Ancestors Legacy
Ancestors Legacy m’attirait autant qu’il m’inquiétait. Pensez, un jeu de stratégie basé sur des escouades (miam) mais produit par les développeurs à l’origine du (un tout petit peu) controversé Hatred, Destructive Creations. Les deux thèmes n’ont rien à voir, les genres non plus et c’est donc circonspect, malgré les évaluations positives, que je lançais le jeu.
Divisé en quatre grandes campagnes, elles-mêmes divisées en deux sous-campagnes de cinq missions chacune (pour autant de peuples jouables), le solo d’Ancestors Legacy dispose d’une durée de vie plus que conséquente et suit les événements historiques marquants des Vikings, Saxons et autres Chevaliers Teutoniques du début du premier millénaire. Un temps où les querelles se réglaient à l’amiable, comprendre à grands coups de haches, et où les paysans ne méritaient même pas le clic qui les gère. A la tête d’un ou plusieurs héros vous allez donc, pour chaque mini-campagne, dérouler un scénario aux multiples rebondissements à travers des missions variées et parfois bien ardues. Fait suffisamment rare pour être mentionné : on est devant un jeu de stratégie mais on n’a pas envie de zapper les cinématiques. Non pas qu’elles soient inoubliables techniquement, mais on se prend très vite à réviser l’histoire de ces temps obscurs. Un bon point donc et une première surprise.
Si la première campagne fait office de tutoriel en présentant le combat, l’économie et les différentes capacités des troupes, le joueur réalise très vite que pour venir à bout du titre il va falloir du temps et une attention de tous les instants. Parce qu’Ancestors Legacy est très exigeant et nécessite concentration et sens tactique. Heureusement pour nous, l’aspect gestion est simplifié au maximum et gérable en quelques clics grâce à une interface que j’oserai qualifier de parfaite. Vous disposez de plusieurs onglets pour la gestion des troupes, villages, avancées technologiques et autres pouvoirs. Inutile de centrer la carte sur votre camp pour construire une caserne, en un clic depuis l’onglet dédié ce sera fait. Chaque bâtiment a une place définie, le nombre de tours de défense est fixe, pour la récolte de ressources vous avez juste à cliquer pour envoyer des paysans au boulot. C’est clair, précis et ça permet de se concentrer sur ce qui importe : la baston.
Et à ce niveau, vous allez être servi. Non pas qu’Ancestors Legacy vous propose d’envoyer d’innombrables hordes de barbares envahir les villages environnants, bien au contraire. Vous êtes ici limités à 10 escouades, éventuels héros compris. C’est peu, très très peu, surtout quand vous devez prendre d’assaut une ville fortifiée. Surtout qu’en face l’IA ne se gêne pas pour vous submerger par le nombre. Le nombre d’unités différentes est aussi restreint : comptez une grosse dizaine, cavalerie et engins de siège compris. Cela pourrait sembler peu, surtout que ces unités sont communes à chaque faction, mais selon votre peuple elles disposeront de capacités spéciales. Les fantassins armés de boucliers pourront ainsi lever ces derniers pour se protéger, les lanciers former un mur défensif, les berserkers rentrer dans une rage sanguinaire… sans compter les nombreux héros qui pourront faire basculer un engagement. Peu de troupes différentes donc, mais une grande spécialisation qui nécessite de bien réfléchir à leur placement et à utiliser des techniques plus proches du wargame que du RTS.
Contournement, attaque de flanc ou à revers, recherche de position dominante, telles seront vos préoccupations à chaque combat. Et si toute cette gestion ne vous suffisait pas, sachez que chaque escouade gagne en expérience au fil des combats (permettant d’améliorer son attaque, défense ou déplacement) et qu’elle peut gagner jusqu’à deux niveaux d’armure. Sans surprise, une unité de vétérans bien protégée sera capable de mettre en pièces plusieurs escouades ennemies avant de succomber. Il vous faudra donc les choyer et surveiller les pertes qu’elles subissent pour ne pas les perdre inutilement.
Pour ce faire, deux possibilités : les mettre au repos (on voit alors les guerriers panser leurs plaies et se reposer, au prix d’une très grande vulnérabilité) ou les faire fuir, soit de quelques dizaines de mètres, soit vers la base la plus proche. Si vous pensez « Company of Heroes », vous avez tout bon, le principe de regarnir les rangs étant même repompé. C’est une excellente chose en soi et permet de minimiser les pertes, si tant est que vous êtes prudent et attentif. Les batailles se transforment donc en un ballet incessant, les troupes se repliant, manœuvrant et se foutant allègrement sur la tronche. Un pur régal, bien tendu quand il faut gérer en plus la défense des villages et continuer à produire.
Vous l’aurez compris, rien que le concept même d’Ancestors Legacy me suffit pour vous hurler de l’acheter, sans attendre les soldes. Mais ce qui enfonce le clou, c’est la réalisation. Là où d’autres se seraient contentés de graphismes corrects avec trois bonhommes clonés, ici chaque homme est unique, que ce soit par la tenue ou les animations. Les batailles, même entre deux escouades, sont un régal pour les yeux. Les hommes bénéficient d’un traitement individuel et vous n’en verrez pas deux faire la même chose au même moment. Ils se jettent sur leur adversaire, le repoussent, portent des coups d’estoc… C’est simple, on a l’impression de regarder les combats d’un film ou d’une série. Et le tout est servi par des graphismes splendides et un côté gore qui colle parfaitement. On est donc dans le AAA niveau réalisation, tout est fluide, détaillé et parfaitement animé.
Ancestors Legacy est donc une immense et heureuse surprise pour moi, parfait avec ses campagnes longues aux missions variées, fluide et superbe graphiquement (il suffit de voir ces villageois sortir des bâtiments en flammes quand vous incendiez leur village pour tomber sous le charme). Un quasi sans-fautes (j’ai eu un ou deux crashs, mais rien de grave), original non seulement pour la période traitée mais aussi pour son approche. Si vous aimez la tactique et les membres découpés à grands coups d’épée, foncez !
Genre : Tactique, stratégie
Développeur : Destructive Creations
Éditeur : 1C Entertainment
Date de parution : 22 mai 2018
Je confirme qu’il est très bon pour ce que j’en ai joué. Pour ma part le ballet nécessaire au boin soin de ses troupes n’est pas vraiment un point fort mais le jeu est bien fait, riche et intéressant. Bref je conseille aussi ^^