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Miasma Chronicles

Je n’ai pas eu l’opportunité de jouer à Mutant Year Zero : Road to Eden. J’en ai lu beaucoup de bien, l’univers m’attire tout comme le genre mais que voulez-vous, la vie et le dressage l’intégration de Cekter m’ont pris tout mon temps. Mais pour Miasma Chronicles, le nouveau titre de The Bearded Ladies, j’ai confié notre dernière recrue en date à Ruvon – une décision que je regretterai à coup sûr – et je me suis lancé, conquis dès les premières images par la direction artistique.

Non mais regardez moi ces captures. C’est sombre, désespéré, beau. Ça donne envie de se cacher dans un coin et de se rouler en boule. Ah tiens, comme Cekter à qui Ruvon montre comment survivre avec deux épluchures de banane. Vous allez donc incarner – au début – Elvis et son robot Diggs dans leurs péripéties post-apocalyptiques qui les verront tenter de retrouver la maman d’Elvis, enquêter sur la mystérieuse Première Famille et lutter contre des hommes-grenouilles.

Sans oublier les inévitables pillards. Le tout en essayant de comprendre les fameuses Miasmes, que le gantelet d’Elvis semble capable de domestiquer. Le moins que l’on puisse dire c’est que les développeurs se sont fait plaisir avec le scénario et qu’ils ont laissé libre cours à leur imagination, ce qui est rarement le cas dans un tactical.

Parce que oui, comme son aîné, Miasma Chronicles est un tactical tout ce qu’il y a de plus classique. Avec une direction artistique à tomber, mais classique tout de même. Enfin je dis ça et il y a tout de même pas mal de petits détails originaux qui rendent l’aventure, et la montée en puissance de votre équipe, fort intéressante.

Les débuts dans Miasma Chronicles sont intéressants. Plutôt que de vous balancer un tutoriel inintéressant et vite oublié, les développeurs ont préféré rajouter les nouveautés petit à petit : mods pour vos armes, opportunités pré-combat, maîtrises des pouvoirs miasmatiques, tout est finement intégré et chaque couche de gameplay se mêle fluidement aux précédentes.

Dans les faits, vous allez gérer pas mal de choses, sans pour autant que cela ne devienne fastidieux. Tout d’abord, chaque personnage gagne de l’expérience qu’il pourra dépenser dans un arbre – un buisson dirons-nous vu sa taille – de compétences pour le spécialiser. Ensuite, chaque arme équipée peut accueillir plusieurs mods, que ce soit pour améliorer sa précision ou encore ses dégâts critiques.

Jusque là, rien de bien neuf. Mais vous pourrez aussi équiper chaque personnage de Noyaux permettant de booster une compétence. Rajouter à cela la possibilité de modder les pouvoirs miasmatiques d’Elvis pour par exemple avoir une chaîne d’éclairs qui électrocute, vole des crédits et soigne le lanceur.

Rien d’extrêmement original donc, surtout comparé à cette fabuleuse direction artistique dont je ne suis pas sûr de vous avoir déjà parlé, mais du très efficace. A l’image des combats d’ailleurs. En effet, si dans Miasma Chronicles vous vous promenez comme dans un Hack n’ Slash, quand vous arrivez à proximité d’une zone occupée par des ennemis, vous avez la possibilité de tendre une embuscade. Cela veut dire déclencher le combat au moment où vous le désirez.

Oui, vous pouvez donc déployer vos héros comme bon vous semble pour être le plus mortel possible. Encore mieux, il est possible – si vous avez une arme avec silencieux – de vous débarrasser en un tir des ennemis isolés. Il faudra bien entendu que la mort se passe loin des yeux des autres ennemis, mais comme il est possible de lancer des bouteilles vides pour attirer chaque adversaire au loin…

On prend donc rapidement le réflexe de faire d’abord le tour de la carte en mode furtif, pour d’une part récupérer tout ce qui peut l’être et d’autre part pour repérer les ennemis et la disposition des lieux. On élimine les ennemis isolés, on ventile ses troupes en cherchant les meilleurs couverts – qui sont bien entendus gérés, tout comme les prises à revers – et quand on est prêts on déclenche les hostilités.

Cette approche est gratifiante et tactique et pousse le joueur à exploiter au mieux son armement et l’environnement (oui il y a des tonneaux explosifs, que serait un jeu vidéo sans ça). Les ennemis ont bien entendu un comportement différent selon leur classe et surtout leur race et si l’IA n’est pas la meilleure du monde, les combats restent tendus, surtout que les héros ne récupèrent pas tous leurs points de vie entre deux combats et que les médikits sont rares au début.

Il faut donc s’appliquer et exploiter au mieux les quelques actions possibles à chaque tour. A ce propos, il est appréciable de pouvoir interrompre le tour d’un personnage (chacun dispose de deux points d’action) pour en faire agir un autre. Cela offre une flexibilité tactique assez impressionnante qui compense un peu le classicisme des combats.

Il est aussi possible de se faufiler un peu partout pour récupérer un maximum de loot avant de s’éloigner pour revenir lorsque l’on a atteint un niveau suffisant – le jeu est assez gentil pour nous prévenir quand on est trop faible. Fuir pour combattre un autre jour…

Techniquement, il est à noter que le jeu est très propre. Les doublages en anglais sont parfaits (Diggs est un régal à écouter), même si Elvis est parfois tête à claques, les bruitages corrects et les graphismes à tomber à la renverse. Je n’ai pas vraiment eu de bugs, juste quelques téléportations de personnage quand on sépare les membres du groupe sur de trop longues distances, mais je me demande si ça n’est pas voulu. Une copie quasi parfaite de ce côté-là donc et cela fait plaisir après les catastrophes techniques de ces dernières semaines.

Miasma Chronicles est très original et classique à la fois. Ses combats sont du pur tactical, sans fioritures, ses niveaux sont découpés en zones assez étroites. Mais la direction artistique – oui encore elle ! – fabuleuse, l’histoire prenante et l’approche pré-combat font qu’à chaque fois que j’ai lancé le jeu, je n’ai relevé la tête que très longtemps après. C’est efficace et immédiatement gratifiant, les différents niveaux de difficulté et de tactique (plus ou moins grande influence du hasard dans la résolution des tirs) permettent d’avoir une expérience personnalisée et d’offrir à chacun une expérience à son goût. Notons aussi que la rareté des ressources oblige à beaucoup de choix cornéliens et empêche de tomber sur le syndrome du « je roule sur tout le monde au bout de quelques heures ».

Si vous êtes fan de tactique alors n’hésitez pas, Miasma Chronicles est pour vous. La durée de vie semble correcte – surtout si vous vous amusez à fouiller chaque zone et à remplir chaque quête secondaire – et le jeu est annoncé comme étant compatible Steam Deck, ce qui fera plaisir à ses possesseurs. Le monde original, la préparation des combats et le casting vous feront très facilement oublier ses menus défauts. Je pense aussi que Mutant Year Zero vient de faire un bon vers le haut dans ma pile des jeux à essayer…

Genre : Tactical

Développeur : The Bearded Ladies

Editeur : 505 Games

Date de Sortie : 23 Mai 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...