Retreat to Enen

Déjà repéré depuis quelques conférences, Retreat to Enen m’avait intrigué. Il s’agit d’un jeu d’exploration et de survie se déroulant dans un futur assez lointain. Bien sûr, si vous suivez ce genre de jeux, vous vous doutez qu’il n’y a pas que ça. Base building, crafting, farm sont des mécaniques secondaires classiques du genre. La question est toujours de juger la pertinence d’une telle formule. Retreat to Enen nous introduit donc son concept avec un propos écologique.

Après avoir frôlé l’extinction, l’Humanité a changé de façon de faire et a adopté un mode de vie bien plus proche de la Nature. La Terre guérit petit à petit et nous incarnons un de ces nouveaux humains. Vous devez accomplir un rite de passage, qui consiste à faire suffisamment de trucs pour comprendre comment vivre en harmonie sur notre planète bleue.

Ce rite consiste à trouver des lieux de méditation dans des ruines. Il y en a 3 par biome et il y a 3 biomes, ce qui fait 9 lieux à trouver au total. Chaque biome a ses spécificités, conditions climatiques, bestioles et divers obstacles à surmonter.

On commence ainsi avec une phase de tutoriel, assez détaillé sur l’appréhension de l’environnement et des différentes actions possibles. Un peu trop, car il est assez facile de sauter une étape sans s’en rendre compte. À force d’interagir avec des trucs, j’ai raté certaines étapes qui étaient importantes, sans le savoir. Cela a entraîné quelques déboires dans mon apprentissage, dommage pour un tutoriel.

J’ai même réussi à mourir en me faisant empoisonner, mais sans avoir eu le temps que l’on m’explique les différents procédés liés à la survie. Un poil frustré j’étais, mais en insistant un peu, j’ai trouvé comment produire un anti-venin pour les futures parties.

Le contenu est assez sommaire au début. Un feu de camp, un bête abri en feuilles, deux trois trucs à becter. On sent qu’il faut un peu de temps avant de construire un semblant de base. La gestion de l’aspect survie est basique. Un peu ennuyeux même. C’est une contrainte sans être un poids.

Il est plutôt simple de se sustenter, il n’y a pas de notion de dégradation de la nourriture ou de ressources limitées, rien qui n’ajoute de piment dans l’expérience quoi. Cela dit, c’est à priori l’intention du studio qui souhaite proposer une aventure relaxante plutôt qu’un challenge de survie.

En guise d’originalité, on peut mentionner une jauge additionnelle, qui représente le pouvoir quantique de notre personnage. Cela lui permet de casser des rochers pour récupérer des ressources précises. On recharge cette jauge en méditant dans des sortes d’abris du futur. Bien qu’expliquée dans le lore du jeu, c’est une mécanique bien complexe pour juste récupérer des ressources.

Là où le jeu propose quelque chose d’appréciable, c’est dans l’exploration. Retreat to Enen utilisant l’Unreal Engine, on a droit à de très agréables effets visuels. La carte n’étant pas générée de manière procédurale, on bénéficie de nombreux points de repère pour se situer sur l’île, habilement placés. C’est ce compromis entre exploration et orientation que je trouve plutôt réussi. On est perdus dans un premier temps et on apprend petit à petit à se repérer. Avec la construction, vous pouvez placer des drapeaux pour ajouter vos propres repères.

Pas de carte cela dit, genre, pas du tout. C’est un choix de gameplay radical et que je qualifierais de non pertinent, compte tenu qu’on est dans le futur. Ce n’est pas parce qu’on a décidé d’adopter un mode de vie plus cool qu’on a abandonné la cartographie. Cela dit, j’imagine que ce choix a été fait pour éviter de révéler la taille réelle de chaque biome que je soupçonne plus petite qu’on ne le ressent.

Le premier biome nous embarque dans une île luxuriante, avec plein de feuillages qui planquent parfois des saloperies. Cela nous oblige à nous déplacer avec une certaine prudence et c’est plutôt logique dans ce contexte.

Retreat to Enen propose un peu de base-building. Suffisamment pour avoir de quoi s’occuper un bon moment. Le système est assez basique, vous pouvez poser les choses à même le sol comme un malpropre ou bien faire des jolies fondations et faire des murs, en bonne personne civilisée.

Quelques défauts néanmoins, car les choses coûtent cher, et le farm est assez laborieux. Toutefois, la base avance assez vite pour que ce ne soit pas frustrant non plus. La construction d’un camp n’est cependant pas tellement obligatoire, c’est juste une feature pour s’amuser un peu plus longtemps.

Passons quelques instants sur l’interface. Dans ce genre de jeu, vous passez pas mal de temps à jongler entre les différents menus pour crafter toujours plus de trucs et c’est primordial d’avoir une interface bien fichue.

Eh bien ce n’est pas le cas ici. Les menus se voulant futuristes, probablement comme interface diégétique, ils sont peu pratiques et naviguer entre les différentes sections est un apprentissage pénible. Du genre un clic droit pour revenir dans le menu, ce n’est pas hyper conventionnel et on se rate suffisamment souvent pour que ce soit frustrant.

Sans son concept écolo, Retreat to Enen est un énième jeu fourre-tout où l’on retrouve pêle-mêle plein de mécaniques justifiant plusieurs dizaines d’heures de jeu. On sent que le studio est encore tout jeune, de nombreuses imprécisions techniques viennent gâcher l’expérience relaxante souhaitée. Des animations pas toujours jolies, votre personnage qui fait un AVC à chaque coup de lance, une interface à revoir, des options de jeu un peu trop limitées…

C’est difficile de vous le recommander en l’état. L’intention et le propos sont bons, mais l’exécution est encore trop juste. Peut-être que dans quelques patchs ? Avec les retours des joueurs pour corriger les bugs, une localisation française et plus de diversité, cela peut devenir une chouette aventure rapidement !

Site officiel
Sortie : 01 août 2022
Développeur : Head West
Éditeur : Freedom Games
Disponible sur Steam
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur