit, Joseph, d’exfiltrer le jeune héritier du trône, Alan, et de lui remettre à sa majorité la bague de la licorne, symbole du trône de Cornia. Tandis que l’ex-futur souverain prend la poudre d’escampette, les royaumes voisins ne trouvent rien de mieux à faire que d’abdiquer les uns après les autres face au nouvel empereur, toujours un peu ronchon d’avoir laissé subsister la lignée royale de Cornia.

Des années plus tard, alors qu’Alan, désormais adulte, s’entraîne sans relâche avec son mentor pour reprendre le trône qu’on lui a honteusement chipé, il aperçoit un navire de guerre s’approcher des rivages de l’île où les rebelles corniens se sont planqués. L’empereur en a manifestement eu marre d’attendre la contre-attaque et a décidé d’accélérer un peu le cours des événements. L’heure est donc arrivée pour notre héros d’affronter son destin et de latter, dans la joie et la bonne humeur, les troupes de l’empereur.

Ah Berengaria, mon personnage préféré !

Bref, après ce résumé aussi éreintant que succinct, vous aurez compris que l’intérêt du jeu ne viendra, a priori, pas de la trame générale très convenue, ce qui n’étonnera pas forcément les amateurs de T-RPG japonais (ok, admettons que Final Fantasy Tactics soit au-dessus de la mêlée). En revanche, la découverte des multiples protagonistes qui viendront épauler ou défier Alan et des différents chapitres du jeu sera heureusement bien plus intéressante, d’autant que le visuel charmant de Unicorn Overlord ne pourra que ravir les amoureux de belle 2D.

En effet, si la trame générale brille par son classicisme, le jeu se rattrape très largement au travers d’un scénario qui multiplie les péripéties et les rencontres avec vos futurs alliés. Il plane d’ailleurs sur ce jeu un air de Suikoden avec ces multiples combattants qui, pour des raisons qui leur sont propres, viendront, rejoindre vos rangs et vous aideront à faire tomber le sinistre Glavius.

Exemple de debuff

Cette multitude de personnages, en plus d’offrir de nouvelles possibilités stratégiques, donne sans cesse l’envie d’avancer dans la trame principale et offre d’opportuns moments de respiration entre les combats (et ils seront nombreux). Au fur et à mesure de ses pérégrinations, Alan et sa troupe de rebelles (qui prendra progressivement des proportions bibliques) auront ainsi l’occasion de rencontrer des prêtresses plus ou moins en détresse, des magiciens plus ou moins foireux, des princesses plus ou moins revêches, des gladiateurs en manque de Colisée, des mercenaires à court d’employeur, des guerrières ailées ou encore des elfes plus ou moins dévêtues (oui, c’est un poncif de l’heroic fantasy qui a encore de beaux jours devant lui).

Bien évidemment, chaque guerrier disposera de capacités offensives et défensives plus ou moins uniques et, comme à l’accoutumée dans les T-RPG, propres à sa classe spécifique. De la même manière, chaque combattant présentera des faiblesses plus ou moins marquées face à des ennemis spécifiques. Oui, c’est un peu un pierre ciseaux papier king size.

Quand je vois disais que le jeu fourmillait de réglages. A noter qu’il est intégralement traduit en français.

Tout aussi classiquement, le joueur sera amené à organiser ses troupes en diverses escouades et devra s’assurer de présenter des groupes armés suffisamment équilibrés. Bien évidemment, le placement des troupes sera également primordial. Non, Mesdames et Messieurs, il n’est pas amusant de laisser un soigneur et un archer au premier rang pour se prendre des baffes, tandis que les tanks (également appelés chevaliers ou gladiateurs) jouent à la belote en arrière-plan.

Bien entendu, il conviendra de s’assurer que ses troupes ne présentent pas de faiblesses flagrantes lors des échauffourées et de profiter au maximum des spécificités de chaque combattant.

Ainsi, l’agilité d’un voleur lui permettra facilement d’esquiver la majorité des coups portés par ces gros balourds de gladiateurs. En revanche, la première baffe fera très mal. De même, les cavaliers ne feront qu’une bouchée des pauvres fantassins. Des gardes lourdement armés mais peu mobiles n’auront que peu de chance de survivre à un affrontement contre des troupes aéroportées, comme les chevaliers griffons.

Et, de la même manière, les archers et la cavalerie ne feront qu’une bouchée d’un sorcier ou d’un shaman (rhaaaaa je hais ces saletés de shamans) qui ne serait pas protégé par une haie de combattants bien plus résistants et prêts à prendre des coups à sa place. Il faudra ainsi vous assurer d’envoyer les bons escadrons au combat pour éviter d’humiliantes défaites. Il sera également nécessaire d’assurer une certaine polyvalence au sein des différents bataillons, faute de quoi vos troupes seront rapidement mises en déroute. Bref, à vous les joies du micro-management et du team building.

Comme je le disais, tous les textes sont traduits en français.

Là où le jeu s’avère plus original que certains de ses congénères, c’est en automatisant les combats. Oui, vous m’avez bien entendu, il ne vous appartiendra – presque – pas de décider qui tape et surtout, sur qui il tape. Ça peut sembler assez frustrant de prime abord mais ça dynamise l’action, d’autant que les passes d’armes sont nombreuses.

Notez toutefois que vous aurez la possibilité de gérer l’équipement de l’ensemble de vos troupes, leur placement au sein de leur bataillon ainsi que leur comportement général lors des combats. Histoire de rendre tout ça un peu plus digeste, je vous poste un joli screenshot.

Un exemple d’escouade. Pour les comportements, se reporter à la capture d’écran un peu plus haut dans le test.

Rassurez-vous, il vous restera suffisamment de choses à faire et de paramètres à gérer pour ne jamais avoir l’impression d’être devant un vulgaire clicker game. Croyez-moi, ce jeu regorge de combattants, pièces d’équipements et de trucs à trouver un peu partout sur la carte qui représente les différents royaumes.

En fait, la ressemblance est à chercher plutôt du côté de la brillante série des Advance Wars d’Intelligent Systems qui a essentiellement sévi sur les machines portables de Nintendo (et, pour les plus vieux, de Battle Isle de Blue Byte Software).

C’est un peu le boxon sur le champ de bataille

Afin de progresser dans l’histoire, il n’y aura pas d’autres solutions que d’optimiser ses troupes et de rechercher l’équilibre parfait au sein de chaque escouade. Les multiples rixes, qu’il s’agisse de scénarios ou de combats aléatoires, seront autant de possibilités de tester ses équipes sur le terrain afin de voir si vos belles théories tiennent réellement la route sur le champ de bataille.

Bien évidemment, il faudra apporter une attention toute particulière à l’armement et au stock de potions de vie, potions de soins et autres items offensifs ou défensifs que vous pourrez notamment acquérir dans les différentes villes et villages.

Sous son apparente simplicité, le gameplay de ce Unicorn Overlord cache donc des trésors de subtilité. S’agissant de la réalisation, vous aurez compris qu’avec Vanillaware à la manœuvre, c’est du tout bon. Entre la carte en fausse 2D qui rappelle furieusement celle d’Octopath Travellers avec son cycle jour/nuit et ses multiples effets de brume et de lumière, les décors somptueux et le character design de haut vol, quoique très classique pour le genre, le développeur réalise un sans-faute.

Les musiques sont également plaisantes même si une certaine redondance peut fatiguer à la longue. Les plus réfractaires aux dérapages visuels seront probablement ravis de constater que Vanillaware a mis de l’eau dans son vin avec un design des personnages féminins un peu plus sobre qu’à l’accoutumé.

Un exemple des liens d’amitié entre les personnages, lesquels augmentent leurs capacités à travailler en équipe.

Bref, nous avons peut-être là le nouveau roi du RPG tactique à la japonaise et, en tout état de cause, une des plus belles réussites du développeur qui en compte déjà quelques-unes à son actif.

C’est pas tout ça mais il faut que j’y retourne. Cornia ne va pas se libérer toute seule et, de toute manière, je n’arrive plus à lâcher la manette.

Genre : Tactical RPG

Développeur : Vanillaware

Editeur : Atlus / Sega

Date de Sortie : 8 mars 2024

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

 

 

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.

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