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Ixion

Les fans de gestion sont des gens prévoyants qui essaient d’être préparés à toutes les situations. Prenez la fin du monde par exemple. Survivre à une Terre inondée ? Hop sortez Floodland. Tout est radioactif ? Pas de souci, lancez Endzone. Vous préférez vous barrer avant que ça pète ? Hop Surviving Mars est là. Et si vraiment vous voulez changer d’air, alors Ixion est pour vous.

Dans Ixion, vous dirigez une station spatiale capable de faire des sauts spatio-temporels qui échappe (provoque ?) à la destruction de la Terre. Vous voilà donc livré à vous-même et obligé d’enquêter sur les mystérieux évènements ayant mené à la destruction de notre planète.

Si vous êtes du genre à regarder les screenshots avant de lire le texte, vous vous êtes rendus compte que le jeu se joue sur plusieurs niveaux. Vous avez d’une part la station en elle-même, découpée en six secteurs que vous ouvrirez peu à peu, puis la coque extérieure, que vous devrez maintenir en bon état et équiper de panneaux solaires. Et enfin, vous avez l’Espace, infini et regorgeant de matières premières.

La partie dans la station est relativement classique et vous permettra d’user de vos talents de joueur de Tetris tant la place doit être optimisée, tout comme la main d’œuvre. Parce que voyez-vous, les humains n’auront pas le temps de se reproduire dans le futur. Il vaudra mieux compter sur les corps cryogénisés que vous récupèrerez au cours de votre exploration.

Il y a une dizaine de ressources à gérer : le carbone, le silicium, l’eau ou encore le fer. Et bien sûr la nourriture, qui vous fera beaucoup défaut au début. C’est d’ailleurs là la première difficulté du jeu : arriver à trouver le juste milieu entre afflux de nouveaux colons et production de nourriture. Cela peut sembler très simple car il n’y a qu’un bâtiment de production de nourriture au début, mais l’inertie fait que le moindre grain de sable va tout gripper.

Pour le reste, c’est du déjà vu avec construction d’entrepôts dédiés à une ressource spécifique, recherche de nouvelles technologies, construction de logements et autre usines. On pourrait croire que tout ira très vite très bien mais non, bien au contraire…

Le deuxième niveau de jeu, sur lequel vous n’allez pas passer très longtemps, est celui des constructions externes : changement de moteur pour les sauts dans l’hyperespace, ajout de panneaux solaires… On n’y vient que de temps en temps et le reste du temps on laisse la réparation automatique de la coque activée.

Le troisième niveau est celui où l’histoire va évoluer. C’est la vue du système solaire, où vous allez gérer vos sondes et vaisseaux spatiaux. Une sonde pour explorer un secteur, un vaisseau minier pour extraire les ressources et un vaisseau cargo pour les rapatrier. Ajouter un vaisseau scientifique pour aller explorer certaines planètes et autres points d’intérêt et vous aurez une carte où vous essaierez un peu au pif ce que vous recherchez. C’est très sympathique au début, un peu moins quand vous recherchez pendant 5 minutes un gisement de carbone…

Jusque-là, Ixion réussit non seulement à être original, mais il parvient à nous décrocher régulièrement la mâchoire tellement il est mignon tout plein. Regardez-moi ces couleurs chatoyantes. Ah ce n’est pas Frostpunk hein, là vous avez envie de vous lever le matin pour diriger du spationaute ! Sauf qu’en fait… Ixion est le petit cousin de Frostpunk. Avec ce que cela comporte de défauts dirais-je.

Tout d’abord, la campagne est scriptée. Extrêmement scriptée. Je ne parle pas forcément de l’ordre des lieux à explorer pour faire avancer l’histoire en elle-même, mais de son influence sur la station. Vous êtiez en train de lutter pour nourrir vos hommes ? Pas de souci, on va vous balancer un événement vous obligeant à accélérer le réveil de nouveaux colons, finissant de mettre votre fragile édifice à mal. Tout se passe bien ? Mais non regardez les gens se révoltent parce qu’ils en ont marre de rester dans ce système. Vous bougez ? Pas de souci votre vaisseau sera endommagé et les colons seront nostalgiques de la Terre.

Dans Ixion, passé le plaisir de la découverte, on se rend compte qu’on ne joue pas à armes égales avec le jeu. Vous n’allez pas pouvoir débloquer les autres secteurs quand vous voulez. Vous n’allez pas pouvoir faire les recherches que vous voulez quand vous le voulez. Il faut suivre la trame scénaristique, se prendre l’événement au coin de la tronche, relancer une sauvegarde, anticiper le souci, continuer un peu plus loin. Oui comme dans Frostpunk. Certains aiment ça, personnellement j’appelle ça un puzzle game plus qu’un jeu de gestion…

C’est dommage parce que derrière cette difficulté un peu fumée par moment se cache un excellent jeu. Il ne manque pas grand-chose, juste un petit patch de rééquilibrage, pour que tout le monde y prenne du plaisir. C’est d’ailleurs étonnant venant du studio à qui l’on doit Warhammer 40k Mechanicus – que j’ai adoré.

Ixion, derrière une réalisation technique et une interface aux petits oignons, propose donc un challenge très conséquent qui n’est pas à la portée de tous. J’aurais aimé que l’on puisse développer sereinement chaque secteur de la station en jonglant avec les ressources (elles sont spécifiques à chaque secteur), répartir la population là où c’était nécessaire, planifier le développement industriel de ma colonie tout en orchestrant l’exploitation de la galaxie autour de moi.

Mais à la place de ça, j’ai devant moi un jeu stressant qui attend une et une seule manière de jouer et qui s’amuse à me tester continuellement, sans que je puisse profiter de ce que j’ai accompli.

Vous aimerez peut-être. Ou peut-être pas. Personnellement j’ai été content de finir Frostpunk uniquement parce que cela me permettait de passer à autre chose et je n’ai jamais eu envie de revenir dessus. Ixion semble suivre la même voix, sauf que ce coup-ci, lassé de tout recommencer, je vais attendre un patch pour jouer dans une difficulté plus adaptée à mes envies.

Genre : gestion

Développeur : Bulwark Studios

Editeur : Kasedo Games

Date de sortie : 7 Décembre 2022

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...