System Shock

J’ai une bonne et une mauvais nouvelles pour vous : System Shock ne vous aime pas. Ça c’était la bonne. La mauvaise ? Vous allez quand même l’acheter et quand même y jouer, parce que vous êtes une personne de goût et que vous n’étiez pas forcément né(e) en 1994. Ou alors, à l’instar de Cekter vous étiez déjà en train de faire votre service militaire. Mais dans tous les cas, préparez-vous à sortir la carte bleue.

Oui j’aime bien balancer la conclusion en introduction, ça permet aux milliers de gens pressés qui nous lisent en conduisant dans les transports de ne pas perdre un précieux temps. Et ça me permet aussi de raconter n’importe quoi après – comme d’habitude diront les mauvaises langues – étant donné que vous êtes encore à train de vous demander pourquoi vouloir acheter un jeu qui ne vous aimera pas.

Parce que System Shock est comme ça : il ne vous aime pas, ne vous a jamais aimé et ne vous aimera jamais. N’espérez pas que la version remake de 2023 va adoucir les angles rugueux de l’immersive sim qui a lancé un genre en 1994. Non mesdames et messieurs, les développeurs de Nightdive Studios ont repris l’esprit de l’époque, ont passé un coup de polish moderne pour que tout tourne très bien sur une machine moderne et ils ont sorti le popcorn.

Dans System Shock, vous dirigez un hacker capturé par une mega-corporation qu’il essayait de pirater. Envoyé dans une prison dirigée par Shodan, une IA sadique qui coche toutes les cases pour être rédac’ chef bosser à Guantanamo, notre héros va devoir s’échapper. Comment ? Aucune idée. Pareil pour les autres détails de votre évasion : aucune idée, débrouillez-vous.

Vous le savez certainement, System Shock n’est pas un jeu qui vous tient par la main ou vous fait des cadeaux. Vous allez devoir tout découvrir par vous-même, que ce soit comment résoudre les nombreux puzzles qui bloqueront votre progression ou les différents dispensaires que vous croiserez. Une porte vous résiste ? Trouver son code ou une autre entrée, ou hackez la sécurité. Débrouillez-vous. Vous êtes perdu ? Trouvez l’implant pour cartographier les niveaux et… sortez un petit cahier.

Et surtout allez voir des guides avant de commencer à jouer, cela vous économisera du temps et surtout ne mettra pas vos nerfs à rude épreuve. Parce que soyons honnêtes, j’ai bien failli abandonner au bout de deux heures de jeu. Trop de questions restaient sans réponse, je tournais en rond en me demandant si oui ou non on pouvait faire certaines choses, si j’avais raté des trucs. Donc ravalez votre fierté, faites des recherches ciblées et n’hésitez pas à aller voir une soluce de temps en temps, quand vous avez épuisé toutes vos options et que votre plaisir de jouer s’efface devant la frustration.

Et c’est à ce moment que vous profiterez vraiment de System Shock. Quand vous arpenterez les niveaux en recherchant les audio logs qui vous donneront une multitude d’indices (que vous noterez sur votre petit cahier, le jeu ne proposant pas de journal de quêtes), que vous récupérerez toutes les saloperies pour les recycler et avoir enfin de quoi acheter des munitions ou ce mod que vous voulez tant. Très vite vous trouverez vos marques dans chacun des niveaux qui composent la station. Vous vous perdrez toujours autant si comme moi vous n’avez pas le sens de l’orientation. Mais ça n’est pas grave, vous serez bien.

System Shock a marqué une génération de gamers et lancé un genre, et on comprend pourquoi et comment en jouant à cette version 2023. Il n’y a guère de montée en puissance, si ce n’est via les armes que vous récupérez (et encore, c’est plus une spécialisation d’une puissance brute) ou les quelques implants qui vous aideront un peu. Non vous ne deviendrez pas un gros bill ultime qui roulera sur tout le monde. Mais chaque pièce fouillée, chaque couloir ratissé apportera son lot d’anecdotes. Les passages sur lesquels vous butiez de longues minutes seront débloqués après une bonne pause. Immersive Sim. Le genre porte bien son nom.

Les développeurs de Nightdive Studios ont bien fait leur travail en modernisant le jeu sans pour autant le dénaturer. Les graphismes sont modernes en conservant la touche rétro caractéristique de cette période, les contrôles sont enfin parfaits et ne seront donc plus un frein à l’aventure et globalement l’interface a subi un coup de polish (même si pour le coup je ne me souviens plus de celle d’origine). Tout tourne parfaitement, la bande son est superbe et il n’y a aucun bug à signaler. Un vrai bonheur.

Je vous disais en introduction que System Shock ne vous aime pas. Et c’est tant mieux. On veut qu’il nous malmène, qu’il nous pousse dans nos derniers retranchements. Oh il y a de fortes chances que vous n’arriviez jamais au bout, mais vous vous devez d’y jouer – à moins de n’aimer que les Point n’ Click moches comme les gens ici – pour votre culture personnelle et l’expérience unique qu’il propose. La joie d’enfin trouver comment à accéder à une aile du complexe. Le plaisir de hacker les défenses de Shotan. Pour tout ça, et bien plus !

Genre : Immersive Sim

Développeur : Nightdive Studios

Editeur : Prime Matter

Date de sortie : 30 Mai 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur