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Early Access: SpaceBourne 2

Un jeu dans lequel on explore une galaxie à bord d’un vaisseau en faisant piou-piou sur des pirates ? Où on descend à la surface de planètes pour y dégommer des méchants au fusil d’assaut ? Avec des guildes qui proposent des jobs de transporteur ou de chasseur de primes ?

Je vous vois venir, gardez vos sarcasmes, on a fait le tour des blagues sur Star Citizen et ça n’amuse plus personne depuis 2017. Et SpaceBourne, c’est un peu la version Wish de l’arnaque du projet de Chris Roberts.

Déjà, c’est un jeu développé par une personne toute seule. C’est donc moins étonnant qu’il passe par la case Early Access. Ensuite, c’est une expérience solo et non pas massivement multijoueurs. Il y a même un scénario, et c’est par là qu’on va commencer.

Après avoir créé notre personnage, son apparence (avec un moteur de création de visage très détaillé mais tout de même limité) et ses compétences (de pilotage, de combat, sociales, qu’on améliorera avec l’expérience comme dans tout bon RPG), voilà qu’on se fait engueuler au saut du lit.

Comme quoi on glande dans le bidonville alors que si on se sortait les doigts des dizaines de boulots nous attendent sur le Vieux Port, ah la la ces jeunes c’est vraiment des branleurs qui ne veulent plus travailler, le déclin de la civilisation, nous de notre temps…

On n’est pourtant pas autant à plaindre que les pauvres hères qui hantent ce caillou aride, puisqu’on possède carrément un vaisseau spatial. Notre tantine nous ordonne donc de traverser la rue pour trouver un travail de pilote, et sans même avoir bu un Benco, nous voilà partis dans l’immensité spatiale.

La navigation est plutôt bien faite, on sélectionne son objectif et on passe en mode hyperespace pour, si nécessaire, emprunter les portes entre les systèmes solaires.

En revanche la carte est un peu bordélique, avec ses centaines de systèmes, eux-mêmes chargés en planètes et autres stations orbitales. On va d’ailleurs régulièrement aller se promener à la surface de ces dernières, histoire de varier les plaisirs.

Visuellement bien pourvues en détails, les stations comme les villes se révèlent finalement être des coquilles vides avec une poignée de personnages avec lesquels interagir, et toujours suivant le scénario. On y trouve presque toujours les mêmes services et je n’ai pas trouvé d’intérêt à faire le touriste au hasard.

Assez vite, je me rends compte que le scénario est un gros tutoriel, qui nous fait découvrir les combats (spatiaux ou flingue à la main), avec parfois de bonnes idées, et aussi des moments plus oubliables. La qualité d’écriture n’est pas le point fort du jeu.

L’interface non plus ; si le pilotage est bien pensé, l’interaction avec les menus est un calvaire. On va trouver différentes pièces d’équipement, que ce soit pour son vaisseau ou pour son personnage lorsqu’il en sort, mais comprendre lesquels sont les plus intéressants demande de comparer bien trop d’informations mal présentées.

Les phases de combat en vue TPS sont poussives et bancales, même si certaines se déroulent dans des environnements assez sympas. En revanche, les combats spatiaux sont assez réussis, avec deux types d’armes, une qui épuise le bouclier ennemi et l’autre qui perfore la coque une fois ce dernier désactivé.

L’ambition de Space Bourne 2 est démesurée. Proposer un univers complet, rempli de planètes, de stations, de guildes qui proposent des contrats (mal expliqués et peu passionnants), des pirates, des factions, donne l’impression d’un monde vivant, mais qui se révèle finalement assez artificiel.

Le scénario a le cul entre deux chaises. Enfant d’un leader rebelle, on va traverser les galaxies pour réunir les anciens compagnons de papa pour reprendre la lutte. Les personnages sont oubliables, désagréables à écouter (j’y reviendrai), surtout que l’interface de dialogue est capable de faire naitre des envies de violence chez les plus pacifistes.

Après quelques heures de jeu, ce qui est peut-être un poil long, on découvre un aspect que je n’irais pas jusqu’à qualifier de gestion, mais l’objectif est tout de même de se construire son réseau de résistance et des partisans, ainsi que des stations spatiales.

Et à côté de ça, on se tape une intrigue déjà vue mille fois et des dialogues de très bas niveau qui ne donnent pas envie de s’intéresser aux personnages, pas aidés par une traduction approximative. Mais le pire reste les doublages réalisés par IA. Une torture pour les oreilles en plus d’être une insulte au métier d’acteur de doublage.

Evidemment qu’un développeur solo a des moyens limités, mais à ce compte là, plutôt ne rien mettre que de nous infliger ces voix d’IA. Ça dessert bien plus le rendu général que leur absence. Heureusement que tous les textes ne sont pas doublés.

SpaceBourne 2 tente de faire énormément de choses différentes et en même temps, ce qui explique cette impression générale de flottement et d’amateurisme. Le jeu n’est pas moche mais on voit bien qu’on est face à une superposition d’assets. Ça donne un aspect bricolé et (sans surprise) mal fini, avec des bugs réguliers dès qu’on pose les panards hors du vaisseau.

Les chantiers sont nombreux : offrir à l’interface la simplification en profondeur qu’elle nécessite, dynamiser les combats à pied qui gagneraient à avoir plus de punch, et donner un semblant de vie hors des chemins pavés en scénarium pour atténuer le côté artificiel qui complique l’immersion.

Les amateurs de pilotage spatial, de piou-pious dans les réacteurs de pirates, d’exploration de diverses planètes et autre customisation de son vaisseau au prix de nombreuses missions pour grinder de la thune apprécieront certains aspects de SpaceBourne 2, surtout au prix demandé pour un titre aussi ambitieux.

Pour ma part, j’ai oscillé pendant plusieurs heures entre le chaud et le froid, tour à tour impressionné par le résultat obtenu par une seule personne et atterré par certains choix ou rendus.

Je reprendrai un jour les commandes de mon nouveau vaisseau (j’ai dû en acheter un neuf pour faire plaisir au scénario), mais j’ai atteint les limites de ma tolérance envers son état actuel.

C’est une curiosité pour laquelle mon intérêt a décru au fil du temps passé en sa compagnie, mais il a quand même su réveiller en moi l’amour des jeux spatiaux ouverts à la Privateer (un de mes jeux doudou des années 90) ou Freelancer. Je vais même finir par lancer Elite Dangerous pour la première fois, et ce sera à cause de Space Bourne 2.

Genre : RPG / jeu de vaisseau spatial

Développeur indépendant : Burak Dabak

Plateforme : Steam

Prix : 19,50€

Non disponible en français

Date de sortie en Early Access : 17 février 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.