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The Quarry

Après une trilogie Dark Picture Anthology assez controversée et dont le premier volume, Man of Medan, n’avait pas vraiment convaincu votre serviteur, Supermassive Games revient sur le devant de la scène avec The Quarry.

Sur le fond comme sur la forme, rien n’a vraiment changé, il s’agit d’un jeu d’aventure horrifique extrêmement cinématique et scripté dont le déroulement ressemble beaucoup à celui de Until Dawn, première production du développeur qui avait, à l’époque, rencontré un certain succès auprès de la critique et du public.

Le principe est extrêmement simple. Il s’agit du pendant et vidéoludique d’un slasher au cours duquel vous allez faire tout votre possible, du moins l’espère-t-on, afin d’éviter que les multiples protagonistes post adolescents se fassent joyeusement massacrer.

Comme dans Until Dawn, le jeu, extrêmement scripté et recourant systématiquement à des QTE, vous proposera des embranchements multiples et de nombreuses fins qui vous permettront de prendre consciences des conséquences de vos actes quant à la survie ou la mort tragique des membres de votre groupe. Chaque décision que vous prendrez aura donc une incidence aussi bien immédiate sur le cheminement du personnage que vous contrôlez que des répercussions futures quant à la trame de l’histoire.

Tout comme Until Dawn, j’ai eu le plus grand mal à lâcher la manette de ce jeu qui, paradoxalement, propose pourtant un gameplay des plus limités. En gros, vous vous contentez de vous balader, survivez (ou non) à des QTE et êtes amenés à prendre des décisions sur le fil, tout comme dans un jeu Telltale. Alors, qu’est-ce qui fait que ce The Quarry me semble bien plus addictif que la précédente trilogie de Supermassive Games alors qu’il en reprend toutes les ficelles ?

Tout comme les films d’horreur dont il s’inspire avec une franche réussite, le succès du jeu tient en grande partie à son casting de personnages plutôt bien équilibré et campé par des acteurs que vous reconnaîtrez très certainement pour les avoir vus dans des films et des séries, à l’image d’Ariel Winter qui campait un des personnages principaux de Modern Family ou de ce bon vieux David Arquette qu’il n’est guère besoin de présenter aux amateurs de films d’horreur (même si la mention de son nom risque de provoquer quelques aigreurs d’estomac à ceux qui ont eu le malheur de visionner le dernier épisode de Scream).

Là où le casting du premier Dark Picture Anthology me semblait bancal, on trouve un peu tous les stéréotypes du genre dans ce The Quarry qui reprend bien les codes du slasher. Sans surprise, vous retrouverez l’héroïne badass, le type lugubre et menaçant, le gentil benêt, la briseuse de couple etc. Bref, la formule est usée jusqu’à la corde mais fonctionne paradoxalement toujours aussi bien dans le cadre du jeu. Il ne tiendra donc qu’à vous d’assurer la survie ou de précipiter directement en enfer ceux qui vous sembleront être les plus têtes à claques. Le choix ne manque pas.

S’agissant du scénario et pour éviter au maximum les spoilers, on précisera simplement que les moniteurs d’un centre aéré auraient mieux fait de faire rapidement leurs bagages à la fin de la saison plutôt que de vouloir veiller une dernière nuit. Bien évidemment, l’intérêt du jeu repose intégralement sur les multiples rebondissements que propose son scénario et il serait donc bien dommage d’en dire plus.

Là où on peut, en revanche, s’attarder, c’est sur la réalisation du jeu dont le visuel est, à quelques détails près, assez bluffant. Si Until Dawn s’avérait assez étonnant au niveau graphique, avec des personnages particulièrement détaillés, Man of medan s’avérait quant à lui, un peu plus décevant. The Quarry fait table rase des errances de Dark Picture Anthology et fera probablement figure de nouvel étalon graphique en matière de modélisation des visages et de reproduction des expressions faciales et corporelles, quand bien même un certain nombre de détails viennent perturber l’expérience et rappeler que l’uncanny valley n’est jamais très loin.

Globalement le jeu est visuellement bluffant et vous plonge directement dans un bon vieux slasher dans la droit lignée des Vendredi 13, Scream ou encore Freddy les Griffes de la Nuit. Certaines scènes m’ont d’ailleurs amené, en tout cas sur la version PC, à m’interroger sur le fait qu’il puisse s’agir non plus du moteur du jeu mais de cinématiques tournées avec les vrais acteurs. Il n’en est pourtant rien et ce n’est pas la moindre réussite du titre. À noter que si les versions PS5 et Xbox tournent en 4K, elles sont malheureusement limitées à 30 images par seconde tandis que la version PC n’est pas bridée.

Bien qu’il s’agit d’une expérience cinématique, j’avoue trouver assez dommageable de brider le framerate à 30 images par seconde, d’autant plus que ma version PC qui tourne en 2560*1440, s’avère assez fluide et maintient très régulièrement les 60 images par seconde alors que ma machine commence à devenir quelque peu vieillissante. J’ose espérer qu’un futur patch permettra d’améliorer le framerate, quand bien même cela se ferait au détriment de quelques options graphiques.

Au chapitre des menus regrets, je noterais, s’agissant de la version PC, qu’il s’agit d’un des jeux les plus sombres auquel j’ai pu jouer. Non, je ne parle pas du côté malsain ou glauque de l’aventure (relativement soft au regard de ce qui se fait de nos jours) mais bien de son contraste et de sa luminosité qui font que, la plupart du temps, on a tendance à avancer à tâtons en ne distinguant les décors qu’à la dernière seconde et encore, quand on les distingue.

C’est très vraisemblablement voulu afin de rajouter un peu de stress, mais j’imagine que le fait que mon PC ne soit pas compatible HDR rend le tout beaucoup moins lisible et gâche probablement un peu le rendu et la visibilité générale. Autre léger défaut, chaque chargement provoque pendant quelques secondes de méchantes saccades, même avec un SSD. Cela dit, ça reste mineur et limité au début des scènes.

En dernier lieu, préparez-vous à pester sur ces personnages qui, en danger de mort perpétuel, refusent d’accélérer le pas. Oui, Messieurs les développeurs, laisser courir les personnages n’auraient pas tué le suspense et aurait, en revanche, permis d’éviter quelques crises de rage.

En ce qui concerne le déroulement et aussi classique qu’il soit-il, le jeu et son scénario, découpé en plusieurs chapitres alternant les personnages et les points de vue, s’avèrent suffisamment captivants pour que le joueur veuille en savoir plus et qu’il s’avère difficile de lâcher la manette. Le fait que chaque erreur soit potentiellement fatale à l’un des membres de votre équipe encouragera probablement à relancer de futures parties, donnant au jeu une longévité que son style semblait pourtant lui refuser.

Au bout des 9 heures et quelques de jeu qui m’auront suffi à terminer une première partie, je ne peux m’empêcher de penser que The Quarry est une courte mais belle réussite à inscrire à l’actif de Supermassive Games.

Bien évidemment, la durée de vie limitée, du moins tant qu’on ne souhaite pas refaire d’autres embranchements, et le côté extrêmement scripté de l’expérience pourront dissuader, le jeu étant vendu assez cher. La durée de vie sera vraisemblablement un peu allongé par le mode co-op ou par le mode meute qui permet à un streamer d’interroger son public sur la suite des évènements mais, honnêtement, je n’ai essayé ni l’un ni l’autre.

Pour autant, si vous avez un tant soit peu apprécié un des précédents titres du développeur, je ne peux que vous inciter à vous jeter sur ce nouveau jeu. En ce qui me concerne, ce fût un plaisir de presque tous les instants, bien loin du décevant premier épisode de la trilogie Dark Picture Anthology. N’ayant pas encore commencé le second, Little Hope, j’ignore si Supermassive Games avait pu redresser un peu la barre.

Genre : Adventure

Développeur : Supermassive Games

Editeur : 2K Games

Site officiel

Date de sortie : 10 Juin 2022

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.