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A Highland Song

Et si je partais de chez moi un beau matin histoire d’aller à l’autre bout du pays, rejoindre un oncle que je n’ai jamais vu, mais qui m’a envoyé des tas de lettres m’invitant à le visiter ? Si cette accroche nous semble totalement creepy, elle est pourtant le point de départ de A Highland Song, un jeu d’escalade narrative du studio indépendant anglais Inkle Ltd.

Est-ce que ça va être beau ? Oui. Est-ce que ça va être étrange ? Probablement un peu. Est-ce que c’est malsain ? Pas du tout. Tout ne sera que douceur, musique, poésie et panoramas grandioses.

L’aventure, c’est l’aventure

Dans A Highland Song, nous incarnons Moira McKinnon, une adolescente qui décide de partir de la maison de sa mère, perdue dans les montagnes écossaises et où elle s’ennuie fortement. Elle veut rejoindre son oncle, gardien de phare, et en profiter pour contempler la mer qu’elle n’a jamais vue. Celui-ci vient de lui envoyer une lettre « rejoins moi avant le soir de Beltan » qui a lieu dans sept jours.

Pour ce faire, elle doit littéralement aller par monts et par vaux, et traverser les Highlands écossais. Dans son périple, elle trouvera des sommets, des chemins, des grottes et des raccourcis. Elle rencontrera aussi des personnages étranges, parfois même du danger, mais ce sera surtout la musique qui la portera vers son but.

Le voyage sera difficile et il faudra essayer de se repérer en grimpant sur les sommets. Moira pourra également compter sur des cartes qu’elle trouvera en chemin, ou que son oncle lui aura envoyé. D’étranges phénomènes vont se produire autour d’elle, des voix, des sensations, du déjà vu. Moira devra également gérer ses repos au risque de se retrouver, sans trop comprendre pourquoi, loin de son objectif initial.

Le pic de Dante

Le jeu est en scrolling horizontal et en fausse 2D. La profondeur existe, mais elle n’est présentée que comme une succession de couches. Chaque élément de décor est peint à la main et rend le paysage absolument magnifique. Si Moira ne se déplace que sur un plan à la fois, elle peut passer de l’un à l’autre en sautant ou en trouvant des raccourcis au sein d’un panorama immense et écrasant. L’alternance de la caméra, qui s’éloigne ou se rapproche, renforce la sensation de petitesse de notre héroïne, ce qui rend chaque avancée encore plus satisfaisante.

A Highland Song est également d’une fluidité impressionnante, la caméra virevolte et la maniabilité y est excellente. S’il n’y a pas de temps morts à proprement parler, le fait de devoir se reposer régulièrement, ou de devoir trouver un abri pour la nuit, crée un rythme et des pauses bienvenues dans une progression plutôt dense.

En effet, et contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer pour une histoire principalement narrative, on reste très concentré pendant qu’on joue. Se repérer, et surtout repérer les points d’intérêt (condition indispensable à la progression de Moira) demande pas mal de concentration, les cartes n’étant pour la plupart pas « exactes ».

La musique dans la peau

Une part très importante du jeu, et heureusement vu le titre, est la musique. Le compositeur principal est Laurence Chapman, un artiste qui a composé les OST de certains titres de Inkle Studios, comme par exemple Heaven’s Vault, 80 Days ou Pendragon. Il a également composé pour la télévision anglaise. Il est rejoint dans A Highland Song par Talisk et Fourth Moon, deux groupes écossais de la scène folk qui apportent richesse, diversité et inventivité au jeu.

Non seulement la musique sera omniprésente et vous accompagnera tout au long de votre périple, mais elle permettra également à Moira, à certains moments, de parcourir des distances incroyables. En effet, à certains endroits clés, Moira se mettra à courir, le jeu d’exploration se transformera alors et il vous faudra sauter au bon moment, accompagné par les morceaux des groupes sus-cités.

Contrairement à beaucoup de jeux de rythme où la précision est importante, A Highland Song reste très permissif et autorise pas mal d’écarts sur la mélodie à suivre. De la même façon, un trop grand nombre d’erreurs ne mettra pas fin à votre partie, mais uniquement à la course de Moira. Une course réussie, au-delà du plaisir d’avoir entendu un superbe morceau, lui apportera une plus grande résistance (basiquement plus d’endurance) pour la suite de son périple.

Braveheart

A Highland Song est un jeu de niche qui ne plaira pas à tout le monde. Son esthétique très particulière est proche de ce qui a pu être réalisé sur Book of Travels (encore un jeu d’exploration) de chez Might & Delight. Et la particularité, on le sait, peut dérouter. Toutefois, il serait dommage de passer à côté de ce jeu et de ses trouvailles tant narratives que ludiques.

Que ce soit pour ses graphismes, son histoire et, chapeautant le tout, sa musique ; le titre mérite d’être joué. Le gameplay est loin d’être inexistant, comme on peut parfois le craindre quand il s’agit de jeux narratifs. L’histoire est envoûtante de bout en bout. Même la rejouabilité est présente avec plusieurs fins et de nombreux lieux à découvrir (trop pour une première run).

Enfin, à moins d’être totalement allergique à la musique celtique, il sera difficile de ne pas être sous le charme de ses morceaux plus brillants les uns que les autres. En conclusion, A Highland Song est un jeu très particulier, qui n’est probablement pas fait pour tout le monde, mais il est un de ces jeux d’exception que je recommande chaudement.

Genre : Jeu d’escalade narrative

Développeur : inkle Ltd

Editeur : inkle Ltd

Date de Sortie : 05 dec 2023

Plateforme : PC, Mac

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

CekterDown

Fasciné par Sherlock Holmes et le mythe de Cthulhu, j'aime également la science-fiction et tout ce qui s'y rapporte, je ne réponds qu'aux superlatifs et ne désespère pas qu'on me voue un culte un jour. J'aime surtout m'entourer de gens plus talentueux que moi.