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Captain Marvel ou l’éloge du vide.

Quand je regarde un film Marvel, je sais à peu près à quoi m’attendre, mais j’ai toujours espoir d’être surpris. Thor Ragnarok est surprenant, par exemple. Infinity War est aussi surprenant dans le sens où il est aussi mauvais que le précédent alors que le premier Avengers est une réussite. Captain Marvel n’est pas surprenant, il n’a rien à dire, à raconter et ça se voit.

A partir de cet instant, je me suis interrogé sur le cheminement pour en arriver à ce film. Ceci est une fiction n’ayant aucun rapport avec la réalité (Dans le cas contraire, contacte-moi Disney, j’ai des idées !).

Réunion des producteurs pour Captain Marvel

Il y a quelques mois/années dans une salle de réunion chez Disney.

Producteur 1 : « Les scénaristes ont fini Avengers: Infinity War et ils ont besoin de mettre un nouveau super héros pour sauver la situation dans la deuxième partie. Une idée ?

Producteur 2 : Pourquoi ne pas faire avec ce que l’on a déjà ? Il n’y a pas assez de super héros disponibles ?

Producteur 3 : Les acteurs sont en fin de contrat et Robert Downey Jr nous coûte une blinde. Il faut du sang neuf et virer les autres.

Producteur 2 : J’ai entendu dire que certains voulaient avoir une carrière et des rôles intéressants.

(Fou rire général)

Producteur 1 : De toute façon, il nous faut un film entre les deux Avengers donc on prend quel super héros ?

Stagiaire qui entre dans la pièce : J’aime bien Captain Marvel.

Producteur 4 qui se réveille : Sers moi mon café et barre-toi !

Producteur 3 qui cherche Captain Marvel sur son téléphone : Le stagiaire a raison. C’est une femme, elle est forte et personne ne la connait.

Producteur 1 : avec #metoo, c’est parfait.

Producteur 5 : Maintenant, il nous faut un scénario.

(deuxième fou rire général)

Producteur 1 : Et pourquoi pas placer l’intrigue dans les années 90 avant tous les films ?

Producteur 2 : Super idée et en plus, on pourra blinder le film de références aux précédents. Plus besoin de scénario.

Producteur 6 : On embauche des scénaristes.

Producteur 2.5 : Karl et Francis, les deux stagiaires feront l’affaire ».

Producteur 1 : pour les acteurs ?

Producteur 2 : Qui a eu un oscar récemment ? Et il nous faut un acteur un peu connu qui n’est pas encore apparu dans les films.

Producteur 7 : Y a Brie Larson pour l’oscar. Et Jude Law est pas cher. Samuel L. Jackson qui accepte toujours de jouer Fury.

Producteur 9 : Je connais bien Annette Benning. Je lui passe un coup de fil pour qu’elle joue le mentor.

Tous en choeur : Sortons le chéquier, faisons un film à un milliard de recettes !

Réunion de scénaristes

Karl :  » Les producteurs nous ont demandé de faire le scénario du prochain Marvel. On a la pression.

Francis : Pourquoi ? On fait comme tous les autres, non ?

Karl : Ils font quoi les autres ?

Francis : Ils remplissent les trous dans le texte « scénario générique pour film Marvel » avec le nom des personnages.

Karl : Ah, d’accord !

Francis : Les producteurs ont Samuel L Jackson, l’acteur qui joue Coulson, Lee Pace et Djimon honsou, donc faut les placer dans le film.

Karl : Facile, on met les Kree contre les Skrulls. Le Captain Marvel botte le cul des Skrulls pour le compte des Kree et au milieu, on met plein de références aux films précédents. Les producteurs veulent que le film se passe dans les années 90 alors on ajoute des musiques d’époque un peu féministes pour #meetoo, deux trois enseignes et c’est bon.

Francis : J’aime bien les chats. On peut mettre un chat ?

Karl : Va pour le chat, mais on va le faire spécial et les gens aiment les chats.

Francis : Pour les autres personnages, on fait quoi ?

Karl : On s’en fout. Tu leur donnes trois lignes de dialogue, tu mets de l’action quand tu n’as plus rien à dire et ça passera tranquille.

Réunion de producteurs 2, le retour.

Producteur 1 : Vous avez lu le scénario de Karl et Francis ?

Producteur 3 : Il est sans intérêt.

Producteur 4 : Parfait, c’est ce qu’il nous faut.

Producteur 7 : J’ai eu tous les acteurs.

Producteur 8 : Ils ont lu le scénario ?

(Fou rire général)

Producteur 4 : Ils ont surtout lu le montant du chèque.

Stagiaire qui entre dans la pièce : Je vois que vous avez choisi Captain Marvel. Je suis votre source d’inspiration ? Je peux vous proposer un réalisateur ?

Producteur 9 : L’autre qui croit que l’on pique ses idées. On est des professionnels, on a tout prévu depuis dix ans. T’es viré !

Producteur 4 : Alors on choisit qui comme réalisateur ?

Producteur 5 : Il faut une femme.

Producteur 6 : Et pourquoi pas une femme et un homme. On fait dans la parité.

Producteur 7 : Plus qu’à trouver de bons réalisateurs.

(Fou rire général).

Producteur 3 : Anna Boden et Ryan Fleck sont disponibles. De toute façon, on fera tout le boulot comme d’hab.

Alors Captain Marvel, c’est bien ?

J’ai pris plus de plaisir à écrire cet article qu’à regarder le film. Dès le départ, le film tourne à vide parce qu’il n’a rien à dire. En fait, il ne sert à rien sauf à justifier la présence de Captain Marvel dans Avengers: Endgame.

Ces multiples références aux films précédents pour justifier son existence rendent le film insipide et encore plus creux. Brie Larson n’a rien à défendre et les autres encore moins. Si je devais sauver quelque chose, c’est le chat et deux scènes (le « dans ton cul » très bien placé et la scène où le personnage défonce les Kree).

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.