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Starfield

Je ne vais pas vous mentir, j’ai joué à Skyrim pendant des centaines d’heures. Je me suis appliqué à faire toutes les quêtes, je voulais retourner le moindre caillou. Alors autant vous dire que j’attendais ce nouveau Bethesda avec une certaine impatience, surtout que la liste des choses à faire et découvrir était longue comme le bras. De quoi rempiler pendant des heures en troquant l’armure de plates pour une belle combinaison spatiale. Starfield, notre prochain passe-temps préféré ?

Comme je sais que vous lisez Dystopeek pour le suspense que les rédacteurs arrivent à entretenir dans leurs articles, je vais vous avouer que non. Non, je ne vais pas passer des centaines d’heures sur Starfield. Enfin si, mais pas vraiment. Parce qu’autant je me suis cramé à jouer encore et toujours à Skyrim, sans décrocher pendant des heures, je n’arrive pas à enchaîner les grosses sessions sur Starfield.

Est-ce parce qu’il est mauvais ? Non, bien sûr que non. Un jeu aussi attendu ne pouvait pas être mauvais. Imparfait au pire, parce qu’on parle quand même d’un jeu Bethesda (oui je sais c’est facile mais je n’ai pas pu m’empêcher) mais pas mauvais. Mais les choses ont changé. Les gens ont changé, les jeux aussi. Et le souci, c’est que Starfield a quand même beaucoup des airs de Skyrim 1.5 moddé space opéra.

Dans la grande tradition des jeux de rôles, vous débutez le jeu comme un/une moins que rien, minant sur une obscure planète. Jusqu’au moment où, tadam (essayez de feindre la surprise svp), votre équipe tombe sur un artefact mystérieux avec lequel vous semblez avoir une connexion unique. Après être tombé dans les pommes, vous rencontrez un membre de Constellation, une société secrète bien connue, qui vous offre son vaisseau et son robot et vous demander d’amener l’artefact au QG de la faction. Là-bas, vous allez bien entendu vous faire recruter et partir à l’aventure à la recherche de ces mystérieux artefacts. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les scénaristes n’ont pas eu la plus grosse part du budget mais quelque part, on s’en fiche un peu.

Parce que cinq minutes après avec accepté cette quête censée changer le destin du monde – et le vôtre accessoirement – vous serez bien entendu parti accomplir une bonne douzaine de quêtes à la con n’ayant aucun rapport avec la trame principale. A vous les quêtes Fedex, les enquêtes scriptées et l’exploration aléatoire.

Et c’est là la grande force, mais aussi la plus grande faiblesse de Starfield. L’histoire n’est pas spécialement épique ou innovante et il y a tellement de choses à faire à côté que vous n’hésiterez que rarement à la mettre en pause pour vous promener, flinguant un peu le côté épique. C’est couillon à dire mais il faudrait que le jeu soit verrouillé une demi-douzaine d’heures au minimum avant qu’on ne soit autorisé à aller batifoler. Ou alors que les joueurs aient plus d’auto-discipline, mais on peut toujours rêver.

Parlons-en de ces à-côtés qui deviendront vite votre quotidien. Exploration de planètes, nettoyage de complexes, promenade à la surface des planètes, création d’avant-postes à la surface de ces mêmes planètes, chasse aux pirates stellaires, dogfights, convoyage de marchandise, la liste est longue comme un jour sans bière et donne le tournis surtout que, comme d’habitude avec Bethesda, rien n’est vraiment obligatoire et vous pourrez faire ce que vous voulez.

Et c’est à ce moment-là que Starfield passe de mouif à wow. Quand vous vous retrouvez à enchaîner les sauts de planète en planète pour aller les scanner, le tout en dézinguant des pirates un peu trop curieux. C’est du plaisir simple, du bac à sable dans sa grande splendeur et le fait de l’appliquer à une galaxie entière va faire couiner de plaisir pas mal de joueurs. Il est extrêmement simple de se promener de hub en hub, qu’ils soient à la surface d’une planète ou tout simplement des points disséminés dans la galaxie.

Beaucoup à voir et beaucoup à faire donc pour un titre qui comme son aîné place l’action au centre de son gameplay. Que ce soient les dogfights spaciaux ou les combats en apesanteur, les occasions de faire parler les armes sont nombreuses et ça tombe bien, les moyens mis à disposition sont très variés. Ceux qui, par contre, aiment bien privilégier le dialogue et la persuasion en seront pour leurs frais, Starfield n’est toujours pas un RPG pur et dur.

Il n’est pas non plus un jeu d’exploration spatiale d’ailleurs. Malgré mes nombreuses références aux promenades spatiales, à la possibilité d’acheter des vaisseaux et de recruter des membres d’équipage, ne vous attendez pas à un Elite Dangerous. Vous vous contenterez de quelques bagarres dans des champs d’astéroïdes et des sauts d’un système à l’autre, pas de quoi vous faire désinstaller votre simulateur spatial préféré. Et je peux le comprendre, les gens achetant le jeu n’ayant pas forcément envie de batailler deux plombes pour apprendre à faire la moindre manœuvre.

J’avance dans la description du jeu et je ne sais toujours pas de quel côté la balance penche. D’un côté vous avez cette galaxie pleine de promesses, ce loot incessant et cette myriade de quêtes qui vous donnent l’impression que vous pourriez jouer des milliers d’heures sans en voir la moitié.

Et d’un autre côté vous avez le revers de cette médaille : comme il y a trop de tout, cela en devient générique. Les lieux visités sont certes très souvent beaux, mais ils ne sont qu’un parmi tant d’autres sur une liste interminable. Les PNJs sont les mêmes, seules les combinaisons spatiales changent. Oui, un peu comme dans Skyrim en fait. Et comme dans Skyrim, nombreux seront les joueurs qui choisiront de zapper certains pans du gameplay. Pour ma part j’avoue que récupérer des ressources pendant des plombes pour crafter ne m’emballe pas spécialement.

Starfield est en fait pile ce qu’il annonçait être : un jeu Bethesda. Cela peut sonner comme une mauvaise chose, mais uniquement pour ceux qui ne les aiment pas. Pour les amateurs par contre, ceux qui traînent encore leurs guêtres sur Fallout 4, qui ont appliqué des centaines de mods à leur Skyrim Legendary Definitve A Little Bit More Edition, alors là c’est l’orgasme assuré. Surtout qu’ils partiront avec un peu d’avance sur les autres en sachant comment et quoi modder, comme il est de coutume avec les jeux Bethesda. Pour ne plus subir cet inventaire par exemple…

Si, à la lecture des 90 tests que vous avez lus jusqu’à maintenant, vous ne savez toujours pas si vous devez investir dans Starfield, posez-vous la question de savoir si vous êtes capable de décrocher de la trame principale pour aller vous amuser avec les outils mis à votre disposition. S’il vous faut des guides, une trame bien définie à suivre, alors oubliez. Vous vous ennuierez et aurez l’impression de passer à côté du jeu. Au pire prenez un petit mois de Gamepass pour confirmer.

Par contre, si votre truc c’est de vous inventer une histoire, si vous aimez explorer le moindre astre gravitant autour d’une planète, que vous voulez rendre service à la moitié de la galaxie, alors vous tenez votre joyau, le jeu qui vous tiendra occupé jusqu’à Noël. Vous y trouverez de l’action, avec une IA pas si ridicule que ça, et des passages bien épiques comme seuls les jeux Bethesda peuvent vous en faire vivre.

Et d’ailleurs en parlant de « jeu Bethesda », je m’aperçois que je n’ai pas abordé le point qui habituellement fâche chez toi : la technique. Et bien ça n’est pas parfait évidemment, avec un moteur physique qui fait un peu ce qu’il veut parfois ou des PNJs très rigides, mais globalement c’est propre et je n’ai pas eu de bugs bloquants, ce qui est presque étonnant. Bien entendu, il va quand même falloir plaquer quelques mods sur tout ça, l’équipe en charge de l’interface sembkant avoir une dent contre l’humanité…

Genre : RPG

Développeur : Bethesda Game Studios

Editeur : Bethesda Softwork

Date de sortie : 6 Septembre 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...