Conscript
Je n’attendais rien de Conscript. Pas dans le sens il va être nul je serai déçu, juste… je n’avais aucune info dessus, mis à part que l’histoire se passe pendant la première guerre. C’est ça le journalisme total mis en place chez Dystopeek par Baalim et vous savez quoi ? Si ça peut me permettre à chaque fois de tomber de ma chaise comme ce fut le cas ici, alors je valide totalement la méthode.
Dans Conscript, vous êtes un poilu pendant la bataille de Verdun. Oui ça craint mais non, ne vous en faites pas, vous n’allez pas devoir massacrer des dizaines d’Allemands en vue subjective. Non, c’est bien trop gentil ça. Là vous allez vous promener dans des tranchées, couvert de boue, et lutter pour votre survie à chaque rencontre.
Parce que non, Conscript n’est pas un jeu facile ni axé sur les combats. Lorsqu’il y en a, c’est avec un serrement au cœur qu’on sort la pelle de tranchée – ou le fusil à pompe s’il vous reste des munitions. Et qu’on fait avec la maniabilité, volontairement peu adaptée à l’exercice. Oui je sais cela fait bizarre de vanter ça, mais le parti pris de ne pas faciliter les combats pousse vraiment le joueur à les éviter ou à faire preuve d’inventivité.
Parce que Conscript n’est pas un jeu de combat, loin de là. C’est un jeu sur la mort, c’est clair. Elle est partout, avec des corps amoncelés autour de vous, des soldats blessés rampants vers vous en vous suppliant, ces notes désespérées que vous retrouverez ici et là. Si vous avez une âme sensible, je vous déconseille d’y jouer un soir d’hiver.
Conscript est un jeu d’exploration, basé sur l’espoir. Espoir de survivre tout d’abord, mais aussi de retrouver votre frère et d’aider vos compagnons d’arme. Mais pour cela il va falloir arpenter les forts et systèmes de tranchée de la région en large et en travers.
Il y a de quoi faire tant tout est labyrinthique (heureusement une mini-map est là) et se déverrouille au fur et à mesure de la progression. Gros atout, tout est vraiment thématique et rien ne semble plaqué. Des débris obstruent une tranchée ? Trouvez un canon bien orienté et un obus et zou !
Cela nécessite beaucoup d’aller-retours dans des environnements toujours glauques, où on reste à l’affût de la moindre incursion allemande, où on se cache et où surtout on essaie de mémoriser les lieux et les éléments dignes d’intérêt. Parce qu’on sait qu’on y reviendra…
Cela peut sembler fastidieux présenté comme cela mais grâce à une atmosphère fabuleuse, Conscript parvient à toujours nous surprendre et nous maintenir sur le qui-vive. Je suis loin d’avoir terminé la campagne à l’heure où j’écris ces lignes et je peux vous dire qu’il me tarde d’y retourner.
Si vous allez sur la fiche Steam du jeu, vous le verrez classé en Survival Horror. N’allez pas imaginer qu’il y a des monstres et autres machins surnaturels. Non, Conscript instaure la peur avec des éléments bien réels et extrêmement terre à terre : une brute qui vous poursuit pour vous égorger, une attaque au gaz alors que vous êtes à découvert, des rats vous refilant des maladies… Il y a de quoi faire et surtout de quoi satisfaire plusieurs phobies.
Et surtout… regardez ces captures. Regardez-moi cette direction artistique si originale, si personnelle. C’est bien simple, je ne comprends toujours pas comment les développeurs ont réussi à avoir un rendu qui prend autant aux tripes avec des graphismes comme ça.
C’est sombre, très pixellisé, on ne voit parfois pas très bien où on va, on farfouille des yeux le décor à la recherche du moindre indice, de la moindre cigarette (la monnaie du jeu) ou munition. L’interface est claire et simple, avec un inventaire injustement limité – un choix tellement judicieux – des points de sauvegarde épars obligeant à toujours rester prudent et ces combats… Une gâchette pour armer le bras (ou épauler l’arme), l’autre pour déclencher le coup. Sans pouvoir bouger. Tellement frustrant, tellement parfait dans ce jeu.
Vous l’avez compris, Conscript ne m’a pas laissé indifférent, c’est le moins que l’on puisse dire. Son ambiance sonore est oppressante, son histoire ne se dévoile que par bribes angoissantes, on passe du soulagement d’avancer à l’appréhension de tomber sur un nouveau danger.
Le titre tourne parfaitement sur SteamDeck, c’est d’ailleurs comme ça que je l’ai découvert avant de passer sur un grand écran et je pense que je préfère sur le Deck, recroquevillé dans un coin de canapé, la peur au ventre comme tous ces pauvres bougres ayant vécu un tel enfer.
Quasiment parfait sur le fond et sur la forme, avec un pitch original et une direction artistique qui l’est encore plus, Conscript ravira les amateurs d’exploration ou de Survival Horror bien stressants – on n’est pas non plus dans la peur – qui découvriront un titre proposant une grande richesse de contenu et plusieurs fins possibles. Chapeau bas Jordan Mochi et Catchweight Studio.
Genre : Aventure, Survie
Développeur : Jordan Mochi, Catchweight Studio
Editeur : Team17
Date de Sortie : 23 Juillet 2024
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur