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Strategic Mind: The Pacific

La 2ème guerre Mondiale s’est joué aussi dans le Pacifique, à partir de Décembre 1941. Ce théâtre à dominante maritime s’avéra un casse-tête logistique et donna lieu à des affrontements aussi meurtriers et violents qu’en Europe sur les fronts Est et ouest. Strategic Mind: The Pacific vous en donne les commandes. La campagne pourra se jouer du côté américain ou bien dans le camp japonais. Les objectifs et les ressources seront très différents, ce qui conduira à une expérience stratégique différente. Cependant, les opérations menées placeront les deux ennemis tour à tour en position d’attaquant ou de défenseur.

Unités, explosions, les modèles sont plutôt jolis.

Et si on parlait du jeu ? SM:TP est né sous le signe de l’hexagone : c’est un wargame en tour par tour, qui se joue sur 2 échelles. Vous serez un stratège, qui gérera le recrutement des unités, les améliorations à acquérir, les réparations, l’approvisionnement, les compétences à développer pour vos unités, le tout avec des ressources mesurées. Et ces ressources seront dépendantes de vos résultats sur le champ de bataille, sur lequel vous exercerez vos talents de tacticien.

Deux boulots pour un poste

Sur cette échelle plus réduite, à la tête d’un pool d’unités que vous aurez en partie sélectionnées, vous devrez combattre pour accomplir des objectifs principaux ou secondaires. Ce sera un affrontement en tour par tour, et ces tours ont un nombre limité.

La stratégie, c’est par ici.

Pour les non initiés : la stratégie, c’est sur la carte de l’Asie et du Pacifique, et la tactique c’est la carte de l’île de Luzon, au nord des Philippines. Ou d’Okinawa.

Ce n’est pas du Total war, ne vous y trompez pas. Je veux dire par là que le jeu colle à une réalité historique, et vous autorise des options stratégiques mais pas un grand bac à sable où vous pourrez tenter un débarquement en Australie ou à Hawaï.

Le jeu est complexe, mais on a dit wargame, vous étiez prévenus. Il propose le challenge exigeant de tout gérer dans un papier-caillou-ciseaux-puits-sonar-destroyer-hydravion.
L’aviation joue un rôle important, ce qui est logique concernant la guerre dans le Pacifique.

En désactivant les hexagones on obtient des visuels très jolis pour un wargame.

Heureusement, le tutoriel est développé et vous enseigne la gestion tactique des forces combinées. Il faudra agir avec des unités terrestres, navales et aériennes, certaines spécialisées.

Vidéos à foison

Au départ d’une campagne, vous choisirez donc votre camp. Il sera aussi possible de paramétrer assez finement l’opposition et les ressources, pour adapter le challenge à votre niveau si vous le souhaitez.

Votre choix : Yamamoto ou Nimitz ?

La campagne est scénarisée, et commence par environ 10 minutes de cinématiques et de dialogues entre des personnages historiques (Tojo et Yamamoto). Le soin apporté aux séquences est assez bluffant, et inhabituel dans un jeu de cette catégorie.

Les promenades clichés innombrables, le calme avant la tempête.

C’est très bon pour l’immersion. C’est sans doute ce qui explique les 20 Go et plus de téléchargement nécessaire.

Le flou pour faire historico-joli…

Hélas, le doublage en anglais des japonais est très caricatural.

Et ça contextualise.

Le discours est-il américain ? Je l’ignore, mais par exemple après Pearl Harbor, les cinématiques du point de vue Japonais expriment clairement la honte ressentie à cause du dépôt tardif de la déclaration de guerre par les diplomates… une heure après le début de l’attaque sur la base américaine.

Mais c’est envahissant !
« Justement, envahissons les Philippines ! »

Foin de la relecture de l’Histoire. Attaquons Pearl Harbor. Cette opération est très longue, intense et… jolie !

Hawaï Kawaï

Les unités et les paysages sont dessinés avec des couleurs vives, l’eau est animée, ainsi que les explosions. Les avions touchés laissent échapper des panaches de fumée. Les unités sont assez différenciées, et un côté jouets ajoute un plus à l’expérience, sans sacrifier aux informations tactiques. Le relief est bien rendu par exemple. A noter que c’était déjà un des points forts d’un autre titre développé par Starni Games et disponible sur Steam, Panzer Strategy. Ces deux wargames ont beaucoup en commun d’ailleurs.

A l’aube, un de mes sous-marins rentre dans le port ennemi.

Dans Strategic Mind : The Pacific, chaque navire est défini par ses PV, ses points de coque et les autres. On observe donc des bâtiments qui se retrouvent diminués dans un domaine précis. Ils seront par exemple moins rapides (moins de déplacement dans un tour), moins meurtriers (puissance de feu diminuée), ou… en train de se désagréger tour après tour si la réparation n’est pas mise en oeuvre. Un porte-avions peut avoir le pont d’envol abîmé, avec des conséquences pour ses escadrilles.

Chaque navire possède sa fiche qui décrit toutes ses caractéristiques : PV, composants…

Ainsi vous pouvez, avec certains de vos appareils, déclencher une attaque en piqué. Elle permet de décider si elle sera « ordinaire » (je tente de percer le pont, la coque), ou ciblée sur le canon principal, secondaire, l’anti-aérien etc.

Certaines attaques offrent un choix d’options.

L’IA cible aussi certaines de ces attaques. Et le jeu est punitif ! La sauvegarde automatique vous permet de reprendre juste avant votre dernière gifle.

Dogfight lié, soutien, usage du sonar, reconnaissance, débarquement… La liste de tous les mécanismes de combat serait trop longue à détailler. Cette richesse des options disponibles pour chaque type d’unités entraîne deux conséquences : une couche de complexité conséquente et son corollaire : la nécessité de s’investir.

Mon résultat sur Pearl Harbor a été mitigé-bon : j’ai détruit la flotte américaine présente, l’aviation (notamment les B-26 qui ont attaqué mes porte-avions ?) mais j’ai eu des pertes lourdes sur mes escadrilles de bombardement… ça me manquera pour la suite. Par contre, je me suis bien amusé avec mes 4 sous-marins dans la rade. Je gagne donc des points.

Bilan après la bataille. Mes bombardiers sont au fond de l’eau.

La campagne enchaîne les opérations, et permet d’utiliser ces points pour améliorer ou acheter des unités en modernisant des composants (coque, armement, radar, moteur…). Ces unités pourront aussi être upgradées directement en fonction des progrès technologiques militaires en cours de conflit.

J’ai des points à dépenser pour customiser mes forces. Je cache ma joie.

On prend donc la casquette du stratège dans son QG, on avale la suite des cinématiques…

Une vidéo récompense

… et on prépare la prochaine opération. En se plaignant parfois des caprices déraisonnables de l’Etat-Major.

Remember : War never changes

Les missions sont scriptées avec un nombre limité de tours, comme dans Unity of Command et d’autres wargames. Ce choix offre une re-création de la réalité historique, poussant l’attaquant que vous êtes à engager comme jamais, l’œil fixé sur le compteur de tours, au lieu de pouvoir se lancer dans une tactique alternative plus prudente. C’est donc une guerre assez directive, ce qui peut ne pas satisfaire les fans de tactique qui se plairaient à essayer des options différentes.

La liberté tactique et l’offensive à son rythme ne sont pas accessibles ici. Encore une fois, on retrouve ce choix dans de nombreux wargames.

Autant je répète que le jeu est joli et permet même de suivre les déplacements d’unités en « vue embarquée ou presque », autant il faut reconnaître que « le clic gauche qui fait tout » n’est pas un bon choix.
La sélection de l’unité n’est pas super intuitive, il y a la peur de miscliquer
en particulier si plusieurs unités sont présentes sur un hexagone : plutôt pénible de sélectionner la bonne.

Pearl Harbor à l’heure de pointe… Il faut être précis pour la sélection des unités.

Strategic Mind : The Pacific satisfera le wargamer exigeant et pointu qui aime lancer ses fantassins à l’offensive après avoir bombardé avec ses croiseurs ou ses avions, mais qui est aussi intéressé par la gestion de ses forces au niveau plus global.

Il demande un apprentissage de nombreux mécanismes qui apportent une grande richesse tactique, face à une IA plutôt forte, et des situations tactiques intéressantes et compliquées, celles de la guerre dans le Pacifique, moins représentée dans le Wargame que son pendant en Europe.

C’est un jeu à fort potentiel et qui est unique dans sa catégorie, mais qui s’appréciera après des heures d’apprentissage.

Genre : Wargame, Stratégie, Tactique

Développeur : Starni Games

Éditeur : Starni Games

Date de parution : 25 octobre 2019

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur