Irem Collection Volume 3
Et nous voilà repartis à bord du grand train de la nostalgie avec un nouvel épisode des compilations dédiées au développeur IREM qui a fait les belles heures des salles obscures et des consoles de salon dans les années 80 et 90. Pour ceux qui s’en souviennent, j’avais déjà eu l’occasion de tester une compilation précédente qui comprenait notamment les deux épisodes de la série Gunforce. Voilà, vous avez tout compris, vous pouvez vous reporter à ce test en imaginant la nouvelle compilation car c’est absolument la même chose. Peu de paramètres disponibles, un choix limité à trois titres et basta.
Bon, ne soyons pas mauvaises langues et reconnaissons tout de même à l’éditeur le mérite d’avoir choisi des titres plutôt emblématiques d’un catalogue par ailleurs pratiquement irréprochable. Ainsi, cette compilation Irem Collection Volume 3 comprend le très atypique Mr Heli ainsi que le classique Dragon Breed et son gimmick repris par d’autres jeux depuis lors.
Je ne vous cache pas que le troisième jeu de la compilation, Mystic Riders, avait laissé moins de souvenirs dans ma mémoire. En dehors l’aspect bassement économique qui revient à s’interroger sur la pertinence d’une compil’ retrogaming réduite à trois jeux, quand bien même contiendrait-elle les versions japonaises et américaines des titres ainsi que la version PC Engine de Mr Heli, on peut se demander si ces jeux ont suffisamment bien vieilli pour intéresser d’autres joueurs que les retrogamers.
Commençons donc par le plus symbolique et atypique des trois jeux pour répondre à cette épineuse question. Maître absolu du shoot’em up, IREM ne peut pratiquement rien louper durant son âge d’or, entre 1987 et 1994 (au doigt mouillé et parce que je me fous bien de ce que dira Grok).

Qu’il s’agisse de la série R-Type, clé de voûte du genre tout entier, du magnifique In the Hunt qui préfigure les productions à venir de Nazca Corporation, futur créateur de Metal Slug, du furieux Ninja Spirit ou des surprenants jeux de plate-forme que sont Legend of Hero Tonma ou Hammerin’ Harry, IREM réussit pratiquement tout et avec le panache des plus grands.
La suite sera malheureusement moins glorieuse avec un passage à la 3D assez mal abordé malgré un très bon R-Type Delta sur Playstation, un désintéressement progressif du public pour les shmup et des coûts de développement en pleine inflation qui finiront par laisser le développeur sur le bas-côté. Mais revenons donc à Mr Heli. S’il s’agit en apparence d’un classique Shoot’em up, le gameplay du jeu développe une idée assez originale et amusante puisque votre hélicoptère est en permanence soumis à la gravité. ce qui revient un peu à fusionner R-Type à Lunar Lander.

Ajoutez à cela que votre petit hélicoptère peut (doit) creuser les différentes parois pour y trouver des diamants qui lui permettront d’améliorer son équipement et vous avez là un shoot’em up assez différent de ce qui se trouvait sur le marché à l’époque. Et, bien évidemment, vous avez la fameuse touche graphique IREM, reconnaissable au premier coup d’œil avec des sprites tout mignons, de grosses explosions et une animation sans faille.
Toute la difficulté du jeu, bien corsée au demeurant, tiendra donc au fait de survivre aux multiples tirs des ennemis qui grouillent un peu partout à l’écran tout en maintenant le cap et ramassant tout ce qui peut l’être. Vous constaterez à l’usage que c’est loin d’être facile. Bref avec ses graphismes rondouillards et mignons (une constante chez IREM et, plus globalement chez les développeurs japonais des années 80/90), sa difficulté bien balaise et ses bonnes idées de gameplay, Mr Heli tient toujours son rang de classique de l’arcade.

De son côté, Dragon Breed, sorti en 1989, apparaît, de prime abord, plus classique. A dos de dragon un chevalier s’en va vaillamment tabasser tous ses ennemis en passant par plusieurs boss retors pour arriver jusqu’au classique écran de Game over, symbole de victoire absolue pour le gamer des années 80 qui squatte les salles d’arcade.
Visuellement, le jeu est très typé IREM et on ne peut que subodorer que nombre de développeurs allant plus tard bosser sur Gunforce ont également travaillé dessus. Là où le titre se montre bien plus inventif, c’est dans sa boucle de gameplay puisque votre chevalier peut parfois mettre pied à terre et utiliser son arme pour défaire ses ennemis tandis que son dragon a la particularité de ne pouvoir être blessé que par des tirs à la tête, le reste du corps lui permettant de se protéger, un peu à l’image du module de R-Type.

Notez également que le corps du dragon peut s’enrouler autour de notre héros, de manière à le protéger tout en fracassant tout et demi qui aurait de mauvais goût de se rapprocher un peu trop. Fait amusant ou bon gros parasitisme, Dragon Breed est sorti la même année que le Saint Dragon de Jaleco qui propose un gameplay très très semblable. Quoiqu’il en soit, la difficulté est, là encore au rendez-vous et le jeu conserve également de beaux restes.
Enfin il y a le troisième titre dont j’ai déjà oublié le nom et l’existence et pour lequel je vais être obligé de rallumer la console pour savoir de quoi je dois parler. De là à penser qu’il s’agit du vilain petit canard de la compilation, il n’y a qu’un pas que je vais allègrement franchir…et pourtant.

Mystic Riders est donc le troisième titre de cette compilation et il conviendra de le voir un peu comme le jeu le plus « grand public » des trois qui nous sont ici proposés. Avec son univers de fantasy, ses graphismes chatoyants et ses gros sprites tout ronds et mignons, Mystic Riders, sorti en arcade en 1992, donne un peu l’impression d’être la version plus enfantine et légère d’un shoot’em up estampillé IREM.
A tel point que c’est peut être le jeu IREM qui ressemble le moins à un jeu IREM. D’autant que sortent la même année R-Type Leo et Undercover Cops dont le lien de filiation ne permet d’entretenir aucun doute. Il me rappelle d’ailleurs un peu la partie shmup du Three Wonders de Capcom sorti un an auparavant. Pour autant, il ne faut pas de fier aveuglément au visuel. IREM est, en 1992, là pour faire du pognon et traumatiser vos poignets.
Si son existence même m’avait nettement moins marqué que Mr Heli et Dragon Breed (peut-être par la rareté des bornes d’arcade ou l’absence d’adaptation sur consoles de salon), le jeu ne démérite pas pour autant et n’a rien de honteux en comparaison. Ça reste du pur IREM : robuste, nerveux et joli et ça m’a plutôt fait plaisir de le redécouvrir même si, là encore, les années ont laissé des marques.
Pour autant, le jeu n’est pas sans qualité même s’il faut bien reconnaître qu’il reste moins mémorable que ses deux condisciples. Côté émulation, il n’y a rien à redire. Les trois titres tournent et sonnent parfaitement bien, du moins autant que dans mes souvenirs, mais il n’y a rien de bien étonnant compte tenu de l’âge des jeux et de la puissance de nos machines actuelles. Oui, je parle également de la Switch, c’est dire.
Alors, on achète ou pas ? Bien que je persiste à penser que l’éditeur ININ se fout un peu des joueurs en sortant, au compte-goutte, des jeux qui ont parfois figuré dans des compilations autrement plus généreuses et moins onéreuses (au hasard, Irem Arcade Hits de Dotemu ou la compilation Evercade), il n’en reste pas moins que les jeux IREM, même s’ils ont subi les affres du temps comme bon nombre de jeux 8 et 16 bits, restent suffisamment bons pour que les plus jeunes veuillent les découvrir et pour que les plus vieux puissent jauger la perte tragique de leurs réflexes d’antan. A vous de voir si le ticket d’entrée est trop élevé pour ce que cette compilation a à offrir.
Genre : Compilation retrogaming
Développeur : Tozai Games / IREM
Editeur : ININ Games
Date de sortie : 1er juillet 2025
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur