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Expeditions : Rome

L’Antiquité a toujours été une période fascinante pour moi. J’ai toujours regretté que cette période soit finalement peu représentée alors qu’elle a tout pour plaire avec ses guerres, complots, couteau dans le dos. A ce titre Rome, la série télévisée, aurait mérité quelques saisons supplémentaires, mais je m’égare. Qu’en est-il d’Expeditions : Rome ?

Tout d’abord, je précise que je connais la franchise Expeditions seulement de nom donc pas de comparatif avec les autres. Je ne suis pas trop difficile : tour par tour, Antiquité et jupettes à franges me font signer direct. Expeditions: Rome va un peu loin en proposant d’incarner un membre d’une famille noble romaine. Manque de chance, toute la famille a vu un glaive de trop près et il ou elle (bonne idée sur le papier) doit fuir en Asie Mineure pour sauver sa peau et se venger si possible. Le point de départ n’est pas très intéressant, mais offre la possibilité de choisir son genre (homme ou femme), sa classe, son « caractère » pour influer sur les dialogues.

A ce stade, j’étais vendu à l’idée que cela influerait beaucoup sur ma partie de prendre une femme (ce que je fais dans tous les jeux quand c’est possible) typée guerrière avec un talent de persuasion se basant sur son intellect. J’ai très vite déchanté, non pas parce que je ne pouvais pas choisir de la rendre la plus laide possible (ce que je fais pour tous les personnages que j’incarne quand je peux) avec un pouvoir de séduction hors norme, mais parce que le fait d’être une femme ne pose jamais vraiment problème et que les dialogues offrent peu d’espace pour le trait choisi en début de partie. Passé cette déception, le jeu s’articule autour de plusieurs axes de gameplay.

Premièrement, les phases de dialogues permettent d’en connaitre plus sur la période en cours et les personnages. S’ils sont bien écrits, ils ne transcendent pas le jeu par la possibilité de faire des choix. Le trait choisi en début de partie ne m’a quasiment pas servi, sauf pour une mission secondaire. Une volonté, selon moi, des développeurs de ne pas offrir trop de choix artificiels au joueur. Il y a bien quelques choix qui vont modifier le rapport que vos troupes auront avec vous : certaines factions approuveront et d’autres non. Cela ne se fait pas assez sentir pour donner l’impression d’avoir un impact durable. Pour autant, il appartient au joueur de « guider » sa destinée, le jeu rappelant à travers les autres personnages que vous êtes celui qui décide.

La promotion éclair du personnage incarné par le joueur se justifie pour un jeu vidéo, mais donne plus envie de sourire qu’autre chose. La notion de temps est abordée dans la phase d’exploration, mais pas suffisamment dans ce genre de situations, ce qui donne une impression étrange. Tu fais cramer un port et tu deviens un legatus avec des centurions, des légions sous tes ordres tout en étant une femme. Niveau crédibilité, on a vu mieux même en jeu vidéo.

Deuxièmement, après notre promotion le jeu nous offre un camp à gérer avec ce que cela suppose de bâtiments à construire, à améliorer et de troupes à recruter, gérer et nourrir. Et là, il faut reconnaitre que l’ergonomie du jeu est très agréable. Les menus sont clairs et les actions possibles suffisamment détaillées pour ne pas se perdre en sous-menus. Par exemple, il est très facile de changer l’équipement d’un personnage en cliquant simplement sur l’objet que l’on souhaite échanger. Cela peut paraître anecdotique, mais rien que la possibilité de choisir en un clic son équipement rend ce passage obligé bien plus agréable pour moi. Attention à bien choisir ce que l’on équipe puisque les personnages ont des classes bien définies. L’aspect gestion est simple sans être simpliste.

Troisièmement, Expeditions: Rome invite le joueur à se déplacer sur une carte afin d’atteindre des objectifs. La bonne idée du jeu étant de retranscrire le temps de déplacement avec l’obligation de nourrir les troupes. A l’usage, c’est anecdotique puisque l’on ne manque jamais de rations. Autre petit plus, ce sont les évènements aléatoires. En effet, il peut arriver que le déplacement d’un lieu à un autre soit contrarié par un ou plusieurs évènements qui vous donneront des choix.

Clairement anecdotique, mais toujours plaisant de rajouter ces petits éléments pour donner un peu plus de corps à un passage vite ennuyeux en temps normal. Il ne faut pas s’attendre à des moments épiques. Par exemple, mon premier évènement a été la découverte d’un camp abandonné et je devais choisir entre le fouiller (pour ne pas dire piller) et passer mon chemin. C’est totalement dispensable, mais cela rajoute à l’immersion.

Quatrièmement, le jeu offre aussi la possibilité de participer à des batailles avec des armées sans participer directement. On se comporte plus comme un chef militaire qui doit définir sa stratégie afin de savoir ce que l’on est prêt à sacrifier. De prime abord, cela m’a semblé une bonne idée pour varier le gameplay et ça fait le job. On recrute des centurions qui vont commander et il faut choisir les plus aptes pour gagner la bataille. C’est facile à prendre en main et ça permet de proposer autre chose que des combats tour par tour avec seulement quelques personnages.

Cinquièmement, la partie combat en tour par tour. Au début, on ne choisit pas son équipe, mais le jeu propose un groupe bien équilibré avec des classes plutôt classiques. Là aussi, les développeurs ont fait un excellent travail pour expliquer les mécaniques avec des infos qui s’affichent quand le joueur en a besoin, pas dans un gros pavé en début de jeu et ça suffit. Sans entrer dans les détails, le jeu au tour par tour reprend une forme assez classique avec des points d’action, de l’armure et des capacités spéciales déblocables avec l’expérience engrangée en jeu (il y a un arbre de compétences pour chaque personnage).

Ce que j’ai apprécié, c’est aussi la volonté de permettre au joueur de choisir son approche pour certains combats. Certes les choix ne sont pas pléthoriques, mais offrent au joueur la possibilité d’aborder le combat de façon différente. De plus, le jeu amène des mécaniques au fur et à mesure pour ne pas noyer le joueur en début de partie. Autant dire que les combats sont intéressants, et malgré leur apparente simplicité, peuvent vite tourner au jeu de massacre avec trop de confiance.

Graphiquement, Expeditions: Rome n’est pas un foudre de guerre, mais il tourne comme un charme. C’est agréable à jouer et à regarder. En sachant qu’il se joue en vue de dessus, la lisibilité est bien plus importante que la beauté visuelle. Détail appréciable, les équipements choisis par les joueurs sont directement visibles sur les personnages concernés. La musique n’est pas transcendante, mais est agréable. De plus, le jeu n’est trop gourmand et doit pouvoir tourner sur des machines assez modestes.

En conclusion, Expeditions : Rome est un jeu qui offre beaucoup de possibilités avec un gameplay suffisamment foisonnant pour ne pas se limiter à je passe d’un combat en tour par tour à l’autre. Pour qui cherche un jeu spectaculaire, le jeu n’est pas fait pour vous. Pour les autres, c’est un bon jeu qui a des qualités à faire valoir pour les amateurs du genre et même des profanes qui trouveront un exemple d’accessibilité. Une bonne pioche.

Genre : Tactical RPG Antique

Développeurs : Logic Artists

Editeurs : THQ Nordic

Prix : 44,99€

Plateformes : Steam

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.