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Men of War 2

Débutée en 2004 avec Soldiers: Heroes of World War II, la série Men of War est assez particulière dans le (maintenant) petit monde du STR : plutôt que d’offrir au joueur la possibilité de se faire massacrer des centaines d’unités, elle le place aux commandes d’une poignée de soldats qu’il va falloir micro-manager. La recette a fait ses preuves, avec un Assault Squad 2 dantesque en 2014 (un temps où Baalim avait encore quelques cheveux) et une communauté active entièrement dévouée à la franchise. Le défi était donc bien là pour Best Way avec ce nouvel opus, sobrement nommé Men of War 2.

Comme je vous le disais, la série Men of War s’est toujours illustrée par son côté exigeant où il faut faire avec le peu qu’on vous donne. Men of War 2 ne déroge pas à la règle et pousse même le curseur un peu plus loin. Du moins est-ce mon ressenti mais je soupçonne que mon grand âge et mon manque affligeant de réflexes aient une grande part à jouer.

Situé pendant la deuxième guerre mondiale, comme quasiment tous les épisodes de la série, Men of War offre de nombreuses campagnes jouables en solo : allemands, russes ou américains, le choix est classique, trop classique même. J’aurais aimé la bataille de France ou d’Afrique du Nord – croisons les doigts pour les avoir en DLC – parce que l’opération Overlord commence à sentir un peu le réchauffé.

Vous allez donc suivre chaque campagne en gérant vos troupes et en suivant l’histoire du bataillon incarné dans une série de missions que vous allez mettre un bon moment à boucler. Parce que figurez-vous que Men of War 2 n’est pas vraiment un jeu casual. On est même du côté très exigeant.

Tout d’abord parce qu’énormément de détails sont pris en compte. Les munitions ne sont pas infinies, les fantassins peuvent récupérer l’équipement abandonné, vous pouvez vérifier l’emport et la dotation de chaque unité, chaque véhicule. Oui je vous parle bien d’un STR et non pas un wargame au tour par tour !

Il faut donc gérer très précautionneusement chaque petit fantassin, chaque char afin de ne pas les envoyer à une mort assurée. Qui arrive bien souvent en une fraction de seconde, parce que vous n’aviez pas vu ce canon anti-char embusqué ou cet observateur d’artillerie.

C’est de ma faute, je ne vous ai pas parlé de la gestion des postures de l’infanterie et des armes collectives, qui peuvent s’allonger ou se camoufler (même se retrancher si vous êtes joueur). Il faut donc avancer méthodiquement, jouer avec les lignes de vue et aussi – et surtout – les portées. C’est éprouvant, c’est difficile mais qu’est-ce que c’est gratifiant quand on finit une mission.

Les plus anciens fronceront tout de même les sourcils : pour un titre comme cela, exigeant au possible, détaillé comme jamais, n’aurait-il pas été judicieux de mettre une pause active ? J’ai envie de vous hurler que oui, mille fois oui, Men of War 2 devrait proposer une pause active en solo. Pour que ceux qui n’ont pas des réflexes de poulpe puissent quand même s’amuser. Qu’on puisse prendre le temps de monter de belles offensives plutôt que de parer au plus pressé.

Surtout que pour une fois les portées sont réalistes et vous vous ferez régulièrement détruire votre beau Panzer par un ennemi embusqué plusieurs écrans plus loin. Oui, oubliez les STR qui ne laissent les chars tirer qu’à 20m ! Il faut constamment jongler avec les différentes vues de la caméra et avoir conscience du relief et des obstacles. Difficile en solo, terrible en multijoueur où le moindre moment d’inattention se paie cash.

Men of War 2 est beau, comme rarement un STR l’a été. Et surtout détaillé, dans ses mécaniques comme nous l’avons vu, mais surtout dans ses environnements. Tout est très réaliste, le moindre détail parfaitement modélisé et on a presque honte d’envoyer un obus dans les maisons !

Mais Men of War 2 a quelques défauts, qui lui valent une volée de bois vert : l’obligation de jouer en ligne, même en solo, est le principal reproche qu’on peut lui faire et à cela je rajouterais l’interface qui est tout sauf claire et pratique. Il y en a partout, à droite, à gauche, on se perd assez vite et comme il n’y a pas de pause qui permettrait de tranquillement se débrouiller, on se prend les pieds dans le tapis. Ça s’atténue avec le temps mais ça reste encore très perfectible.

Si certains utilisateurs se plaignent de petits bugs ici et là, je n’ai pour ma part rien remarqué de bloquant ou gênant. Chanceux sûrement, en tout cas cela tourne parfaitement et j’espère qu’il en sera de même pour vous ou que les développeurs finiront de passer du polish.

Parce que oui, je vous conseille Men of War 2. Oui pour moi le manque de pause active est un énorme défaut, ceux qui préfèrent l’expérience exigeante peuvent tout à fait ne pas l’exploiter, mais ceux qui aiment prendre leur temps auraient pu passer des moments plus intéressants. Et en plus, quel intérêt d’avoir un tel niveau de détail dans un jeu si ce n’est pour pas l’exploiter au mieux ? Mais l’un dans l’autre, c’est un excellent STR, brillant en solo, intense en multijoueur avec un système de progression très bien fichu.

Si l’obligation de jouer en ligne n’est pas un souci pour vous et que vous aimez les challenges et le multijoueur alors foncez. Le titre est encore un peu brut sur les angles mais les développeurs vont continuer à travailler dessus et rester à l’écoute de leur communauté comme ils l’ont toujours fait.

Genre : STR

Développeur : Best Way

Editeur : Fulqrum Publishing

Date de sortie : 15 Mai 2024

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...