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Fate/Samurai Remnant

Un test de jeu vidéo n’est pas un exercice objectif. C’est toujours la rencontre entre un testeur et un jeu. Comme dans toute rencontre, il y a des choses qui nous plaisent, d’autres non, mais ce n’est pas un simple calcul binaire des bons et mauvais points. Il se passe forcément autre chose qui nous échappe et qui dépasse la simple balance de positif versus négatif. C’est exactement ce qui m’est arrivé avec Fate/Samurai Remnant, le dernier jeu de la franchise Fate.

Je n’ai qu’une vague notion de ce que représente cette franchise. J’ai vu une partie d’un anime sur Crunchyroll et j’ai fait quelques recherches pour cet article, mais c’est tout. Elle est restée dans un coin de ma tête en mode « il faudra que je m’y intéresse un jour ». C’est également une longue série de jeux vidéo et une encore plus longue d’animes. Se passant à toutes les époques et explorant quasiment tous les types de jeux (Visual Novel, Beat them up, Deckbuilding, JRPG, etc.), Fate a toujours accusé un certain retard en occident. C’est donc quasiment un événement d’avoir une sortie mondiale de ce nouvel opus.

Master and servant

Fate/Samurai Remnant est un action-RPG en vue à la troisième personne, tel que le genre se conçoit au Japon. Si vous avez joué à Yakuza Kiwami ou à Persona 5 Striker par exemple, c’est le même principe. Des déplacement sur une carte et dans des zones, des discussions avec des tas de PNJs et des combats, beaucoup de combats.

Le tout enrobé dans une histoire riche en rebondissements, des quêtes annexes, des niveaux, des compétences à débloquer, des tenues à découvrir, des armes… Bref, vous connaissez probablement le genre, et il est ici respecté à la lettre.

Alors de quoi parle ce nouvel épisode de la saga Fate ? Nous sommes cette fois plongé dans le Japon de la toute récente période Edo (1603-1868) en 1651, et nous incarnons Miyamoto Iori, le fils adoptif et disciple de Miyamoto Musashi (oui, lui-même !). Adepte de la voie de la paix dans un japon tout juste unifié, Iori va se retrouver bien malgré lui affublé d’un acolyte (Saber), et pris dans une bataille féroce opposant sept « maîtres » et leurs « servants » respectifs.

Cette bataille ayant pour enjeu le « rituel de la lune croissante », un événement qui verra le vainqueur s’octroyer n’importe quel vœu. Le champ de bataille étant la capitale du Japon (Edo qui deviendra la Tokyo actuelle), c’est au milieu de la foule que les affrontements vont avoir lieu, avec souvent des conséquences dramatiques pour les habitants.

En effet, si les « maîtres » sont des humains de cette époque, leurs « servants » sont des figures légendaires du passé ou de la mythologie, des créatures magiques aux pouvoirs délirants. Les combats entre les différents protagonistes seront donc extrêmement violent et leur rayon de destruction affectera des quartiers entiers. De plus, cette compétition à mort entraîne l’apparition de créatures monstrueuses un peu partout dans la ville, ce qui ajoute du chaos à la confusion.

Tout ceci force notre héros à s’impliquer encore plus dans l’aventure, et apprendre à se dépasser. Et je m’arrête là pour l’histoire, il serait dommage de trop vous en raconter et de vous spoiler. Sachez simplement qu’elle est très prenante et parsemée d’événements dantesques et de moments émouvants.

I feel you

Le gameplay de Fate/Samurai Remnant est tout à fait dans la tradition de ce genre de jeu. On va alterner entre des phases d’exploration/découverte de l’énorme ville d’Edo, des phases de dialogues/cinématiques avec l’intrigue qui se met en place, des phases de craft (très light, rassurez-vous.) où on améliore son équipement et sa maison, et surtout des phases de combat.

Le véritable cœur du jeu est le combat de nos deux protagonistes contre, il faut bien le dire, le monde entier. Très typés muso, ils se dérouleront la plupart du temps dans un espace dégagé de type arène, avec des dizaines de « chairs à canon » entourant un ou plusieurs « élites ». Si les péons ne seront là que pour vous chauffer les doigts et ne poseront pas de problèmes particuliers, les plus costauds pourront vous donner du fil à retordre.

Il en ira de même pour les boss, sans compter les affrontements avec les maîtres et les servants qui seront encore plus difficiles. Toutefois, rassurez-vous, on n’est pas sur du From Software et les combats restent agréables. En plus de faire avancer l’histoire, chaque victoire fait gagner de l’expérience et des matériaux. Ces matériaux seront nécessaires pour utiliser l’atelier dans votre habitation/planque. C’est grâce à cet atelier que vous débloquerez certains sorts et autres améliorations.

L’expérience quant à elle, vous fera gagner des niveaux et donc des points de compétences à dépenser afin de développer et de renforcer vos techniques de combat. Là encore, on reste sur du classique avec des grands ensembles de techniques spécifiques. Ce sera à chacun de trouver celle avec laquelle il a le plus d’affinité : rapidité, puissance, défense, équilibre.

D’un point de vue technique, le jeu est tout à fait satisfaisant. Il reste fluide quel que soit le nombre de combattants à l’écran, et même si parfois la caméra virevolte un peu trop, on s’y retrouve rapidement. Un travail très propre sur le sound-design permet également de se repérer sur les différentes attaques et techniques. Mais ce ne sont pas ses seules qualités.

World in my eyes

En effet, l’ambiance d’Edo est immédiatement posée, les rues sont animées, bruyantes. Les vendeurs vous interpellent, les gens discutent entre eux, des chiens aboient pour avoir des caresses (oui, on peut caresser les chiens, et même les chats !), les quartiers sont bien marqués les uns par rapport aux autres ; et le tout donne une impression de vie très agréable. La musique, présente et bien dosée, renforce encore la plongée dans ce Japon trop méconnu en Europe.

La DA, que je trouve personnellement superbe, s’approche des animes de la franchise pour former un tout cohérent vraiment plaisant. Il n’y a que très peu de différences entre les cut-scenes et le jeu proprement dit. Les transitions sont bien gérées et, encore une fois, tout est très fluide. Les solutions trouvées par le studio pour éviter tout problème de collision entre nos personnages et la foule arpentant les rues sont à la fois simples et élégantes : si vous allez rentrer dans quelqu’un, il disparait tout simplement pour réapparaitre derrière vous. C’est un pis-aller que certains pourront trouver maladroit, mais je le trouve pour ma part tout à fait réussi.

Il y a une grande générosité dans Fate/Samurai Remnant. Il y a pas mal de mécaniques à comprendre, mais pourtant tout passe particulièrement bien, tant le jeu nous accompagne à chaque étape et prend le temps de nous expliquer ses concepts. L’utilisation, très maligne là encore, d’un livre hanté permet au jeu de nous aiguiller, sans aucune subtilité certes, dans la bonne direction. C’est particulièrement utile dans les premiers chapitres.

Freelove

Au final je n’ai que peu de reproches à faire à ce jeu. J’aimerais juste préciser deux ou trois choses pour que vous ne soyez pas déçu. Tout d’abord, c’est un action-JRPG dans la plus pure tradition de ceux-ci. Le jeu peut sembler répétitif et avec quasiment pas de choix pour influencer la quête principale. Il y a du grind, des combats, des aller-retours, des objets à collectionner. Bref, si vous êtes allergique à ces éléments, passez votre chemin, ce jeu n’est pas pour vous.

De la même façon, le jeu a uniquement un voice-acting japonais (excellent d’ailleurs) et ne propose que l’anglais dans son interface et ses sous-titres (ou japonais évidemment). Donc là encore si vous n’êtes pas un minimum anglophone, méfiance. Enfin, j’ai testé le jeu sur PC. Il est disponible également sur les consoles, dont la switch. Si je n’ai pas de doute sur sa fluidité sur les consoles de dernière génération ; il conviendra de se méfier de la version Switch, Fate/Samurai Remnant me semblant un peu trop fourni pour la petite console de Nintendo.

Au-delà de ces quelques points essentiels à rendre en compte, le jeu a été une vraie claque pour moi. J’ai adoré me balader dans la capitale du Japon unifié en 1651, j’ai adoré me battre contre des démons issus du folklore, et j’ai au final adoré participer à cette aventure totalement inédite pour moi. Bref, de par ses qualités techniques, son gameplay, et sa qualité visuelle et sonore, je ne peux que vous recommander chaudement Fate/Samurai Remnant.

Genre : Action-JRPG

Développeur : KOEI TECMO GAMES CO., LTD.

Editeur : KOEI TECMO GAMES CO., LTD.

Date de Sortie : 29 sept 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

CekterDown

Fasciné par Sherlock Holmes et le mythe de Cthulhu, j'aime également la science-fiction et tout ce qui s'y rapporte, je ne réponds qu'aux superlatifs et ne désespère pas qu'on me voue un culte un jour. J'aime surtout m'entourer de gens plus talentueux que moi.