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Sovereign Syndicate

Il y a des jeux comme ça, développés par un studio inconnu – en l’occurrence Crimson Herring Studios – qui débarquent sans crier gare et qui, mine de rien, vous font une sacrée impression. Ce ne sont pas forcément des chefs d’œuvre, ils ne gagneront certainement pas douze prix mais une fois lancés il devient très dur de relever la tête. Sovereign Syndicate est la parfaite illustration de ce type de phénomène.

Dans un Londres époque Victorienne où Steampunk et créatures mythologiques se côtoient, vous allez incarner tour à tour trois personnages dont les destins restent liés et enquêter sur un tueur en série. Un bon RPG bien verbeux et vu du dessus, dans lequel l’ambiance est à couper au couteau et où les mécaniques sont originales. Miam.

Les personnages, Atticus Daley le Minotaure, Clara Reed la Courtisane bi-classée escroc et Otto, un automate au service d’un ingénieur Nain, vont donc se promener dans une vingtaine de lieux londoniens et, en farfouillant, discutant avec des PNJs très hauts en couleur, se retrouver embarqués dans une aventure qui va vite se ramifier.

Le jeu étant basé sur de longues descriptions et de très fréquents dialogues, il va falloir beaucoup lire et surtout s’habituer aux nombreux monologues intérieurs de nos personnages. En effet, chacun dispose de divers traits de caractères qui sont autant de voix dans votre tête. C’est assez particulier à décrire mais en jeu, à chaque fois que vous aurez un choix quant au trait à utiliser, la voix correspondante interviendra.

Chaque trait est lié à un niveau de maîtrise et offrira diverses solutions à un même problème. Et bien entendu, plus vous utiliserez un talent, plus vous augmenterez son niveau. C’est un procédé assez unique et très rafraîchissant que je ne pense pas avoir croisé avant. Surtout que les fameux tests de compétence ne se font pas avec des dés mais… des cartes de tarot. Oui, Sovereign Syndicate table sur un maximum d’originalité.

Chaque talent a donc son deck de carte spécifique et à chaque test vous en tirez une, dont la valeur est additionnée à votre niveau, le total étant comparé au niveau de l’épreuve. Petite subtilité, le 1 entraîne obligatoirement un échec et permet de mélanger le deck avec sa défausse. Parce que oui, les cartes tirées ne sont normalement pas remises dans le deck. Le tout se fait de manière très fluide et si on fait un minimum attention aux tirages, on sait quelles valeurs sont déjà passées.

La partie « rôles » du jeu est donc très solide, avec des dialogues aux multiples embranchements et des situations pouvant être abordées de différentes manières. Lorsque certains événements se produisent, une petite bande dessinée fait son apparition et met un peu plus de vie. C’est encore une fois parfait pour l’immersion.

L’histoire en elle-même est assez particulière à appréhender du fait de l’alternance des protagonistes et des divergences dans leurs aspirations. Que vos motivations soient vénales ou pas vous allez vous retrouver dans des lieux précédemment visités, mais dans les bottes d’un(e) autre, abordant la situation sous un angle totalement différent. Encore une fois, Sovereign Syndicate sort des sentiers battus et le fait avec brio.

Comme vous pouvez le constater, le jeu a une patte graphique très personnelle qui me plaît énormément, l’empreinte Steampunk étant présente sans trop accaparer l’attention. Le monde est crédible, les différentes créatures cohabitant avec les inévitables frictions raciales auxquelles on pourrait s’attendre. Il n’y a certes pas énormément d’interactions avec les éléments du décor mais cela permet de garder un jeu qui se concentre sur l’essentiel et qui n’en rajoute pas pour le plaisir.

Sovereign Syndicate est assurément un très bon jeu d’aventure aux forts relents RPG. Il est souvent comparé à Disco Elysium mais n’ayant pas joué à celui-ci je ne pourrai juger. Ce que je peux vous dire c’est que l’aventure et les mécanismes sont très bien ficelés et qu’on se prend très vite au jeu, notamment grâce aux graphismes et à la musique d’ambiance.

Si vous n’êtes pas allergiques à l’anglais – seule langue disponible – et à la lecture, alors il y a de fortes chances que Sovereign Syndicate vous fasse le même effet qu’à moi : l’impression d’être tombé sur une petite pépite dans laquelle vous vous plongerez avec délices. Surtout avec un tarif d’entrée tout doux comme ça !

Genre : RPG

Développeur : Crimson Herring Studios

Editeur : Crimson Herring Studios

Date de sortie : 15 Janvier 2024

Prix : 19,50€

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...