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Fallout Shelter: The Board Game

Oh oui j’ai hésité devant cette petite boîte métallique. Mon crémier me la vendait bien pourtant : « C’est Fallout Shelter, on y a tous joué sur smartphone. Là c’est pareil ! C’est Fallout ! ». Oui mais moi j’ai déjà plein de jeux avec pose d’ouvriers. Et puis je l’ai désinstallé de mon smartphone, moi ce jeu. Ça me bouffait trop de temps et j’oubliais mes mecs à l’extérieur ! Et puis… je me le suis pris. Honteux et impatient à la fois, j’ai agrippé cette petite boîte métallique, conscient de l’idiotie de mon geste mais incapable de me retenir. Alors, bien m’en a pris ?

Pour ceux qui l’ignorent, Fallout Shelter est à l’origine un jeu vidéo dans lequel le joueur doit gérer un abri et ses survivants, construire dans les profondeurs terrestres de nouvelles salles générant des ressources (électricité, nourriture, eau…) et surtout défendre l’abri contre les monstruosités hantant le wasteland. C’est casual, on envoie ses bonhommes travailler, on revient quelques heures plus tard récolter la production. Rien à voir avec les jeux de rôle dans le même univers mais ça reste un bon petit jeu pour vous occuper pendant les réunions au boulot aux toilettes.

Fallout Shelter le jeu de société prend ce concept et essaie de le retranscrire dans un Eurogame accessible au plus grand nombre. Oubliez A la Gloire d’Odin, Terraforming Mars et autres Project Gaia, on est là dans du jeu familial explicable en cinq minutes et jouable en moins d’une heure. Oui, même Machiavel réussirait à vous expliquer le jeu sans que vous ne commenciez à transpirer, c’est pour dire !

Le but du jeu étant de générer le plus de bonheur possible pour ses résidents, chaque joueur (qui est en charge d’un étage de l’abri) va devoir envoyer à chaque tour ses petits survivants dans les différentes pièces de l’abri pour récolter des ressources qui permettront ensuite de construire de nouvelles pièces à son propre étage. Le premier ayant bâti six pièces déclenche la fin de partie, chacun compte ses points de bonheur et… c’est tout, c’est aussi simple que ça.

Alors attention, il y a quand même quelques subtilités : chaque pièce n’a que deux postes de travail (le deuxième produisant moins que le premier, bien entendu), ce qui bénéficie bien souvent au premier joueur (comme d’habitude dans ce genre de jeu), il est possible d’entraîner les ouvriers pour qu’au tour d’après ils récoltent deux fois plus de ressources dans un domaine spécifique et à chaque tour sont générées des menaces à chaque étage. Ces ennemis (ou feu, ou panne) n’attaquent pas vos ouvriers mais les empêchent d’utiliser le poste de travail qu’ils ont envahi.

Pour s’en débarrasser, il suffit d’envoyer un survivant leur casser les rotules ou autres tentacules en faisant plus d’un certain chiffre avec deux D6. Pour les plus allergiques à la chance, il est possible de mettre toutes les chances de son côté, grâce à l’acquisition d’armes et autres armures, qui rajouteront 1 au résultat final ou vous permettront de relancer. Si vous échouez, pas grave votre bonhomme est blessé et au tour prochain il faudra l’envoyer à l’infirmerie pour le soigner.

Cette indisponibilité d’un tour est bien la seule contrainte qui est imposée et, honnêtement, elle ne pèse pas bien lourd. Parce que comme dans chaque jeu avec placement d’ouvriers, vous aurez vite compris que votre binôme de départ ne va pas suffire et qu’il va falloir recruter (jusqu’à 7 au total) le plus vite possible pour faire un maximum d’actions à chaque tour. Sauf que ce boost économique n’a aucune contrepartie et, malgré le thème du jeu, vous n’aurez pas à nourrir vos survivants. Les ressources ne servent qu’à la construction des salles, cela permet au jeu de ne pas s’encombrer d’une couche de gestion qui pourrait ralentir la partie ou complexifier le jeu. Encore une fois, on est dans du familial rapide, pas dans du velu.

Fallout Shelter manque donc cruellement de viande pour vraiment rassasier les amateurs de jeux complexes mais a beaucoup de points positifs. Le thème tout d’abord, est bien retranscrit : on envoie ses ouvriers travailler dans les mêmes salles que dans le jeu vidéo, on récupère des objets comme… dans le jeu vidéo, on agrandit l’abri en essayant de repérer ce qui génère du bonheur. Ensuite, le matériel est d’excellente facture et le packaging est parfait : une lunchbox métallique très compacte. Comme les goodies du… jeu vidéo ! Tout le reste est mignon tout plein et c’est aussi vite installé que rangé.

Les parties de Fallout Shelter sont donc rapides et plaisantes. Il n’y a pas vraiment de point bloquant, on repère les salles qui conviennent à la stratégie du jour, on essaie de cartonner les ennemis pour gagner des récompenses, on recrute toujours en priorité et on essaie d’envoyer nos ouvriers sur les meilleurs spots. Il n’y a pas de sanction, tout est positif : on se développe, on gagne du bonheur. L’eurogame popcorn par excellence.

Alors oui, les stratégies gagnantes sont assez vite trouvées. Oui, certaines salles sont vite inutiles et oui, on fait assez vite le tour du jeu si on enchaîne les parties. Mais le jeu est globalement agréable (et se prête plutôt bien aux extensions, croisons les doigts !) et un débutant, ou un réfractaire, aux placements d’ouvrier trouvera aisément son bonheur dans ces parties rythmées et courtes. Fallout Shelter ne s’adresse pas à tous les publics, c’est un fait, mais je pense qu’il a tout de même sa place dans n’importe quelle ludothèque, du moment qu’on sait avec quel public le sortir.

Genre : Placement d’ouvriers

Auteur : Andrew Fischer

Editeur : Fantasy Flight Games

De 2 à 4 joueurs

De 30 à 60 minutes

40€

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...